Depuis fin janvier, le centre hospitalier Métropole Savoie propose des paniers d'invendus sur l'application Too Good To Go. Grâce à ce dispositif, les hôpitaux de Chambéry et Aix-les-Bains ont évité le gaspillage de plusieurs centaines de kilos de restes alimentaires.
En Savoie, il est désormais possible de déguster chez soi et à moindre coût les plats de certains hôpitaux. Peu réputés pour leur saveur, ils font pourtant le bonheur de nombreux professionnels et particuliers. Depuis le 22 janvier, le centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS) propose à la vente des paniers d'invendus alimentaires pour réduire le gaspillage.
Des paniers garnis à cinq euros
En vue de réduire les pertes de ses invendus, les cantines du centre hospitalier de Chambéry vendent quotidiennement six paniers anti-gaspi. Des colis à 5 euros que les habitants du secteur peuvent commander directement depuis l'application Too Good To Go sur leur smartphone.
Carinne Lacoste est employée pour l'hôpital. Régulièrement, elle vient récupérer son panier à la fin du service. "Ils sont bien garnis. C'est très avantageux pour nous, assure-t-elle. Cela nous fait bien deux ou trois jours de repas. [...] Financièrement, c'est très intéressant."
Ce jour-là, la salariée a récupéré dans son panier du sauté de viande, du poulet, du gratin dauphinois, des haricots plats, des desserts ou encore des fruits. Un colis complet également distribué à l'hôpital d'Aix-les-Bains où trois paniers sont vendus chaque jour.
Depuis sa mise en place, le 22 janvier dernier, le centre hospitalier Métropole Savoie estime que 75 % des paniers sont commandés par des professionnels de l'établissement. Le dernier quart provient de clients extérieurs.
La formule plaît aussi à l'extérieur de l'établissement et nos professionnels reviennent pour ce service afin de consommer des repas chez eux.
Julie Joyeux, directrice achat et logistique du CH de Chambéry
Chaque jour, la cantine de l'hôpital de Chambéry sert en moyenne une centaine de personnes. Un nombre de repas qui peut évoluer suivant la saison. "On attend le dernier moment pour préparer les paniers anti-gaspi. A partir d'une certaine heure, on connaît le nombre de professionnels qui sont passés manger. On peut estimer combien de personnes l'on va avoir donc, à partir de là, on peut décliner nos paniers", raconte Franck Pignard, responsable du self au centre hospitalier de Chambéry.
Réduire au maximum les invendus alimentaires
Depuis plusieurs années, le centre hospitalier s'engage pour limiter le gaspillage alimentaire. En 2022, le CHMS a généré près de 120 tonnes de déchets alimentaires. Une quantité nettement réduite l'année suivante avec 90 tonnes de biodéchets jetés.
"On a aussi modifié la destination de nos déchets car avant, ils étaient jetés dans les ordures ménagères. Désormais, on a installé un broyeur de biodéchets qui nous a permis de transformer l'ensemble de ces déchets alimentaires pour servir ensuite d'engrais naturel dans les champs", explique Julie Joyeux, la directrice achat et logistique du centre hospitalier de Chambéry.
Depuis son lancement, la vente de paniers anti-gaspi connaît un véritable succès. "On a déjà évité 200 kg de déchets en un mois", souligne Julie Joyeux. A terme, l'établissement envisage d'en vendre entre 10 et 15 quotidiennement.
Les associations craignent un abandon des plus précaires
L'offre apportée par Too Good To Go s'apparente ainsi à une nouvelle alternative pour réduire la quantité de restes alimentaires jetés à la poubelle. Mais les associations venant en aide aux plus précaires craignent d'être délaissées à moyen, voire à court terme.
Depuis plusieurs années, la Cantine Savoyarde récupère deux fois par semaine des colis d'invendus du CHMS. En 2023, l'association s'est vue offrir près de 10 tonnes d'invendus. Des denrées alimentaires que les bénévoles cuisinent et offrent aux personnes les plus précaires. Mais avec la mise en vente de paniers anti-gaspi, les responsables redoutent de voir leurs dons se réduire.
"Structurellement, on a une inquiétude sur l'approvisionnement, car si cette alimentation est déviée de plus en plus vers des publics consommateurs, certes bien intentionnés, on risque d'avoir une réponse insuffisante à nos besoins", confie Thomas Brebion, directeur de la Cantine Savoyarde.
Face au contexte inflationniste, l'association a servi 16 % de repas supplémentaires l'an dernier, soit près de 130 000 menus. "On n'a jamais connu ça en 40 ans, donc si on a de plus en plus de monde qui frappe à la porte et de moins en moins de nourriture, cela devient une équation difficile à résoudre", s'inquiète Thomas Brebion.
Pour Too Good To Go, c'est une consommation immédiate. En revanche, pour l'association, il y a toute une traçabilité de produit à mettre en place pour éviter une rupture de la chaîne de froid. Ce ne sont pas du tout les mêmes produits.
Franck Pignard, responsable du self au CHMS
Bien loin de l'appât du gain financier, l'établissement indique que sa motivation demeure de "réduire la part de sa production jetée en fin de service". Grâce aux paniers anti-gaspi, le centre hospitalier Métropole Savoie espère passer sous la barre des 90 tonnes de biodéchets par an.