L'idée a de quoi séduire, proposer à ses salariés, femmes et hommes, le même congé postnatal. Précurseur en la matière, Laurent de la Clergerie, président fondateur du groupe LDLC, s'était déjà illustré avec la semaine de 4 jours. Depuis le 1er juin, ses collaborateurs peuvent aussi bénéficier d'un "congé parent" rémunéré.
Depuis le 1er juin, les salariés du Groupe LDLC, basé à Limonest, dans la métropole de Lyon, peuvent bénéficier d’un "congé parent" rémunéré à la suite des congés légaux de maternité ou paternité.
Un congé parent, quèsaco ?
La loi accorde dix semaines de congé postnatal aux mères et vingt-cinq jours aux pères. La mesure proposée par Laurent de la Clergerie octroie dix semaines supplémentaires rémunérées. "L'idée de base, explique le chef d'entreprise, c'était d'aligner les congés du père sur ceux de la mère après la naissance. Je me suis fait la réflexion que le premier enfant, c'était celui où on a le plus peur et que la durée de deux mois et demi, c'était un peu short. J'ai donc voulu allouer vingt semaines à la mère (comme ce qui est légalement prévu à partir du troisième enfant) et j'ai souhaité aligner le père sur cette durée."
Une façon d'assurer une équité dans les deux sens, souligne Laurent de la Clergerie. Les hommes bénéficient de la même durée de congés, mais également de la même césure dans leur carrière.
Pour les hommes, le dispositif est encore plus évident puisque ce sont seize semaines supplémentaires que l’entreprise offre aux jeunes papas. Pour les mères comme pour les pères, ce congé parent est rémunéré.
Pour l'instant, les premiers salariés concernés par cette mesure sont... en congé ! Il est donc un peu tôt pour faire le point sur cette initiative.
Ça a un coût, mais pour moi cela vaut le coup.
Laurent de la Clergerie, président fondateur du groupe LDLC
Comment ce congé est-il possible ?
L'entreprise LDLC, qui vend en ligne des équipements de haute technologie, comprend aujourd'hui 1100 salariés, dont la moyenne d'âge est de 35 ans. Le chef d'entreprise estime qu'il y aura entre 20 à 30 enfants par an. "Ça a un coût, mais pour moi ça vaut le coup, dit Laurent de la Clergerie. Je suis sûr que par rapport aux jours de congé que je donne, je n'aurai pas besoin d'en remplacer la totalité."
"Un ami canadien m'expliquait comment ça fonctionnait chez lui. Ils ont 50 semaines de congé qu'ils se partagent entre la mère et le père. J'ai voulu faire un système qui fonctionne de façon similaire. J'ai donc choisi de mettre 20 semaines à chacun (à la mère ou au père), cela faisait à peu près un équivalent."
Pour lui, en France, les congés maternité et paternité sont trop courts. Les parents doivent confier leur enfant alors qu’il n’a que deux mois et demi. Il estime que c’est une source d’inquiétude pour les jeunes parents. L'entrepreneur table sur un autre facteur, l'efficacité au travail d'un parent qui n'a pas le cerveau ailleurs. "Les pères et les mères, quand ils reviennent au travail et qu'ils gèrent un tout jeune enfant, qu'ils n'ont pas eu le temps de dormir, détaille-t-il, je ne suis pas certain qu'ils soient à 100% au boulot."
Le bien-être postnatal avant tout
Une maman prend 10 semaines juste après la naissance, le papa peut aussi prendre la semaine accordée par la loi après la naissance de l'enfant. Les semaines supplémentaires peuvent être prises en trois fois par bloc de quatre semaines au cours de l'année suivante.
"Dans l'entreprise, nous avons observé que, quand il y avait quatre semaines pour le père dont une semaine obligatoire, certains ne les prenaient pas et disaient : je vais bosser et tant pis pour mes semaines", explique-t-il. En revanche, sur 20 semaines, les salariés concernés ne se posent pas la question."
Je suis intimement convaincue du bien-être que ça va apporter aux salariés, notamment au moment du premier enfant.
Laurent de la Clergerie
Le chef d'entreprise, qui avait déjà en 2020 mis en place la semaine de 4 jours, reste persuadé du bien-fondé de ses nouvelles mesures. "Lorsque l'on regarde tout ce que l'on a pu mettre en place dans la boîte, je me rends bien compte que ce que l'on donne, on le récupère d'une façon ou d'une autre notamment par l'implication des salariés." Le patron de LDLC espère que cette démarche inspire d'autres entreprises. "C'est essentiel de rendre les choses plus équitables, surtout dans une période de la vie où ça va être important pour les parents et pour l'enfant, dans un monde où on est de plus en plus stressé", conclut-il.