VIDEO. Le dernier café près du cimetière de la Guillotière ferme ses portes à Lyon, 28 ans de rencontres racontées par la patronne

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Clap de fin pour le "Sans Chiquet" dans le quartier de la Guillotière ©France tv

Près du cimetière de la Guillotière, Christine fermera définitivement son bistrot le 27 janvier prochain. Ses clients sont résignés... Un petit établissement "sans chichi" qu'elle tenait depuis 28 ans.

Les jours du "Sans Chiquet" sont comptés. Sa propriétaire se prépare à raccrocher. Vendredi 27 janvier, le petit bistrot de l'avenue Berthelot, qui a vu le quartier se transformer, aura définitivement fermé ses portes après plusieurs décennies d'activité. Un pot d'adieu avec les clients les plus fidèles et ensuite rideau. A quelques centaines de mètres du cimetière de la Guillotière, c'était une petite institution dans le quartier.

Ce métier, je l'ai adoré. En 28 ans, pas un matin je ne suis levée sans être heureuse d'aller au travail. Peu de gens peuvent le dire (...). On voit de tout, c'est un joli théâtre, je ne me suis jamais ennuyée.

Christine Marvillet

Propriétaire du Sans Chiquet

Ambiance familiale

Dans la salle, la décoration est minimaliste, presque inexistante. Seuls quelques miroirs au mur. Sur le comptoir, des bouquets de fleurs, des témoignages d'amitié de fidèles clients. Près des bouteilles, de petits souvenirs comme la tirelire de la fille de Christine. Lorsqu'elle était enfant, les clients y déposaient des pourboires. L'atmosphère est ascétique mais c'est suffisant pour Eric, un habitant du quartier. Il vient prendre son petit café chaque matin, lire les titres du Progrès depuis une quinzaine d'années et tailler une bavette avec la patronne. "C'est un petit café calme, on est tranquille. C'est juste à côté de la maison".  Richard aussi, un autre habitué, apprécie l'ambiance "familiale".

La fermeture prochaine le rend un peu amer. "Ça m'énerve, on va encore avoir des pompes funèbres, et plus de café, il faudra aller à l'angle mais l'ambiance est pas la même. Ici, c'est un petit café de village, de petit pays, alors qu'on et en plein Lyon". La fermeture, pour Eric, "c'est une page qui se tourne". "C'est la vie. ça fait de la peine mais c'est comme ça", explique-t-il avec un brin de résignation dans la voix.

Un café dans son jus

Avec son mari, Christine avait repris le "Sans Chiquet" voilà 28 ans, sa fille n'était pas encore née. Aujourd'hui elle ferme, un peu fataliste, mais surtout avec un pincement au coeur pour ses clients les plus âgés, qui ne peuvent pas beaucoup se déplacer.

Lorsque le couple a repris le café, c'est son côté "sans chichis" et sans fioritures qui les a séduits. D'ailleurs ils n'ont ni voulu le débaptiser, ni le transformer.

A deux pas du cimetière et proche du centre funéraire, le troquet était également un lieu particulier pour de nombreux clients de passage. "Beaucoup de familles à l'issue des funérailles viennent prendre un petit pot de l'amitié pour ne pas se quitter brusquement à l'issue de la cérémonie", explique Christine qui a du mal à parler au passé. "Je n'ai encore pas réalisé que j'allais quitter le navire", confie-t-elle.

Mutations

Si le café est resté dans son jus, Christine a vu les alentours se transformer, le tramway s'installer devant le pas de porte. Un quartier ouvrier en mutation où les bâtiments ont poussé comme des champignons.

Christine Marvillet va céder son établissement à une entreprise du funéraire qui lui a fait une offre alléchante. Elle a profité de l'aubaine. Il faut dire que son activité périclitait dans le quartier. Une forte baisse de la fréquentation ces dernières années, des habitudes qui changent, un quartier qui se transforme en "cité dortoir" ... autant de raisons qui ont poussé la patronne a accepté la proposition. Car elle ne le cache pas cette baisse de fréquentation a été aussi amplifiée par la crise Covid et les confinements. 

Il vaut mieux être lucide et partir avant que le bateau prenne l'eau. (...) Une entreprise est passée et m'a fait une proposition. Je voyais que le chiffre d'affaires continuait de descendre, entre temps, le Covid est passé (...) Je n'ai encore pas réalisé que j'allais quitter le navire.

Christien Marvillet

Patronne du Sans Chiquet

"Par rapport à ce qu'il était, le quartier on ne le reconnaît pas. Il y avait énormément de petites entreprises, on les a fait partir en périphérie, les unes après les autres. Des cités dortoirs ont pris leur place. Il n'y a pas de vie", déplore Christine. Sa clientèle n'est plus la même non plus. "Avant il y avait une grosse entreprise. J'avais les gars du chantier qui arrivaient à 6h30. Après, les gars de l'atelier. A 9h, les gens des bureaux. Il y avait sans arrêt de la clientèle, qui allait, qui venait. On était occupé du matin au soir. Ce n'est plus du tout le cas". 

Christine ne va pas prendre sa retraite dans l'immédiat. Pas question de reprendre un bar ailleurs. Elle va également se séparer de sa licence IV. Elle a même mis en vente à prix symboliques les petits vestiges de la vie du café. 

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