Plusieurs victimes d'agressions sexuelles durant leur enfance dans la région lyonnaise, qui ont porté plainte contre un prêtre, ont décidé de "briser l'omerta" en créant une association, "La parole libérée", et un site internet.
"C'est un espace d'expression et de soutien aux victimes des actes de pédophilie qui se sont déroulés au sein du Groupe Saint Luc (groupe de scouts indépendants, ndlr ) de 1970 à 1991. Nous saisissons la morale, nous ne sommes pas la justice", a expliqué lors d'une conférence de presse François Devaux, 36 ans, président de l'association. Il s'exprimait mardi aux côtés d'autres victimes afin de "rompre l'omerta" qui "brise des familles".
"Il y a eu des similitudes dans ces agressions, c'étaient plutôt des garçons entre 9 et 11 ans, cela se passait au même endroit dans les camps d'été et chacun d'entre nous pensait être le seul à subir ces actes", a relaté Bertrand Virieux, membre de l'association.
Les accusations ont été jugées suffisamment sérieuses pour que le diocèse de Lyon sorte de son silence en octobre et prenne l'initiative, exceptionnelle, de rendre publique l'existence des plaintes déposées récemment contre le prêtre.
"Les faits impliquent un prêtre diocésain accusé d'agression sexuelle sur plusieurs personnes alors mineures", avait écrit le diocèse sur son site internet. Une enquête préliminaire pour "agression sexuelle" a été ouverte en juillet. Depuis, les victimes disent n'avoir eu aucune nouvelle des investigations. En octobre, une source judiciaire avait indiqué que certains faits pourraient être prescrits.
L'association publie sur son site des témoignages, ainsi qu'une "lettre d'aveux" du prêtre adressée au père d'une victime: "je n'ai jamais nié les faits qui me sont reprochés. Ils sont pour moi une blessure profonde dans mon coeur de prêtre", peut-on lire dans ce courrier manuscrit et signé.
Selon François Devaux, le religieux avait été écarté du camp de scouts après des faits commis en 1991. Mais pour être "seulement" déplacé dans le diocèse et se retrouver à Roanne (Loire) où il a été chargé par la suite de 15 lieux de culte et de cours de catéchisme à des enfants. "Nous avons fait notre catharsis depuis longtemps, on est juste des lanceurs d'alerte, on le fait pour l'enfance à venir", a ajouté Bertrand Virieux.
Le reportage
Intervenants
1 - Bertrand Virieux - Secrétaire de l'association "La Parole Libérée"
2 - François Devaux - Président de l'association "La Parole Libérée"