Le musée de l'imprimerie et de la communication graphique de Lyon accueille une exposition autour du vinyle jusqu'au 21 février 2021. Un hommage à un objet devenu culte et artistique.
Pour le plaisir des oreilles, et des yeux. Le vinyle, symbole mythique des sixties, est à l'honneur au musée de l'imprimerie et de la communication graphique de Lyon, jusqu'au 21 février 2021.
Des sillons sur un "biscuit"
L'exposition fait le tour du vinyle, à commencer par sa fabrication. Le support en plastique thermo formable apparu dans les années 40, consiste en un "biscuit", échantillon de plastique fondu sur lequel une presse vient graver les sillons, qu'un tour de magie (un diamant) transformera en musique. L'exposition explore également les déclinaisons nouvelles permises par ce support, comme les travaux de Magma Studio, un groupe de designers qui s'amuse à imprimer des images sur des vinyles, qui s'animent quand ils tournent, apportant une touche artistique supplémentaire à l'esthétique du 33 tours.Bien plus qu'un support
Mais le vinyle, c'est aussi -surtout- un objet précieux empli de nostalgie et de charme, qui retrouve une place de choix dans les discothèques, après avoir pratiquement disparu dans les années 90. Joseph Belletante, directeur du musée, rappelle : "cela reste le meilleur moyen d'écouter de la musique, au niveau qualité et texture. Aujourd'hui les ventes de vinyles aux Etats-Unis dépassent celles du CD ! Aux Etats-Unis c'est le cas depuis cette année, donc en France ce sera [probablement] le cas l'année prochaine." 8.6 millions de vinyles ont ainsi été vendus aux USA en 2019 (dont 40% de disques de rock). 3.5 millions de vinyles ont été vendus en France en 2018. C'est que le vinyle a acquis un statut particulier, à l'heure de la musique dématérialisée. Il représente un support, que l'on peut toucher, apprécier, exposer. Des disques, et surtout leurs pochettes, sont ainsi devenus des objets artistiques à part entière.La pochette, cet objet d'art
C'est le jeune directeur artistique de Columbia Records, Alex Steinweiss, qui lance l'idée de créer une pochette originale pour accompagner le disque. En 1939, il dessine plusieurs pochettes, en lieu et place des emballages en papiers. Un coup de génie, qui se traduit par une explosion des ventes de la maison de disques. Il crée notamment la pochette du concerto N° 5 de Beethoven, Emperor : un piano duquel jaillissent des rayons de couleurs sur un fond noir. Une pochette qui en inspirera une autre, en 1973 : la -célèbre- pochette de l'album The dark side of the moon des Pink Floyd, montre un triangle ésotérique qui semble refléter la lumière, et renvoie les mêmes rayons de couleurs.Le monde de la pochette tient ses propres références, et chaque label tente de se distinguer par sa touche artistique propre, de la photographie au dessin notamment.
Ces collections pléthoriques
Le vinyle est aussi affaire de collectionneurs, dont l'exposition nous livre quelques portraits. Des personnes privées, mais aussi des institutions détiennent des centaines de milliers de vinyles plus ou moins rares. On apprend que la bibliothèque municipale de Lyon conserve environ 100 000 disques consultables sur place, et qu'une grande partie de sa collection est issue d'une donation de France 3, qui les utilisait pour les habillages sonores de ses productions, notamment des compilations de samples et de bruitages qui font le bonheur des DJ electros contemporains.Dans les allées, les visiteurs qui découvrent ces secrets sont souvent, eux-mêmes, collectionneurs. L'un d'eux se confie, comme pour conclure : "il y a d'abord la pochette, avec laquelle on commence à voyager, et puis il y a le disque, un très bel objet, et enfin il y a la musique, d'une excellente qualité, avec son grain au charme si particulier."
Exposition "Vinylesmania" au musée de l'imprimerie et de la communication graphique de Lyon, jusqu'au 21 février 2021.