Comment lutter contre la menace des mines antipersonnel... et des aiguilles vertes sur le parquet ? Grâce au "sac à sapin", un incontournable de Noël, produit près de Lyon, géré de A à Z par Handicap International, et qui sert à financer ses actions sur le terrain.
Ils sont produits près de Lyon, leurs cartonnages d'expédition à Sait-Etienne et ils servent à lutter contre la menace des mines antipersonnel. Le "sac à sapin", un incontournable de Noël, est géré de A à Z par Handicap International.
Vendus 5 euros, dont 1,50 euro reversé à l'ONG, les sacs solidaires arrivent dans les rayonnages. En 2015, près de 500.000 ont été vendus, rapportant 750.000 euros à l'association présente dans une soixantaine de pays.
"On devrait en vendre quelque 450.000 cette année. Les fonds récoltés sont mobilisables rapidement et servent par exemple à financer l'urgence, comme en Haïti ou à Mossoul", explique à l'AFP Sabine Eyssartier, responsable du commerce solidaire à Handicap International.
De quoi également "construire des rampes d'accès pour les écoles, former enseignants et parents à l'inclusion des élèves handicapés, appareiller les victimes, fournir des fauteuils roulants...".
L'association a d'ailleurs élaboré une "Charte sur l'inclusion des personnes handicapées dans l'action humanitaire", à laquelle la France a apporté officiellement son soutien vendredi au siège de Handicap International à Lyon.
Trop souvent "oubliées" de la solidarité internationale, les personnes handicapées sont pourtant 20 millions aujourd'hui à faire face à une crise humanitaire.
A Mornant, près de Lyon, ce sont vingt salariés en situation de handicap mental qui conditionnent les sacs à sapin. "Je travaille ici depuis 14 ans. C'est bien, j'ai besoin de travailler, et c'est pour la bonne cause. Après, les gens remarchent, vont à l'école", raconte José à l'AFP dans le vaste atelier.
Environ 4.500 sacs sont produits chaque jour dans cet ESAT (Établissement et service d'aide par le travail). Ils sont 100% biodégradables et compostables, fabriqués à base de céréales non OGM, produites en Auvergne. Les cartonnages d'expédition viennent de Saint-Étienne, toute proche.
"Une fois approvisionné en gros rouleaux dorés, le personnel s'occupe du conditionnement: découpe et pliage, mise en boîtes puis en palettes, stockage, préparation des commandes...", explique le responsable de l'atelier Éric Crayton. "Ensuite, nous avons un partenariat avec DHL"(spécialiste transport et logistique, NDLR).
"Kit Plio" de janvier à juin
"Nous avons des employés trisomiques, autistes, déficients à divers degrés. Très peu avec un handicap physique associé. On adapte les postes. Chacun sait ce qu'il a à faire. Certains sont là depuis 1998", précise-t-il.
Tous sont payés par Handicap International, ONG créée en 1982 et co-lauréate du Nobel de la paix en 1997 pour sa lutte contre les mines antipersonnel.
A 38 ans, José vit chez ses parents, à une dizaine de kilomètres de l'atelier: "Je m'occupe des +box+ (cartons de 30, 60, 150 ou 400 pièces), des commandes, des stocks. J'aime pas faire tout le temps la même chose", confie-t-il.
A Noël, pas de sac à sapin chez lui. "Ma mère a un sapin artificiel", sourit-il. "Mais ma soeur en achète un vrai".
Très concentré, Nirishan, 30 ans, opère lui au poste automatisé découpe-pliage depuis sept ans: de 08H30 à 16H30, avec une heure de pause à midi. "Le vendredi, on finit plus tôt", dit-il, l'air satisfait.
L'aventure du sac doré avait commencé avec le service civil d'un jeune diplômé, Laurent Constantin, aujourd'hui directeur d'Acti et de la télévision lyonnaise TLM. Engagé alors chez Handicap International et chargé de collecter des fonds privés pour l'ONG, il lance l'idée du "sac à sapin". Le concept plaît. Succès immédiat.
Il imagine aussi le "Kit Plio" pour couvrir livres et cahiers à la rentrée. "Les kits sortent de l'atelier de Mornant de janvier à juin, puis le sac à sapin prend le relais", explique Pierre Barge, responsable de la production à l'ESAT.
Pour la première fois, les sacs sont aussi vendus cette année chez Ikea, avec lequel l'ONG a conclu un partenariat.
Le budget du réseau Handicap International dans le monde s'élève à 152 millions d'euros. En 2017, l'ONG célèbrera ses 35 ans et devrait changer de nom. Mais, suspense, jusqu'à l'an prochain.