En Savoie, les coiffeurs du département sont appelés à récupérer les cheveux coupés afin de les recycler et de les transformer en paillage naturel pour l’agriculture ou en boudin de dépollution des océans. Cette démarche écologique a déjà séduit plusieurs professionnels.
Et si aller chez le coiffeur devenait un acte écologique ? En effet, en Savoie, les professionnels du cheveu peuvent désormais recycler les déchets capillaires au lieu de les jeter aux ordures ménagères, en les déposant dans un local dédié, situé sur le campus universitaire de Savoie Technolac. "C’est une démarche gratuite" précise Didier Scarfogliero, le directeur territorial de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Savoie, qui mène cette opération depuis deux semaines. Depuis son lancement, une centaine de kilos de cheveux qui feront, par la suite, du bien à l’environnement, ont déjà été stockés.
Que deviennent nos cheveux ?
Dans son salon, à Aix-les-Bains, Cosette Gimenez parle d’une "volonté humaine et éthique". "L’écologie me tient à cœur et l’idée était de savoir comment intégrer ces valeurs dans ma vie professionnelle" poursuit la coiffeuse pour qui le recyclage est essentiel.
La démarche est facile et ça ne change rien pour mes équipes.
Cosette Gimenez, responsable d'un salon de coiffure à Aix-les-Bains (Savoie)
Les cheveux collectés par Colette Gimenez et son équipe seront ensuite traités par l'entreprise clermontoise Capillum. "Un million de Français se rendent chaque jour chez le coiffeur et génèrent 4000 tonnes de déchets capillaires chaque année en France" précise le spécialiste pour qui l’objectif est de "faire du cheveu la fibre de demain en créant des solutions écologiques et bénéfiques pour notre planète" car ce déchet peut absorber "jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures". "Ces cheveux pourront devenir par exemple des paillages ou des boudins de dépollution dans les mers ou encore les rivières" poursuit le directeur territorial de la CMA 73.
En 2020, l'entreprise née à Clermont-Ferrand était sollicitée par les autorités mauriciennes pour venir en aide à l'île, dévastée par une marée noire. James Taylor, cofondateur directeur général de Capillum, expliquait alors les pouvoirs du cheveu : "Pourquoi l'utiliser pour lutter contre les hydrocarbures ? Parce qu’il le fait naturellement. Il se trouve que c’est une matière naturellement oléophile et hydrophobe. Elle arrive à capter les corps gras, du fait de la structure écaillée du cheveu. Les corps gras se calent entre les écailles et ça permet tout naturellement d’absorber les hydrocarbures sans absorber l’eau."
C’est un véritable filtre naturel.
James Taylor, cofondateur directeur général de Capillum (en 2020)
Si vous êtes coiffeur, basé en Savoie et que cette démarche vous inspire, vous pouvez contacter la Chambre de Métiers et de l’Artisanat 73 ou l’entreprise Capillum.