Dans les stations des Alpes du Nord, des milliers de saisonniers, indispensables au bon fonctionnement des stations, sont recrutés chaque hiver. Cette année, les employeurs semblent satisfaits même si de nombreux postes restent à pourvoir.
Remontées mécaniques, centres de vacances, hôtels et restaurants : chaque année, les stations de ski recrutent un grand nombre de saisonniers. Aujourd’hui, si dans certaines stations, les effectifs sont au complet, certains hôteliers et restaurateurs recherchent encore du personnel, à quelques jours de l’ouverture des pistes.
Des équipes au complet dans plusieurs domaines skiables
Aux Saisies, en Savoie, "la situation est bonne" se réjouit le patron de la station, Michael Tessard, évoquant "peu de turnover". "Nous sommes à 35 salariés à l’année et on monte à plus de 200 l’hiver" explique ce dernier, ajoutant que la plupart des saisonniers, des "locaux", sont "fidèles" à cette station située entre le Beaufortain et le Val d’Arly.
Dans cette station de ski familiale, les saisonniers disposent de plusieurs avantages : "nous dépendons de la convention collective des domaines skiables de France et les saisonniers ayant déjà fait une saison ont une priorité de reconduction de leur contrat s’ils le souhaitent" explique Michael Tessard, précisant que la station détient 30 appartements "qui permettent de répondre à leurs besoins".
En plus, ils bénéficient d’un accord d’entreprise qui fixe une durée de contrat de 120 jours. Quelles que soient les conditions, les saisonniers sont embauchés 120 jours.
Michael Tessard, directeur de la régie SPL Domaines skiables des Saisies
Ces conditions séduisent de nombreuses personnes à la recherche d’un emploi pour la saison d’hiver. À La Plagne, où près de 3 000 saisonniers sont recrutés chaque année, la mairie a racheté des logements : au total, 62 appartements sont mis à disposition des salariés qui n’auront que les charges à payer.
En Haute-Savoie, même constat à Avoriaz ; un seul poste reste à pourvoir en ce qui concerne l’exploitation des remontées mécaniques. Du côté du commerce, 27 hôtes et hôtesses de caisse (dont une seule nouvelle recrue) sont prêts à attaquer la saison.
Quelle est la situation en hôtellerie et restauration ?
À Avoriaz, au cœur du domaine des Portes du Soleil, en Haute-Savoie, le groupe Pierre & Vacances, lui, annonce "une équipe de 120 saisonniers au complet". Sa responsable locale, Katia Belmonte, précise qu’il est plus difficile de recruter des CDI (de manager et d’encadrement) car "une majeure partie des gens préfèrent rester en saison ou en CDD" évoquant également une question de localisation de la station d’Avoriaz.
Pour Thomas Arneodo, à la tête de cinq établissements situés dans la station, dont un restaurant et un bowling, la situation "est bien meilleure que l’année passée". "Sur le papier, nous avons tout le monde et nous sommes beaucoup plus sereins par rapport à la saison dernière où c’était très compliqué," ajoute le directeur du groupe Arneodo.
Nous avons reçu plus de CV et ce, plus tôt, à partir de septembre.
Thomas Arneodo, directeur du groupe Arneodo
Le directeur du groupe Arneodo explique que la cinquantaine de saisonniers recrutés pour la saison d’hiver, sont logés au sein de la station et que les salaires ont été réévalués. "Cela coûte excessivement cher, mais c’est le prix à payer pour avoir le personnel nécessaire en début de saison" confie-t-il à France 3 Alpes.
Si les professionnels contactés ont le sourire, d’autres peinent à recruter. Selon Sébastien Buet de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) des Pays de Savoie, la situation "est un peu moins pire" que l’année dernière et un grand nombre de postes restent à pourvoir.
Le nécessaire a été fait en matière de salaires et de conditions de travail, le problème ne dépend plus de nous désormais.
Sébastien Buet de l'UMIH des Pays de Savoie
"L’État ne simplifie pas l’obtention de permis de travail pour des personnes qualifiées, dotées d’expérience professionnelle et qui souhaitent venir travailler en France" dénonce Sébastien Buet, évoquant également un "deuxième souci, complètement tabou" selon lui : la nécessité d’une "vraie et sérieuse réforme de Pôle emploi".
"Les saisonniers ont obligation de travailler cinq mois pour avoir droit à des indemnités de chômage, mais c’est ridicule car il y a du travail partout et tout le temps. Les gens font le strict minimum" poursuit le représentant de l’UMIH, "parfois les professionnels réduisent les amplitudes d’ouverture ou ajoute des jours de fermeture et cela a un impact sur le chiffre d’affaires".
Plusieurs postes à pourvoir sur une plateforme haut-savoyarde
Offres d’emploi de moniteur de ski, de guide de haute montagne… Plusieurs postes sont à pourvoir sur la plateforme gratuite We Guide You. Cette start-up, créée en Haute-Savoie il y a quelques mois par Charles Lebaude, permet de mettre en relation les recruteurs et les professionnels du sport. Ce que constate son créateur, c’est que les employeurs "ont énormément de mal à recruter, à trouver la perle rare et reçoivent beaucoup de curriculum vitæ qui leur font perdre du temps car les gens postulent à tout et n’importe quoi".
"C’est une horreur. Parfois, les gens se disent 'j’aime le ski, donc je vais postuler au poste de moniteur’ alors qu’ils ne sont pas professionnels" explique Charles Lebaude qui assure que sa plateforme "vérifie tout en amont, de la carte professionnelle à la carte d’identité, ce qui permet de faire gagner du temps aux recruteurs".
La saison d’hiver devrait commencer d’ici quelques jours pour la plupart des stations de ski. Découvrez dans cet article les dates exactes d’ouverture des domaines, ainsi que les prix des forfaits.