Après 40 ans d'activité, le centre national de formation de la Croix-Rouge, implanté à Modane en Savoie, pourrait fermer ses portes. Des élus sont mobilisés depuis plusieurs mois pour empêcher cette fermeture annoncée en raison d'un "déficit chronique" et du vieillissement des infrastructures.
Les élus de la Maurienne vont-ils réussir à sauver l'Albaron ? Depuis plusieurs mois, ils multiplient les initiatives pour tenter d'éviter la fermeture du centre national de formation de la Croix-Rouge à Modane, en Savoie. L'annonce de la fermeture du site a été faite au mois de novembre dernier.
"Pour nous, ça représente 40 ans d’activité, c’est le patrimoine de la commune, ce sont beaucoup de personnes qui ont travaillé ici, beaucoup de personnes qui ont été formées. Il y a des gens qui doivent leur vie au centre de l’Albaron et ça, il ne faut pas qu’on l’oublie", s'inquiète Jean-Claude Raffin.
Ce mercredi 5 juin, le maire (SE) de Modane ainsi que d'autres élus mobilisés sur le dossier ont réuni la presse sur le site afin de faire un point. Les négociations et les réunions se sont multipliées, entre les élus locaux et l’association de premier secours, mais avec peu de résultats concrets pour l’instant.
40 000 stagiaires formés en 40 ans
"On a l’impression que la Croix-Rouge française qui est donc une organisation caritative, gère ses salariés comme une entreprise du CAC 40, comme on gérerait Orange ou Alcatel et donc gérer des plans sociaux. Nous sommes tombés sur les fesses en s’en rendant compte", explique le maire (PS) de Fourneaux, François Chemin.
"Je pense qu’on nous amuse un tout petit peu. Parce que la décision est prise et pour l’instant, ils ne savent pas trop comment se sortir de cette situation."
Jean-Claude Raffin, maire (SE) de Modane.
Pour Jean-Claude Raffin, il est fort probable que la décision soit déjà entérinée pour cette structure qui a formé près de 40 000 stagiaires en 40 ans : "Je pense qu’on nous amuse un tout petit peu. Parce que la décision est prise et pour l’instant, ils ne savent pas trop comment se sortir de cette situation. Mais comme je le répète, notre porte est toujours ouverte."
"C'est une trahison"
"On va aller jusqu’au bout. C’est-à-dire que même si demain la décision est confirmée, il reste les bâtiments, il reste les employés, on ne veut pas tout arrêter du jour au lendemain", promet le maire de Modane.
Alors que la direction de la Croix-Rouge explique la fermeture du centre par un déficit important et le vieillissement du bâtiment, les élus de la Maurienne ont depuis le mois de janvier trouvé de nouvelles sources de revenus et commandé des études pour améliorer sa rentabilité. Des efforts qui restent "insuffisants".
"On a fait plus de formations et généré des recettes supplémentaires. On a travaillé et dépensé de l’argent, notamment le Conseil départemental pour les études et aujourd’hui, on nous dit que ça ne suffit pas, c’est une trahison", se désole Jean-Claude Raffin.
"Une décision difficile"
De son côté, la Croix-Rouge française dit "déplorer " sincèrement de devoir envisager la fermeture du centre de formation des secouristes de l’Albaron. "Nous prenons la pleine mesure des conséquences sur le personnel et le territoire. Elle intervient après plusieurs années d’efforts et d'investissement. C’est une décision difficile", précise l'association dans un communiqué.
Selon l'organisation humanitaire, sur les cinq dernières années, le site présente un déficit cumulé de 825 000 euros. " En 2023, malgré les efforts de diversification des activités, le résultat net est demeuré déficitaire à hauteur de 214 000 euros. Par ailleurs, le site nécessite d’importants travaux pour la mise en conformité et la rénovation des bâtiments, estimés à plusieurs millions d'euros", explique la Croix-Rouge française.
"A ce stade, les pistes de réflexion n'ont pas permis de concrétiser des solutions viables, fermes et pérennes permettant d’éviter la fermeture du centre."
Croix-Rouge française.
Depuis le mois de novembre, les échanges entre les acteurs du territoire et la Croix-Rouge française ont fait émerger plusieurs pistes de réflexion. Mais, "à ce stade, elles n'ont pas permis de concrétiser des solutions viables, fermes et pérennes permettant d’éviter l’arrêt de l’activité et la fermeture du centre", fait savoir la direction de la Croix-Rouge.
Avec 10 salariés, le centre de l'Albaron est actuellement concerné par un plan de sauvegarde de l'emploi. Une dizaine de centres de la Croix-Rouge partout en France sont également menacés de fermeture par ce plan. En attendant un dénouement, les formations continuent et s’enchaînent sur le site tout comme les inquiétudes pour l’avenir.
