Les dix-sept jeunes de Chambéry issus de la première promotion du "Teen lab" européen Chambéry (Savoie) / Pinerolo (Piémont) sont revenus de leur voyage en Italie. La rencontre avec leurs homologues piémontais était le point d'orgue d'un cursus destiné à leur ouvrir les portes d'emplois dans le numérique.
"Bienvenus au Teen lab de Pinerolo". Impossible pour les jeunes stagiaires du numérique, venus de Savoie, de manquer la grande affiche manuscrite en français scotchée sur les grilles d'entrée de la patinoire olympique des jeux de Turin 2006.
"C'est un lieu où Pinerolo veut regrouper tous ceux qui veulent construire l'économie de demain : jeunes, étudiants ou même industriels", explique Alessandro Ghirardotti, formateur au tout nouveau "Fab lab" (atelier de fabrication numérique) de la cité piémontaise. "Parmi les jeunes qui viennent patiner ici, certains rêvent certainement de devenir des étoiles de la danse sur glace. Nous, on doit aider ceux qui passeront par ce "Fab lab" à rêver de devenir les artisans de la filière numérique".
Objectif: créer les "artisans du numérique de demain"
A l'heure d'accueillir jeunes et formateurs savoyards, la petite usine digitale piémontaise reste pourtant à construire. A cause de la pénurie de semi-conducteurs venus d'Asie notamment, ordinateurs, appareil de découpe laser et imprimantes 3D manquent à l'appel. "Mais ils sont en cours d'acheminement et arriveront dès la semaine prochaine", explique Alessandro aux jeunes Français et Italiens réunis dans l'une des salles du futur "Fab lab" de Pinerolo.
"Ce voyage, c'est une aubaine pour nos apprenants. C'est une ouverture supplémentaire vers les autres", explique pour sa part Pierre Trahand, du collectif d'experts du numérique "Les compagnons de la tech". Avec deux autres "passeurs de savoir numérique", c'est lui, qui pendant 10 semaines a accompagné les dix-sept jeunes de la première promotion du "Teen Lab" de Chambéry.
"Notre premier objectif, en début de formation, c'était de remettre ces jeunes dans une dynamique positive", se souvient le formateur.
"Tous étaient sortis du système scolaire et n'avaient plus de projets. Pendant cette formation, il nous a donc fallu les remettre en action au sein d'un groupe. Et puis, ensuite, les amener au-delà de leur propre vision du numérique. Car ils sont généralement très doués avec un portable, mais dès qu'on leur donne un ordinateur, c'est très différent."
Le plus du "Fab lab" de Chambéry
C'est donc du ba-ba du fonctionnement d'un ordinateur, à la commande numérique, en passant par le montage digital de clips vidéos, ou la création de sites web, auxquels les stagiaires ont pu avoir accès.
"Comme ce sont des jeunes avec des niveaux et des expériences très différentes, on utilise ce que l'on appelle une "pédagogie active", explique encore le "compagnon de la tech" :
On leur demande de réfléchir ensemble à un événement, et de créer eux-mêmes tout ce qui se rattache à cet événement : que ce soit un clip de promotion, une ligne de vêtements, des logos ou faire venir des artistes...Ce sont eux qui gèrent pendant 7 heures par jour !
Pierre Trahand
Mais de l'avis général, la grande chance de cette formation, c'est de disposer en complément de 30 heures supplémentaires de travaux pratiques sur les machines à commande numérique du Fab Lab de la Dynamo de Chambéry. Un lieu idéal pour se familiariser avec l'utilisation d'une imprimante 3D, la découpe laser, le flocage de tee-shirts, ou la broderie numérique.
Le plus de l'Europe : un programme de 794 000 euros
"Il est évident que sans la contribution de l'Europe, ce programme qui vise à former 36 jeunes au total côté français, n'aurait pas bénéficié d'autant de moyens", se félicite pour sa part, Aurélie Le Meur, l'adjointe au maire de Chambéry.
Ce programme Interreg-Alcotra de presque 800 000 euros (dont 280 000 pour la formation des jeunes Chambériens), a été mis sur pied conjointement avec la ville de Pinerolo dans le Piémont. "De leur côté, ils comptent former 70 jeunes au numérique", explique encore Pierre Trahand. "L'idée, c'est que nos jeunes se rencontrent et partagent leur expérience. C'est d'autant plus intéressant, que les Piémontais n'ont pas tout à fait la même philosophie que nous. Eux, ce qui les intéresse, c'est d'abord le Fab lab : toute la formation de leurs jeunes s'y déroule. Ils veulent vraiment faire de leurs stagiaires de véritables managers de fabriques numériques."
Une centaine de travailleurs français et italiens du numérique formée en 2022
Pendant cette rencontre à Pinerolo, les jeunes stagiaires ont pu échanger avec leurs homologues piémontais, visiter des instituts de formation, faire un peu de tourisme aussi sous les belles arcades de la ville. Et puis, cerise sur le gâteau : visiter le "Fab lab" géant de Turin, le premier construit en Italie, dès 2011.
"Ici on voit qu'il y a déjà des pros ! Des jeunes ou même des industriels viennent se servir des nombreux outils numériques disponibles ici pour monter de vraies entreprises. On voit la différence avec notre Fab lab de Chambéry", explique pour sa part Jérome Fath, l'un des formateurs et accompagnateurs savoyards.
Le grand intérêt de venir ici pour nos stagiaires, c'est qu'ils peuvent se rendre compte que ce sont plus ou moins les mêmes machines qui sont à disposition à Chambéry, à Pinerolo ou ici à Turin. Même à l'étranger, ils ne sont pas perdus.
Jérôme Fath
De là à susciter des vocations pour aller travailler hors des frontières françaises, il n'y a qu'un pas pour ces nouveaux travailleurs européens du numérique.
Au total, d'ici la fin de l'année 2022, c'est ainsi une centaine d' adolescents et de jeunes adultes savoyards et piémontais qui devraient avoir bénéficié de ce programme européen.
Une seconde promotion sera accueillie à l'automne au Fab lab de Chambéry.