Le pouvoir d'achat est au cœur de cette campagne présidentielle. Concernant le carburant, les idées jaillissent. De la petite commune au plus haut sommet de l'Etat, à la pompe à essence, qui fixe les prix et comment ?
Le montant est affiché en chiffres rouges scintillants : 1€679 le litre de SP95-E10. Aujourd'hui. Mais demain ?
Dès le début de la campagne de l’élection présidentielle, le pouvoir d’achat s’est invité dans les discussions. La hausse du prix des carburants en écho à la guerre en Ukraine a cristallisé toutes les inquiétudes des Français dépendant de leur automobile pour aller travailler. Des aides d'état aux aides de proximité, comment la politique (les politiques) nous accompagne(nt) au quotidien.
Dans sa commune de 10 000 habitants, Eric Berlivet, le maire de Roche La Molière (Loire) a fait voter une "aide carburant" pour ses administrés. Sous certaines conditions, un chèque de 50 €/mois peut-être dépensé au supermarché du coin. Les deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle ont chacun leurs visions des aides que l'état peut apporter aux citoyens.
Taxes ? Prix de l'essence ? Qui décide quoi ?
Le prix des carburants se divise en quatre grands groupes. Selon l'Union française des Industries Pétrolières (UFIP) le premier critère c'est le coût du baril de pétrole : il varie au quotidien, en fonction de l'offre et de la demande au niveau mondial. Il faut ensuite l'acheminer puis le transformer. Puis, pour que le carburant arrive à votre station il faudra rémunérer le distributeur. Et, enfin : les taxes. Elles sont décidées par l'état.
D'abord la T.V.A., elle est de 20% sur les produits pétroliers. Et la fameuse T.I.C.P.E. pour Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques. Elle représente environ 40% du prix payé à la pompe. Des taxes décidées par le gouvernement puis votées par le parlement ou revues par décret.
Mais, à leur niveau, certaines communes franchissent le pas, elles ne sont pas nombreuses en France. Trop de contraintes administratives, risque d'illégalités, pas dans leurs compétences. Pourtant certaines collectivités ont opté pour la régie en direct, avec une station essence "municipalisée" et en proposant des tarifs à prix coutant. D'autres vont plus loin, comme dans la Loire : "C'est chirurgical"... Le maire de Roche La Molière, Eric Berlivet (DVD), est catégorique, l'aide votée par sa commune est complémentaire de celle que l'état propose.
On est au bout de la chaîne. Nous, on voit nos électeurs"
Le maire de Roche La Molière (Loire)
Son idée : une aide carburant à dépenser au supermarché du coin "là où il y a un agent pour recevoir les clients et valider le chèque". Sous conditions d'habiter la commune, de travailler (ou être en stage/formation) à au moins 15 km sans transports en commun, et être sous des barèmes de revenus (1500€ net/mois). "C'est un coup de pouce, nous l'avions déjà lancé en 2018, une trentaine de personne en avait bénéficié à l'époque. Comme cela avait bien marché, on a reconduit le dispositif, compte tenu du contexte actuel."
Et quand on lui pose la question, le maire répond sans équivoque : "ces aides sont complémentaires, elles viennent au bout de la chaîne des décisions d'état, nous n'avons pas vocation à le remplacer. Nous devons répondre, au plus près, au besoin de nos administrés...certaines personnes risquent de perdre leur emploi si elles ne peuvent se déplacer, nous aurions alors l'obligation de compenser cela par des aides sociales peut- être plus couteuses".
Aujourd'hui, une douzaine de dossiers ont été validés. La caisse communale d'actions sociales (C.C.A.S.) a été dotée d'une enveloppe de 15 000€ pour ce plan d'action.
Il ne s'agit pas d'aides pérennes, elles devraient s'arrêter fin 2022.
Que propose l'État ?... une aide 15 cents par litre
Le décret 2022-423 du 25 mars 2022 relatif à l'aide exceptionnelle pour le carburant fixe les règles mises en place depuis le 1er avril dernier. 15cts d'€/litre de carburant de moins (en hors taxes, soit 18 cts sur le continent). Une aide prévue pour durer jusqu'au 31 juillet prochain. Sur le site officiel de l'administration française, elle pourrait permettre d'économiser jusqu'à 9€ pour un plein de 50 litres.
Pas suffisant pour la candidate du Rassemblement National. Marine Le Pen préfèrerait une baisse de la T.V.A. de 20 à 5,5% sur une centaine de produits de première nécessité, dont les carburants. Selon Michèle Morel, sa représentante dans le département du Rhône :"le financement de cette mesure se trouvera notamment dans les économies que l'on pourra faire sur la lutte contre la fraude, les dotations immigration ou un fond d'investissement qui sera proposé au Français".
Du côté de La République En Marche, le candidat Emmanuel Macron annonce la prolongation (au-delà du 31 juillet prochain) de l'aide exceptionnelle d'état accordée récemment: "tant que les prix flambent, il faut continuer à protéger les Français". Il propose un "leasing social" : une aide à l'acquisition de véhicules électriques pour les ménages les plus modestes, avec une location à moins de 100€/mois, en plus des primes à la conversion.
Selon les derniers relevés de cotation, le baril de brut est en légère baisse, il flirt tout de même avec les 100€. Il représente près de la moitié du prix du litre d'essence payé à la pompe. Le site prix des carburants.gouv.fr vous permettra de suivre, au jour le jour, l'évolue des prix de votre station, au plus près de chez vous, avec une fonction de géolocalisation intégrée au site.