Richard Samuel, préfet de l’Isère sortant: "Ce n'est pas une sanction"

Le préfet quitte Grenoble "serein" et revient sur les dossiers qui lui ont tenu à cœur, notamment l’économie locale et la sécurité, lors d’un entretien avec France 3 Alpes.

Richard Samuel vient d’être nommé préfet hors cadre, pour exercer la fonction d’inspecteur de l’administration en service extraordinaire, place Beauvau. Il officiait depuis août 2012 au poste de préfet de l’Isère.

Il restera en fonction jusqu’au troisième lundi suivant le prochain Conseil des ministres, c'est-à-dire début mars. Si d’ici-là, son successeur n’est pas officiellement nommé, c’est le secrétaire général qui assurera l’intérim.

Vous quittez l’Isère. Est-ce une sanction ? 

Je ne peux pas dire ça. Ce n’est pas une promotion exceptionnelle, mais une évolution normale de carrière. Une évolution proposée par le ministère pour quitter mes fonctions opérationnelles que j’exerce depuis 1988.

Qu’allez-vous faire désormais?

Je vais occuper des fonctions opérationnelles à l’Inspection Générale d’Administration (IGA).  Mon expérience du terrain sera utilisée pour analyser des propositions de réformes, des réformes qui porteraient sur le fonctionnement des services, des préfectures, des sapeurs-pompiers, etc départementaux.

Je serai aussi susceptible de travailler au sein d’organisations inter-administratives telles que l’IGAS (Inspection Générale de la Santé) ou IGF (Inspection Générale des Finances) là aussi pour évaluer les propositions de réformes, sur des services dans toute la France.

Quel sentiment après ces deux ans et demi passés à la tête de la Préfecture de l’Isère ?

J’aborde l’avenir de manière sereine. De nos jours, les préfets ne durent pas une éternité, les missions sont de courte durée. La réaction courante, c’est de jeter un regard derrière soi, de regarder ce qu’on a fait, comment on a coordonné les équipes (policiers, gendarmes, DDE, DDT, DDA…) et les dossiers sur lesquels ont a avancé.

J’ai le sentiment d’avoir dirigé des équipes dotées de bonnes qualités. Je suis fier d’avoir été dans cette mission de coordination. J’ai le sentiment d’avoir fait des choses intéressantes, d’avoir eu de bons échos des élus, du tissu associatif, d’avoir eu une relation privilégiée avec le tissu d’entrepreneurs. Nous avons noué d’excellentes relations avec la Chambre des métiers, la Chambre de commerce et d’agriculture…

Grenoble va vous manquer ?

J’ai eu la chance d’avoir déjà passé un peu moins de trois ans dans Nord-Isère (ndlr Richard Samuel était sous-préfet de Vienne de 1993 à 1995). J’ai aussi eu la chance de venir fréquemment à Grenoble. J’ai retrouvé le même tissu industriel rénové, le même tissu universitaire extrêmement riche, le tissu économique presque original tourné vers les nouvelles technologies. Je vais vous dire une citation qui n’est pas de moi: "Toutes ces terres deviennent des terres patries; on les habite de loin". Je le sais bien, étant insulaire (ndlr il est Guadeloupéen).

Quels sont les dossiers sur lesquels vous pensez avoir avancé ?

(Richard Samuel évoque avant tout le volet économique)

Je pense au programme Nano 2017 (ndlr : programme de R&D porté par la société STMicroelectronics et par le LETI - laboratoire du CEA dédié à la nanoélectronique, dont le montant s’élève à 1,8 Md€ sur la période 2013-2017). Nous avons négocié un programme de financement, et l’Etat a apporté son soutien. Jean-Marc Ayrault (ndlr premier ministre de l’époque) s’est déplacé à Grenoble pour en faire l’annonce !

Il y a le dossier du bouclage de l’intercommunalité, avec la création de la métropole de Grenoble, en y ajoutant les communes du sud grenoblois à la communauté d’agglomération qui existait déjà.

Un volet important est celui de la lutte pour la promotion de l’emploi, renforcée par les initiatives des collectivités locales pour porter les emplois d’avenir. Cela a eu du succès : le nombre de demandeurs d’emploi chez les moins de 25 ans a diminué en 2014.

Délinquance: de bons résultats même si des choses ne sont pas complètement réglées"


Côté sécurité, il y a la mise en œuvre des ZSP (Zones de Sécurité Prioritaires): une à Grenoble, une dans le Nord Isère, avec les quartiers Mistral, Teisseire et les deux Villeneuve. Nous avons engagé des actions avec les policiers, très disponibles et professionnels, dans la lutte contre l’économie souterraine. Le PJ et la police classique se sont engagées pour renforcer la sécurité publique. Il y a de bons résultats même si il y a des choses qui ne sont pas complètement réglées.

Trois ans après la Villeneuve, où en est-on ?

Je rappelle que deux ou très semaines après les événements (le meurtre de Kévin et Sofiane à Echirolles), 14 personnes étaient sous les verrous. La solution judiciaire a été rapide. Il est en train de s’installer une bonne justice, qui est lente (ndlr 12 personnes doivent encore passer devant les Assises). L’affaire a été traitée par des policiers avec une qualité exceptionnelle.

Pour la délinquance: le réseau de communication (entre malfaiteurs) est très dense, avec la possibilité d’aller et venir, de fuir facilement. On est confronté à des réseaux extérieurs, et à une délinquance endogène. Cette dernière comprend l’économie souterraine et le trafic de drogue, qui cause une déstructuration de la société et une atteinte à la santé publique. La délinquance provenant de l’extérieur se manifeste par les cambriolages..

Un mot pour votre successeur? Des priorités sur lesquelles se concentrer?

Je ne me permettrais pas de donner des conseils. Chacun, selon sa personnalité, choisit sa manière de travailler et son terrain d’action. Je lui conseillerais de profiter de la qualité de l’équipe en place, très motivée et très disponible.
Parcours de Richard Samuel
Né en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, le 20 janvier 1952, Richard Samuel a exercé de nombreuses missions et postes dans la fonction publique et les cabinets ministériels. Il est diplômé de Sciences Po Paris et de l'ENA. Il est commandeur de l'Ordre national du Mérite. 

1988-1990: Sous-préfet de Chermont (Oise)
1990-1993: Secrétaire général pour les affaires régionales en Corse et (en 1991) commissaire au développement économique de la Corse
1993-1995: Sous-préfet de Vienne (Isère)
1995-1997: Secrétaire général de la préfecture du Puy-de-Dôme
1997-1999: Conseiller technique au cabinet du ministre de la fonction publique (Dominique Perben), en charge de la réforme de l’Etat et de la décentralisation
Juillet 1997: Sous-directeur du Ministère de l’Intérieur en charge des affaires sociales
1999-2003: Sous-préfet du Havre (Seine-Maritime)
2003-2005: Préfet de la Meuse (Lorraine)
2005-2006: Directeur général des affaires générales, politiques, administratives et financières au ministère de l’Outre-mer 
2006-2007: Directeur de Cabinet de François Baroin, ministre de l'Outre-mer
2007-2009: Préfet de l’Eure
Mars 2009: Délégué général de l'outre-mer et chargé de mission de l'organisation des EGA (Etats généraux de l’Outre-mer)
2009-2012: Préfet du Maine-et-Loire
2012-2015: Préfet de l’Isère
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