Malgré les précipitations des dernières semaines sur plusieurs régions, une large majorité des nappes phréatiques françaises restent à des niveaux préoccupants. Une nouvelle sécheresse estivale est à craindre. Économie de la ressource en eau : qui va devoir faire un effort ?
Au 1er mai, 68% des nappes étaient toujours à des "niveaux modérément bas à très bas", dont 20% à des niveaux très bas, a annoncé ce mercredi 17 mai le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Seuls 17% des réserves d'eaux souterraines présentent des niveaux au-dessus des normales. Plusieurs départements d'Auvergne Rhône-Alpes sont concernés. L'été s'annonce très sec pour un bon tiers de la région.
Risque "très probable" de sécheresse
Ce même jour, le ministère de la Transition écologique publiait une carte inquiétante. Il s'agit d'une projection des territoires présentant un risque de sécheresse pour la saison estivale. Au moins 26 départements sont en "risque très probable de sécheresse d'ici à la fin de l'été". La plupart sont situés sur le pourtour méditerranéen, le couloir rhodanien et dans le Bassin parisien.
En région Rhône-Alpes Auvergne, plusieurs départements figurent en rouge sur la carte et présentent un risque "très probable" de sécheresse au cours de l'été 2023. Il s'agit de l'Ain, de la Drôme, de l'Ardèche et de l'Isère. Les huit autres départements ne seront pas épargnés même s'ils figurent en "orange" sur la carte. Ils présentent un risque "probable" de sécheresse.
La priorité du gouvernement reste de sécuriser l'accès à l'eau potable. Selon le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, 2000 communes sont "fragiles".
Eaux souterraines et alerte renforcée
Selon le site gouvernemental Propluvia, 20 départements connaissent déjà des restrictions d'usage de l'eau sur tout ou partie de leur territoire. À la mi-mai, c'était le cas dans plusieurs départements de la région. Le Rhône a été placé en vigilance.
L'état des nappes phréatiques est plus critique en Ardèche où la grande majorité du territoire est en alerte, c'est notamment le cas pour les bassins versants de l’Ouvèze, de la Beaume-Chassezac, de l’Ardèche et du Doux. Le bassin de la Cèze est en alerte renforcée.
La situation est plus contrastée dans la Drôme, également en alerte, voire en alerte renforcée sur le secteur de la Drôme des collines et la Galaure en ce qui concerne les eaux souterraines. Les eaux superficielles de ce même secteur sont en alerte. Les bassins versants du Roubion-Jabron, de la Berre et du Lez, sont eux placés en alerte renforcée.
Le cas de l'Ain
Dans l'Ain, c'est le territoire de la Dombes, riche en étangs, qui est particulièrement sensible. Les nappes phréatiques n'ont pas été suffisamment rechargées. Leur niveau très bas s'explique par un déficit de pluies conséquentes, cumulé à un été 2022 exceptionnellement sec. Conséquence du déficit hydrique, les bassins de gestion des eaux souterraines de la Dombes sud, puis de la Dombes Certines-Nord, ont été placés en alerte renforcée. Quant au bassin de la Plaine de l'Ain, il est en vigilance depuis fin mars. La préfecture a pris un arrêté pour restreindre l'usage de l'eau.
Économiser l'eau
Le gouvernement avait annoncé fin mars un plan Eau comportant une cinquantaine de mesures pour tenter de se préparer à une nouvelle sécheresse estivale. Mercredi 17 mai, il a actualisé les consignes aux préfets concernant les restrictions d'usage de l'eau à prendre en fonction de quatre différents degrés d'alerte (vigilance, alerte, alerte renforcée, crise). La plupart des préfectures lancent un appel général à la sobriété.
"Tous les usagers, y compris ceux ne relevant pas de secteurs soumis à restrictions, sont invités à une plus grande vigilance et au plus grand discernement sur leur consommation en eau en adoptant des pratiques quotidiennes aussi économes en eau que possible", indique par exemple aujourd'hui la préfecture de la Drôme.