Après Sainte-Soline puis de nouveaux heurts lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, des rassemblements contre les violences policières sont prévus ce jeudi 30 mars dans toute la France. La préfète de la région Auvergne Rhône-Alpes a accepté de répondre à nos questions sur le maintien de l'ordre.
Plusieurs groupes d'activistes et organisations appellent à manifester contre les violences policières, ce jeudi 30 mars 2023, devant les préfectures de France. Invitée par France 3, la préfète de la région Auvergne Rhône Alpes, Fabienne Buccio, répond à nos questions sur ce sujet.
Nouveaux heurts à Lyon le 28 mars
Aucun blessé grave n'a été signalé (à ce stade), côté manifestants, lors de la dernière manifestation du mardi 28 mars. Quels étaient les ordres ? Contenir, mais sans intervenir ?
Fabienne Buccio, préfète du Rhône : il y a eu 35 blessés côté policiers. S'il n'y a pas eu de blessé côté manifestants, c'est grâce à une réaction proportionnée. Les policiers s'adaptent aux situations, et nous réagissons de façon proportionnée par rapport à ce que nous subissons.
On reproche souvent à la police de ne pas faire de distinction entre manifestants, et de tirer sans discrimination...
J'entends que les manifestants ordinaires aient cette impression, quand les casseurs, qui sont 1000, se mélangent à eux. Mais vous avez vu qu'on a utilisé les canons à eau, un dispositif assez dissuasif, pour agir de façon la plus souple possible, et que nous n'avons pas fait usage de LBD, bien qu'ils restent à disposition des policiers s'ils se sentent directement agressés.
Combien de policiers étaient mobilisés lors de la dernière manifestation ?
Je ne donnerai pas le nombre de policiers pour des raisons de sécurité.
Les syndicats regrettent régulièrement que la rue de la Barre, située sur le parcours de la manifestation à Lyon soit fermée. Pour quelles raisons est-elle barrée ?
Cela fait plusieurs années que c'est le cas lors des manifestations. C'est parce que la rue est plus étroite, et qu'il y a de grands magasins de chaque côté. En passant dans cette rue, on mettrait les magasins et les policiers en danger. On préfère emmener les manifestants sur les quais, là où il y a moins de risques.
Manifestant atteint par un "projectile"
France 3 a recueilli le témoignage d'un étudiant qui s'est vu prescrire 10 jours d'ITT après avoir été touché en plein visage par un projectile qu'il assimile à un éclat de grenade de police. Le jeune homme a failli perdre son œil. Quelle est votre réaction ?
Il y a toujours des projectiles, on le regrette, dans ces manifestations. Des manifestants ont d'ailleurs eux-mêmes reçu des pavés. C'est toujours triste que des manifestations ne se déroulent pas dans de bonnes conditions, mais ce ne sont ni les policiers ni les gendarmes qui posent problème dans les manifestations.
Mais recevoir une grenade sur le visage, ce n'est pas rien !
D'abord on ne sait pas si ce jeune a reçu une grenade : il a reçu un projectile. Je suis prudente. Par ailleurs, quand on utilise les grenades, ce n'est pas par plaisir, c'est parce qu'on estime que ce sera plus dangereux si on n'intervient pas. Il y a d'abord le lanceur d'eau, et des moyens gradués qu'on sollicite de façon parcimonieuse et adaptée.
Black blocs
Comment on gère ce millier de black blocs ?
On dispose de renseignements, mais on ne sait jamais combien ils seront précisément. On travaille avec les intersyndicales, qui assurent avec nous la sécurité des manifestants, et on leur signale quand nous allons intervenir, pour que les manifestants pacifiques puissent se retirer. Mais il arrive qu’il y ait des manifestants ordinaires au milieu.