Après la mort mercredi d'un père de famille d'une cinquantaine d'années, victime d'un arrêt cardiaque lors d'une expulsion à Chambéry, des voisins témoignent être "sous le choc".
"C'est un choc pour tous les habitants", confie l'un des voisins du père de famille décédé mercredi après-midi d'un malaise cardiaque, lors de l'expulsion du logement qu'il squattait avec sa femme et leurs quatre enfants, dans le quartier de Bellevue, à Chambéry. L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, s'est opposé avec véhémence aux policiers venus assister l'huissier de justice dans l'expulsion de cet appartement qu'il squattait avec sa famille."Je suis arrivé à la fin de la scène, au moment où les policiers étaient en train de le traîner au sol, explique ce même témoin au micro de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Il y a eu des cris, de la colère, quelques mauvaises paroles qui sont parties..." L'incident aurait duré plus de deux heures. Selon les personnes sur place, il n'y aurait pas eu de coups portés de la part des policiers. Mais la victime était cardiaque et avait déjà fait deux AVC.
"Je n'ai pas dormi de la nuit"
Un autre voisin affirme avoir prévenu les policiers de la condition cardiaque de l'homme, qui portait un pacemaker : "J'ai dit, même dix fois, qu'il était cardiaque. Dans les escaliers, j'ai dit : "attention, il est malade". J'ai proposé aux policiers de le calmer, pour que ça se passe mieux. (...) J'ai insisté et ils l'ont embarqué comme un chien." Ce témoin affirme que le père de famille avait déjà fait un malaise dans les escaliers et que sa tête a cogné lorsqu'il a été mis dans la voiture.
Une autre témoin raconte : "Je ne les ai pas vu s'en prendre physiquement à ce monsieur. Les policiers ont pris le temps, quand il était au pied de leur voiture en train de faire un malaise, de lui laisser de l'air et se remettre de ses émotions. Puis ils l'ont installé dans la voiture. Le malaise n'étant pas fini, ils l'ont ressorti de la voiture. Apparemment, la tête aurait tapé le sol mais je ne l'ai pas vu. Il était inconscient quand ils l'ont sorti de la voiture. Les policiers ont commencé tout de suite le massage cardiaque",poursuit cette voisine. "C'était choquant et violent. J'ai passé ma soirée à pleurer, je n'ai pas dormi de la nuit... Il y a une veuve et quatre orphelins aujourd'hui. Malgré les circonstances d'expulsion de logement, ce monsieur en a payé de sa vie."
Une enquête de l'IPGN en cours
Une vidéo, largement relayée sur les réseaux sociaux, montre le père de famille, en jean et tee-shirt menotté dans le dos, les jambes pliées de manière apparemment volontaire, porté par les policiers vers leur voiture. La séquence d'environ 10 secondes ne montre pas la montée dans la voiture, ni l'éventuel coup sur la tête. "Il ne voulait pas marcher, ils ont dû le porter", a expliqué à l'AFP Lætitia Philippon, la directrice départementale de la sécurité publique de la Savoie, supérieure des policiers.
Les services sociaux ont pris en charge la famille qui a été relogée. Les inspecteurs de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont commencé leur enquête jeudi matin, a indiqué Mme Philippon. Une enquête a été ouverte par le procureur de la République Thierry Dran pour recherche des causes de la mort.