La Maison Balmont à Neuville-sur-Saône dans le Rhône, accueille des enfants placés. Ces lieux protégés leur offrent un cadre stable et sécurisant pour grandir. Néanmoins, cette mise en sécurité peut provoquer un sentiment d'isolement. Pour briser la glace avec le monde extérieur, ces enfants de 3 à 16 ans ont organisé un festival dans leur jardin.
Un chapiteau de cirque dans leur jardin, les enfants de la maison d'enfants de Balmont n'avaient jamais vu ça. Par un beau week-end de septembre, ce rêve s'est réalisé pour eux et ils en sont les premiers acteurs. Ils ont intégralement organisé le festival "les Nouveaux Héros" pour ouvrir leur monde sur l'extérieur. Régie principalement par une décision de justice, la vie des enfants placés ne ressemble pas à celles des autres enfants. Certains vivent en famille d'accueil, d'autres dans des maisons d'enfants, comme la maison Balmont.
Cela n'a l'air de rien, mais pour eux, il s'agit d'un projet en forme de bouffée d'oxygène. "Ce sont des enfants qui, dans leurs parcours de placement, sont peu amenés à choisir, à prendre des décisions sur ce qu'ils sont amenés à faire", explique Camille Benoist, chargée de communication chez Acloéa, la structure qui gère la Maison Balmont. Ce lieu accueille 37 enfants de 3 à 16 ans. "Le but, c'était de leur permettre de rêver et de choisir".
Bonheur et fierté
Le projet est une réussite totale. Près de 300 spectateurs sont venus profiter dès cinq heures de spectacle qu'ils ont mis sur pied. "On a travaillé un an pour accueillir autant de personnes ici et animer la maison Balmont. Tout le monde y a mis du sien, tout le monde attendait un beau résultat et c'est ce qu'on a aujourd'hui. Je suis vraiment très fier de moi et de l'équipe", se réjouit Y. (Son identité restera confidentielle pour des raisons de protection), 16 ans, qui a tenu le rôle de Monsieur Loyal pendant le spectacle.
Pour arriver à ce résultat, les enfants, encadrés par les adultes, n'ont pas chômé. Il a fallu définir le projet, trouver ses financements. "Je pensais que ça allait être difficile de trouver tout cet argent.", confesse L ((Son identité restera confidentielle pour des raisons de protection)). "Au final, on a eu beaucoup !", se réjouit la jeune fille de 13 ans. Au total, ils ont réussi à lever 30 000 euros de subvention et de dons de particuliers ou d'entreprises.
Pour convaincre les entreprises autour de chez eux de soutenir leur projet, ils sont allés jusqu'à créer une vidéo promotionnelle et faire du porte-à-porte. Une découverte de l'envers du décor de l'organisation d'un événement pour ces enfants.
Il fallait penser au moindre petit détail, même ceux auxquels les adultes ne pensent pas dans un premier temps. "Au début, les adultes ont oublié les toilettes ! On leur a dit "mais attendez ou les gens vont aller aux toilettes ?" Du coup, on a décidé de les mettre à côté du chapiteau.", s'amuse S, (Son identité restera confidentielle pour des raisons de protection) du haut de ses 11 ans.
Performer pour s'exprimer
"Je ne pensais pas qu'on allait y arriver comme ça. Je pensais que ça allait être moins bien, mais là, on est au maximum !", s'exclame J. (Son identité restera confidentielle pour des raisons de protection) Sur scène, le jeune homme de 11 ans a mis le feu avec ses interprétations de deux chansons de rap qu'il écrit lui-même. "Un jour, il est venu nous voir en disant qu'il avait écrit un rap et il voulait savoir si quelqu'un pouvait l'aider à composer la musique. Il a écrit ça tout seul en une soirée dans sa chambre et franchement, c'est très bon", s'exclame Camille Benoist, qui les a accompagnés tout au long du projet.
"Ce sont des enfants qui ont beaucoup de choses à exprimer grâce à leur parcours de vie", poursuit-elle, "le faire ainsi dans la chambre, c'est une chose, de le faire sur scène, c'est autre chose", poursuit-elle.
Cela leur paraissait impensable car habituellement c'est un lieu où il y a, évidement, un contrôle sur ceux qui viennent ou pas. C'est normal, c'est un lieu de protection.
Camille Benoist, salariée chez Acoléa
Ouvrir leur monde sur l'extérieur
Autre objectif, permettre à ces enfants d'ouvrir leur monde sur l'extérieur. "Le défi, c'était d'organiser cela dans un cadre protégé. Pour les enfants, c'est une immense fierté d'accueillir chez eux", explique Camille Benoist.
"Quand on travaillait pendant les réunions, ils disaient "vraiment, il y a des gens de l'extérieur qui vont venir ici ?" Cela leur paraissait impensable, car habituellement, c'est un lieu où il y a, évidemment, un contrôle sur ceux qui viennent ou pas. C'est normal, c'est un lieu de protection", poursuit-elle.
Avec leurs mots, ces enfants savourent cette nouvelle reconnaissance. "Les gens qui ne connaissaient pas le foyer Balmont, bah, ils se disent maintenant : les enfants habitent ici. Avant, ils ne savaient pas qui on était.", avoue J.(Son identité restera confidentielle pour des raisons de protection)
"Ils ont pu, pour une fois, inviter leurs copains chez eux. C'est quelque chose que n'importe quel enfant peut faire, inviter des amis chez lui. Là cela se concrétise pour eux", conclut Camille Benoist.
Suite au succès historique de cette journée, les habitants de la Maison Balmont de Neuville-sur-Saône ont promis de revenir l'année prochaine avec un nouveau projet.