Chambéry : condamné à 20 ans de prison pour avoir fait asperger de l'acide sulfurique sur son ex-femme

Un homme a été condamné à 20 ans de prison pour avoir fait asperger de l'acide sulfurique sur son ex-femme en 2006. Il était jugé depuis jeudi à Chambéry, quatorze ans après les faits.

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Il a accueilli le verdict, impassible. Nexhmédin Dardha, 52 ans, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle samedi 14 novembre pour avoir commandité l'agression à l'acide sulfurique de son ex-femme. Le procès s'est ouvert jeudi à Chambéry, quatorze ans après les faits.

L'accusé a été reconnu coupable de complicité d'actes de torture ou de barbarie aggravés au terme de trois heures de délibération. La Cour d'assises de Savoie a suivi les réquisitions du ministère public, qui avait également demandé une période de sûreté portée aux deux tiers et une interdiction définitive du territoire français. 

Avant de se retirer, la Cour avait recueilli un dernier mot de Nexhmédin Dardha. Sans masque pour la première fois depuis le début de son procès, le visage carré à découvert, il s'est déclaré "innocent" des faits reprochés. Le quinquagénaire n'a eu aucun mot de réconfort pour son ex-épouse, absente à l'audience. "La peur et la douleur sont toujours là" pour la victime, a affirmé le conseil de cette dernière Me Frédéric Verron dans sa plaidoirie.

C'est "criminel qu'il ne passe pas à l'oeuvre lui-même", a-t-il ajouté en reprenant les mots d'une lettre de sa cliente. Elle y dénonce un "agresseur qui peut être n'importe qui, et agir n'importe quand". Des mots qui ont fait écho à ceux prononcés plus tôt dans le réquisitoire de l'avocate générale Nathalie Hermitte.
 
La magistrate avait demandé aux jurés "de faire porter à la bonne personne le réel poids de la culpabilité". Deux hommes de main de l'accusé ont été condamnés en 2009 à dix et cinq ans de prison dans le cadre de cette affaire, lors d'un premier procès.

"Il a fait faire les basses besognes à d'autres, plus faibles que lui. Il a utilisé l'autre comme objet, pour ne pas se faire attraper", a-t-elle ajouté dénonçant la défense de l'accusé "par demi-vérités, mensonges, silences et dénégations".

 

"Je vais t'effacer parce que tu m'as humilié"


L'agression de l'ex-femme de Nexhmédin Dardha remonte au 14 septembre 2006. Elle avait été brûlée au deuxième et troisième degrés, au visage et au corps, après avoir reçu un jet d'acide sulfurique par un individu ganté et cagoulé. L'agression s'était déroulée devant chez elle, à Chambéry, sous le regard de ses deux filles. 

Immédiatement, l'ex-époux de la victime et père des deux enfants avait été soupçonné d'être le commanditaire de cette agression, depuis l'Albanie où il avait trouvé refuge. L'absence d'accord d'extradition avec la France l'avait protégé jusqu'à son interpellation en 2019 lors d'un voyage en Italie. Il avait été ramené en France dans le cadre d'un mandat d'arrêt international.

Depuis le début de son procès jeudi, l'accusé s'était fait presque taiseux, livrant des "mots sans relief", en opposition à "l'émotion" des professionnels qui ont eu à traiter l'affaire à la barre de la cour d'assises, selon l'avocate générale. 

En commanditant le vitriolage de son ex-épouse, "il a dit 'je vais t'effacer parce que tu m'as humilié'", avait encore estimé la magistrate dans son réquisitoire. La victime, dont l'accusé avait divorcé en 2004, avait alors refait sa vie avec un autre homme. 

Il la considérait comme "une femme à abattre", comme l'avait révélé l'enquête. En 2006, la victime avait déjà porté plainte à deux reprises contre son ex-mari, pour sabotage de son véhicule et menaces de mort. Elle a depuis changé d'identité, comme ses enfants, pour des raisons de sécurité.

 
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