Le maire d'Albertville a retiré le permis de construire qu'il avait été contraint d'accorder sur décision judiciaire pour la construction d'une école musulmane. Il s'appuie sur un recours de la préfecture de Savoie, qui a retoqué ce projet porté par une association proche de la Turquie.
Nouveau rebondissement à Albertville. Le maire Frédéric Burnier-Framboret, fermement opposé à la construction d’une école musulmane sur sa commune, vient de retirer le permis de construire à l’association Millî Görüs porteuse du projet.
Pour rappel, cette association proche de la Turquie projette de construire une école confessionnelle de 400 élèves dans un quartier prioritaire. Avec cette capacité, la structure serait la plus grosse école de Savoie et capterait ¼ des élèves scolarisés à Albertville.
Retour sur les ordres et contre-ordres
Après un premier refus du permis de construire, le maire avait été condamné en avril dernier par le tribunal administratif de Grenoble. La justice estimait que les motifs avancés par la mairie, portant notamment sur les places de stationnement, n'étaient pas recevables.
A contrecœur, l'élu avait donc signé cet arrêté, tout en faisant appel de cette décision auprès de la cour d’appel de Lyon. "Dès l’instant où j’ai signé, l’Etat et les tiers avaient deux mois pour faire un recours, raconte Frédéric Burnier-Framboret. Il s’agit d’une procédure normale qui fait suite à la dépose de tous les permis de construire".
La préfecture s'oppose au projet
Pendant ce délai, la préfecture de Savoie a décidé de faire un recours gracieux sur le permis. "Il a été refusé par la préfecture pour des motifs liés à la sécurité, précise le maire. Selon l’Etat, la desserte de l’établissement n’est pas sécurisée. La route communale qui passe devant n’est pas adaptée pour l’abribus qui est prévu dans le projet".
Le préfet de Savoie, qui a donc invoqué des problèmes techniques pour retoquer le permis, s’est toujours opposé à la construction de cette école musulmane, la qualifiant de "projet séparatiste" : "On ne peut pas, en France, tolérer des établissements où on tient école de contre-République. C'est le devoir du maire et de l'État de ne pas accepter ce type d'initiative qui participe à un processus d'archipélisation de la société française" déclarait-il mi-avril dans une interview au Dauphiné Libéré.
Suite au recours de la préfecture, le maire d’Albertville a contacté la Confédération islamique Millî Görüs pour lui demander de répondre aux arguments de l’Etat. Sans réponse de sa part, il retiré le permis de construire mi-juillet. "Avec ce recours de la préfecture, l’Etat montre son soutien à mon refus de signer le permis de construire. Pour moi ce projet d’école était disproportionné. Les conclusions de l’Etat rejoignent les miennes et je le prends très favorablement !" se félicite Frédéric Burnier-Framboret.
De son côté, la Confédération islamique Millî Görüs déplore un geste politique. "L'affaire suit son cours. Elle est entre les mains de notre conseil", a commenté Fatih Sarikir, le président de la CIMG, qui porte le projet. L'association deux mois pour contester la décision de l'édile.