Violences sur des élus et attaques des mairies : "on prend l'individualisme et l'impatience en pleine gueule"

Un peu partout en France, les citoyens étaient appelés à se rassembler devant les mairies. Une "mobilisation pour le retour à une paix civile". Après la violente attaque au domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), d'autres maires ont été visés. L'un d'eux, à Grigny, dans le Rhône, témoigne.

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Xavier Odo est encore sous le choc. Lors des dernières scènes de violences urbaines, sa maison n'a pas été prise pour cible, mais l'une des portes d'entrée de la mairie (qui date du XVIII) a été entièrement brûlée. Symboliquement, le maire de Grigny a installé, juste devant, un pupitre. Ce lundi 3 juillet, des rassemblements étaient organisés un peu partout en France, en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses. Au sud de Lyon, devant sa mairie, Xavier Odo a remercié les personnes qui ont répondu à l'appel. Une centaine environ, d'après notre équipe sur place.

Un appel à "une mobilisation civique"

L'Association des Maires de France avait appelé à un rassemblement devant les mairies, à midi précise. Élus, citoyens ou agents des services publics se sont retrouvés afin de témoigner leur soutien aux maires de leurs communes. Depuis les actes particulièrement violents de ces derniers jours qui ont visé des maires, il fallait réagir. Xavier Odo, maire de Grigny, dans le Rhône, a lui-même été victime de violences. "Nous sommes des élus de terrain, nous devons être en proximité, mais sans être en danger" estime-t-il.

C'est important d'être réunis. Rien ne justifie de tels actes. Dès que l'on est sur le terrain, la violence peut être un acte facile pour ceux qui ne sont pas d'accord, quand les mots ne suffisent pas.

Xavier Odo, maire (LR) de Grigny, dans le Rhône

Dans cette commune, au sud de Lyon, rien ne laissait imaginer de tels débordements. Voitures incendiées, abribus dégradés, magasins attaqués,.. Ce midi, le maire salue cette mobilisation devant la mairie, il en profite pour remercier les forces de l'ordre, les pompiers et le personnel municipal. "Ils sont venus réparer ce qu'ils pouvaient de la porte", il ajoute : "l'unité est forte entre les citoyens et les agents du service public".

Il y a quelques mois, le maire avait été pris à partie. Sa maison et sa voiture avaient été taguées, avec des menaces de mort. Il avait même été frappé par un individu qui trouvait que "les choses n'allaient pas assez vite pour lui".

"On prend l'individualisme et l'impatience en pleine gueule"

Confronté à plusieurs scènes de violence, il avait accepté de suivre une formation pour appréhender ces débordements, comme certains enseignants. "Pardonnez-moi l'expression, mais on prend l'individualisme et l'impatience en pleine gueule". Lors de ces séances, on leur apprend à prendre de la distance avec les événements. À accepter et à "laisser passer le temps", "à sortir de l'émotion, pour retrouver la raison".

Mais, en ce jour de mobilisation citoyenne, il espère retrouver du sens.

L'unité nationale a du sens, la République s'est construite autour de cela. On partage des valeurs communes, comme le respect et le vivre ensemble.

Xavier Odo, maire (LR) de Grigny, dans le Rhône

Il insiste sur les conséquences des actes commis dans sa commune, comme dans les autres. "Ce sont les parents, les grands-parents qui sont touchés", rappelle-t-il. Dans ce contexte particulier, "les maires sont en première ligne, il fallait marquer cette solidarité".

Il a tenu à remercier les agents municipaux, les secours et les forces de l'ordre. Pas de "bavure" sur sa commune. Quelques dégâts, et une population désemparée et inquiète.

Hugo n'a que 17 ans. Il était présent au rassemblement. Il est venu "soutenir sa commune, et son maire" dit-il. Il espère, lui aussi, à sa façon, créer un climat d'apaisement "pour que la société fonctionne".

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