Exaspérés par la dernière fusillade qui avait fait 5 blessés le 6 juin 2020, des habitants du Tonkin à Villeurbanne, ont décidé de monter un collectif. Trois semaines plus tard, un pique-nique ouvert à tous, était organisé afin de "réfléchir ensemble" à des solutions, pour un quartier paisible.
Vendredi 26 juin 2020, le collectif Tonkin Pai(x)-sible a lancé sa première invitation à tous les habitants de ce quartier de Villeurbanne. Rendez-vous était donné sur la pelouse du Parc de l'Europe, pour un pique-nique. Tranquille, Au calme.
Le calme, c'est ce qui fait de plus en plus défaut selon les membres du collectif. Ils sont une trentaine de membres, et espéraient en rallier de nouveaux à travers cette soirée.
"Réfléchir ensemble, ne pas rester seul avec son exaspération et sa colère..."
Se rassembler, pour échanger des idées, posément. C'est le but recherché du collectif qui espère aussi "montrer à tous les habitants du quartier du Tonkin, quels qu'ils soient, que l'immense majorité ont envie d'y vivre en paix", précise Sylvie.
Sylvie habite le Tonkin, est l'une des membres à l'origine du collectif. Trente ans qu'elle habite dans ce "quartier bourré d'atouts", ce "village sympathique où tout est fait pour se rencontrer". Mais entre les hurlements, les pétards, les rodéos, et désormais les fusillades, difficile d'y dormir tranquille.
Faudra attendre combien de balles perdues pour que les pouvoirs publics réagissent ? Le soir de la fusillade, il y avait deux enfants qui jouaient dans une allée qui fait à peine deux mètres de large. Si les tireurs étaient arrivés vingt minutes plus tôt, c'était le drame. Le collectif est né le lendemain, parce que l'on s'est dit que ce n'était plus possible, qu'il fallait faire quelque chose.
Comme un sentiment d'abandon de la part des autorités
"C'est une minorité qui s'approprie un espace public qui appartient à tout le monde", poursuit Sylvie. Des propos confirmés par d'autres habitants du quartier, qui n'osent plus témoigner à visage découvert. Un homme confie résider dans un immeuble où les dealers stationnent.
Ils salissent, cassent les portes, laissent leurs excréments dans les escaliers... Malpropreté, gêne sonore... Et, on est obligé de vivre avec. Cela fait 25 ans que j'habite le Tonkin, j'aime ce quartier. C'était paisble avant, maintenant ça se dégrade très fort. C'est quotidien, sans arrêt.
Le collectif Tonkin Pai(x)-sible ne veut entrer en guerre avec personne. Mais après des courriers au maire ou des appels à la police restés sans réponse convaincante, ces habitants attendent une réaction forte. "On demande aux pouvoirs publics d'être présents, une présence effective, efficace et visible. Ce sont elles qui doivent prendre en charge la prévention, la médiation et la sécurité. Il faut que l'on voit les médiateurs, les forces de l'ordre, qu'ils soient visibles" conclut Sylvie.
Ce premier rendez-vous entre habitants du Tonkin est un succès selon les organisateurs. Plus d'une centaine de personnes se sont ainsi retrouvées, et beaucoup d'entre elles sont venues en famille. Le collectif en a également profité pour lancer une pétition qui sera adressée au maire de Villeurbanne et au président de la Métropole de Lyon.