Activiste politique algérien réfugié à Lyon, Chawki Benzehra traque sur les réseaux sociaux les vidéos faisant l’apologie du terrorisme afin que les autorités agissent contre les auteurs de ces contenus. Mais il est devenu la cible d'une incroyable vague de haine et de menaces de mort.
Des milliers de messages de menaces de mort, des torrents de haine... Depuis 4 jours, Chawki Benzehra, activiste politique algérien réfugié à Lyon depuis plusieurs années, est l'objet d'une déferlante haineuse sur les réseaux sociaux.
Chawki Benzehra est un lanceur d'alerte auprès du public et des autorités françaises sur l'apparition de vidéos d'influenceurs algériens faisant sur Tik Tok l'apologie du terrorisme et appelant à des actes violents sur le territoire français.
Une campagne de haine et de déstabilisation de la France
Des signalements auxquels les pouvoirs publics français ont réagi très rapidement. Trois "influenceurs" algériens ont ainsi été interpellés. Le 6 janvier 2025, l'un d'entre eux en comparution immédiate devant le tribunal de Grenoble a été placé en détention provisoire en attendant une audience sur le fond prévue le 5 mars prochain.
Pour Chawki Benzehra, l'apparition de ces vidéos d'appel à la violence, voire au meurtre, est le fruit "d'une campagne de haine et de déstabilisation de la France sans doute orchestrée par l'Algérie. L'élément déclencheur est la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental il y a quelques mois, ces vidéos de haine sont en quelque sorte une réponse en sous-main du gouvernement algérien à cette prise de position française".
Cette vague de vidéos menaçante est pour Chawki Benzehra "très inquiétante. Non seulement pour les opposants algériens comme moi mais aussi pour la France qui est visée par cette campagne de déstabilisation". Et sur des esprits jeunes, ces vidéos peuvent avoir un effet dévastateur qui peut aboutir à des attentats.
Il reste beaucoup à faire pour traiter cette menace
La réaction très rapide du ministère de l'Intérieur français est pour lui une très bonne chose. "La justice aussi a réagi très rapidement, certains maires comme celui de Montpellier aussi. Il y a une prise de conscience des autorités mais il reste beaucoup à faire pour traiter efficacement cette menace".
Pour le lanceur d'alerte, recevoir des messages de haine et des menaces de mort n'est pas un phénomène nouveau mais jamais il n'a jamais subi une telle déferlante. "Je me fais traiter de harki, de traître, mon adresse personnelle est dévoilée sur les réseaux sociaux. Je reçois des milliers de messages chaque jour, des appels au meurtre..."
Plusieurs influenceurs appelant à la haine ou à la violence dans des vidéos publiées sur Tik Tok ont été signalés aux autorités compétentes par la préfecture du Rhône à Lyon ⤵️ https://t.co/rB2HyeocH4
— Préfète de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) January 6, 2025
"L'idée de me taire ne me vient jamais à l'esprit parce qu'il est important pour moi de dévoiler ces discours de haine et qu'il faut agir par rapport à ces phénomènes" conclut Chawki Benzehra. Pour l'instant, il ne bénéficie d'aucun dispositif particulier de protection de la part des autorités françaises.