Accusé de harcèlement après le suicide de sa compagne à Chambéry en 2016, un homme a été relaxé en appel. La cour estime que les causes du suicide de la jeune femme "demeurent à jamais inconnues".
La cour d'appel de Chambéry a relaxé un homme poursuivi pour harcèlement après la défenestration de sa compagne en 2016. La jeune femme de 23 ans, considérée par beaucoup comme naïve et influençable, s'était défenestrée depuis l'appartement de son compagnon, situé au deuxième étage d'un immeuble du centre-ville de Chambéry, alors qu'il venait de lui annoncer sa volonté de rompre.
Cette relaxe vient confirmer la décision prise en première instance par le tribunal correctionnel en juin 2020. "Les causes profondes du suicide [de la jeune femme] demeurent à jamais inconnues", selon les magistrats. Ces derniers précisent notamment, dans leur arrêt de quinze pages, que "l'expression d'une volonté de rompre un lien amoureux ne peut à l'évidence être assimilé à un acte de harcèlement".
La jeune femme s'est suicidée le 12 février 2016 alors que cette relation amoureuse avait duré cinq mois à peine. La veille des faits, elle avait passé la soirée avec son ex-petit-ami, qu'elle avait embrassé. Son compagnon avait alors tenté de la joindre à de nombreuses reprises par téléphone, lui laissant des messages "psychologiquement violents", reconnaît la cour.
Pas de répétition
Il n'a cependant pas été démontré lors de l'enquête "une répétition dans la durée de comportements de harcèlement" susceptible de provoquer une dégradation des conditions de vie de la jeune femme venant altérer sa santé.
La cour reprend ainsi l'argumentation du tribunal correctionnel de Chambéry qui, en juin 2020, avait considéré que le lien de causalité entre les propos et les comportements de l'homme, et l'altération de l'état psychique de la jeune femme ne pouvait être caractérisé de manière directe et certaine, comme l'exige la loi.
Le parquet de Chambéry avait fait appel après la décision de première instance. Mais le parquet général de Chambéry s'était dit, lors du procès en appel le 15 septembre, "dans l'incapacité de démontrer l'existence d'une infraction", sans pour autant requérir explicitement une relaxe.