Une fois par mois, le Secours populaire offre une visite médicale aux mineurs non accompagnés (MNA) qui viennent d'arriver à Lyon. Un moyen de diagnostiquer leurs besoins de santé pour les rediriger, et d'identifier les violences subies sur la route de l'exil.
"Tu as des cicatrices. Qu'est-ce que c'est ? Ce sont des coups ? C'est en Lybie ?". Le jeune acquiesce. Des années que Gilbert Souweine examine des mineurs non accompagnés (MNA). Pourtant, entre deux consultations, le médecin retraité confie : "Il m'arrive encore d'être bouleversé par ce que j'entends".
Jeudi 7 novembre. Comme chaque premier jeudi du mois, des médecins et d'autres bénévoles du Secours populaire de Lyon reçoivent des jeunes exilés pour une visite médicale.
Nouveaux arrivants à Lyon
Ceux que l'on retrouve sur place viennent d'arriver à Lyon. Ils déclarent être mineurs et sont dans l'attente d'une prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE).
Certains attendent que les services départementaux reconnaissent leur minorité. D'autres ont essuyé un refus. Les autorités les ont déterminés majeurs. Ceux-là sont "en situation de recours". Ils attendent un deuxième avis du juge des enfants.
Pendant cette période de transition, ces jeunes ne sont pas hébergés. Beaucoup dorment dehors sous des tentes, dans des campements urbains. Et tous ont besoin d'être examinés par un médecin.
Un premier diagnostic
C'est là que le Secours populaire intervient. Prescription de prise de sang, de vaccins, de dépistage des Infections sexuellement transmissibles (IST) ou autres maladies contagieuses...
Les besoins médicaux de chaque jeune sont repérés et annotés dans leurs dossiers pour les orienter au mieux vers d'autres professionnels de santé.
“Vous gardez tous votre fiche et vous la donnez à tous les docteurs que vous voyez”, répète d'ailleurs une bénévole au sein de cette salle de classe, transformée en salle d'attente médicale pour la journée.
Un gain de temps considérable selon Dominique Bartnig, responsable de la "permanence mineurs isolés" au Secours Populaire 69. "Avant, ils s'adressaient à de multiples personnes, ce qui multipliait les examens pour rien et on n’était pas au courant de tout".
Dispositif rare
Ces consultations exigent une approche adaptée. Gilbert Souweine raconte que les mineurs reculent parfois devant son stéthoscope. Pour cause, "la plupart n'ont jamais vu de docteur de leur vie" témoigne sa consœur Nicole Smolski.
Certains viennent d'arriver. Ils n'ont pas été soignés sur la route et n'ont connu que la médecine traditionnelle au pays. Mais d'autres sont en France depuis un an, et n'ont pas encore été examinés pour autant.
La France ne répond donc pas toujours à leurs besoins de santé, selon Nicole Smolski. En ce sens, la visite médicale du Secours populaire du Rhône est exceptionnelle. "Ce qu’on fait ici à Lyon, il n'y a pas beaucoup d’endroits où c’est fait."