A Saint-Martin-en-Haut, sur les hauteurs des Monts du Lyonnais, parents et enseignants s'activent pour rénover une vieille bâtisse du XIIe siècle. Dans quelques mois, une école en pleine forêt doit y voir le jour.
Le saviez-vous ? Pour être enseignant, il faut parfois savoir manier la truelle ! Dans une vieille demeure perchée sur les Monts du Lyonnais, à Saint-Martin-en-Haut, parents et enseignants creusent, recouvrent les murs d'enduit. Objectif : construire une école en pleine nature.
Participer à la transition écologique par l'éducation
Si parents et enseignants sont si déterminés, c’est parce que l’école dans la nature doit ouvrir le 5 septembre 2022, pour la rentrée scolaire. "Ça avance, on est plutôt bien parti", indique Julie, future éducatrice à la nature de l'association Les voies de la forêt à l'origine du projet, confiante.
L'école alternative hors contrat doit défendre une tendance éducative déjà très prisée par nos voisins européens : mettre la faune et la flore au cœur des apprentissages. "L’idée, c’est que la nature soit la base de l’enseignement (…), que les enfants soient le plus souvent dehors", explique Julie.
Des programmes scolaires basés sur la biodiversités
Il faut emprunter un petit sentier jonché de feuilles pour atteindre la clairière qui servira de salle de classe. "Un autre enseignant viendra en renfort sur les fondamentaux car on va suivre le socle commun de l’Education Nationale", ajoute-t-elle.
Les programmes devront forcément s'appuyer sur la biodiversité très riche qui entoure l'école : "Plutôt que de commencer à écrire des lettres sur un papier, les maternels pourront peut-être tracer des lettres sur de la terre …", précise Nina, une autre co-créatrice du projet.
"Changer quelque chose au niveau de la transition écologique"
Certaines activités pourront toutefois avoir lieu en intérieur. "Ces deux pièces vont servir à accueillir les enfants quand la météo sera beaucoup trop compliquée, pour la sieste ou pour une activité manuelle (..) l'idée n'est pas non plus d'en faire un camp survivaliste", poursuit Julie.
Julie et Nina insistent : l’objectif est de "changer quelque chose au niveau de la transition écologique par l’éducation". "On ne peut plus se voiler la face : on a besoin de transition écologique", martèle Nina. Pour elle, l’éducation à l’écologie doit se faire dès le plus jeune âge : "Permettre aux enfants de développer un lien émotionnel très fort avec l’environnement naturel (…) pour développer un élan de protection".
Le maître-mot : la polyvalence !
"Quand on crée un projet comme ça et qu’il n’y a pas beaucoup de fonds de base, il faut être polyvalente, il faut mettre la main à la pâte", explique Julie. Les enseignants et les parents d’élèves s’adonnent donc à plusieurs tâches.
La demeure en restauration, qui date du XIIe siècle, est soumise à de lourdes contraintes de travaux : "la hauteur de porte, la largeur de porte qu’on ne peut pas forcément modifier (…) ça amène des complexités dans le chantier". "J’ai la chance d’avoir l’expérience du chantier car je rénove une maison chez moi" renchérit la future éducatrice.
Les parents mettent volontiers la main à la pâte. "Je fais de la maçonnerie, des espaces verts", explique un père d’élève. "Quand on a vu le projet avec ma conjointe, on a tout de suite accroché (…) On trouvait ça sympa d’apprendre par la nature" poursuit cet éducateur canin, originaire de Lyon. Il envisage même de déménager à Saint-Martin-en-Haut lorsque son fils sera scolarisé à l'école de la nature.