Le retour de la canicule draine de nombreuses personnes vers les points de baignade en France comme en Suisse. Et entre les deux pays, la réglementation varie : la baignade dans le Rhône, interdite dans la plupart des communes françaises, est autorisée de longue date de l'autre côté de la frontière.
Piquer une tête dans le Rhône pour se rafraîchir ? L'idée ne fait pas rêver tous les Rhônalpins. En France, l'accès au fleuve est strictement réglementé, la baignade déconseillée voire même interdite dans certaines communes. Et les accidents fréquents ne font que renforcer l'image dangereuse que les baigneurs peuvent avoir du fleuve.
Des a priori qui disparaissent une fois la frontière suisse dépassée. Juste en aval du centre-ville de Genève, des centaines de personnes profitent chaque jour des eaux du fleuve. "C'est le plus grand bassin de décantation qu'on puisse imaginer. L'eau est transparente, c'est la plus belle qu'on puisse rêver d'avoir", commente une baigneuse. C'est ici, tout près de la métropole suisse, que l'eau du Léman redevient Rhône.
Plongeon, salto : malgré quelques interdits, s'immerger dans les eaux du fleuve est autorisé depuis des dizaines d'années. C'est pourquoi les autorités suisses auraient bien du mal à faire marche-arrière. "Il n'est plus question d'autoriser ou d'interdire la baignade. Des centaines de personnes viennent ici chaque jour durant l'été, c'est à nous de nous adapter", estimait Luc Barthassat, conseiller d'Etat auprès de la RTS en 2017.
Alors pour limiter les risques liés à la baignade en eaux vives, de nombreuses mesures de sécurité ont été mises en place. Îlots de sauvetage au milieu du fleuve, bouées sur les berges, sans oublier la brigade qui patrouille chaque jour pour anticiper les accidents. "Le Rhône est dangereux si vous vous y risquez sans précautions, comme une piste noire peut être dangereuse pour celui qui ne sait pas skier", commentent les sergents Yann Weber et Stéphane Chuat du Service d'incendie et de secours à La Tribune de Genève.
Un fleuve semé d'embûches
Et pour informer les baigneurs sur les risques, des panneaux ont été installés çà et là sur les berges du fleuve. "Nager dans le Rhône, un jeu dangereux", peut-on lire sur ces pancartes qui dressent une liste de recommandations : ne pas se baigner en ayant bu de l'alcool, se plonger progressivement dans l'eau, ne pas plonger... Des conseils qui n'empêchent pas les drames de se produire. En juin 2018, un jeune touriste colombien a perdu la vie près du pont Sous-Terre. Et chaque saison, les autorités suisses sont appelées plusieurs dizaines de fois pour des personnes en danger dans le fleuve.
Mais des accidents, il y en a aussi côté français. Plusieurs noyades sont à déplorer chaque saison, malgré les interdictions prises dans les communes. A Lyon notamment, la baignade est prohibée dans le Rhône et la Saône à cause de multiples dangers : carcasses de voitures, branchages, courants, sans compter les nombreux bateaux qui naviguent sur le fleuve, rendant les baigneurs vulnérables.
Si le danger varie peu d'une commune à l'autre, c'est bien aux municipalités de réglementer les autorisations de baignade. "S'il y a un danger, particulier, important, touchant à plusieurs communes, la préfecture peut prendre un arrêté d’interdiction de baignade temporaire et géographiquement localisé en liaison avec les autorités communales concernées", rappelle la préfecture du Rhône auprès du Progrès. Des interdits souvent bravés par les baigneurs, parfois au péril de leur vie.