En mai dernier, des loups ont tué quatre moutons et blessé 80 brebis à Saint-Christophe-d'Allier. Depuis, ce village de Haute-Loire vit dans la hantise du retour du prédateur.
Le terrain de la famille Fabre, situé dans les gorges du Haut-Allier, à cheval sur la Lozère et la Haute-Loire, est particulièrement exposé aux attaques de loup. Le prédateur était signalé. 35 attaques répertoriées sur le Causse Méjean voisin. Et ce qui devait arriver arriva : le 16 mai dernier, le loup égorge quatre brebis... un traumatisme pour Jacques et son fils Mickaël. "La première a été tuée là... Il y en avait deux dans la vallon et une vers le petit buisson là, qui était à moitié dévorée", décrit Jacques. "On a tout de suite pensé au loup car c'était quelque chose qu'on redoutait depuis longtemps".
Ça crève le cœur de voir ces bêtes tuées. On sait qu'elles vont être tuées tôt ou tard... mais c'est pour nourrir les hommes, c'est pas pour nourrir un loup !
Depuis l'attaque du loup, la vie de ces éleveurs a changé. Chaque soir désormais, ils emmènent 200 brebis dans un parc aménagé et sécurisé par des clôtures électriques. C'est la première conséquence de leur rencontre avec le préfet de Haute-Loire. Ici et seulement ici, ils ont le droit de tirer le loup, au cas où il revienne. Mais "les chiens arrivent à sauter le filet de protection", s'inquiète Mickaël. "On nous a obligé à clôturer à un fil au dessus des grillages, pour moi ça sert à rien", soupire-t-il.
Nos ancêtres se sont battus pour faire partir le loup. C'est pas de gaieté de coeur. On n'est pas des sauvages, contrairement à comment on nous présente... Nous on est éleveur bio, on respecte la nature, mais y'a des limites !
Désormais toutes les nuits, Jacques vient dormir au milieu du troupeau. Il s'agit du seul moyen efficace d'éviter une nouvelle attaque. Plutôt que des indemnisations, la famille Fabre a demandé au préfet que la construction d'une bergerie tunnel soit financée. Elle permettrait aux bêtes d'être à l'abri pour la nuit. En attendant une décision, Jacques continuera à attendre le loup au milieu de son troupeau.