Le tribunal correctionnel de Lyon a relaxé ce mardi 18 janvier deux frères poursuivis par leur propre père, un ancien notable de la région de Chambéry, pour diffamation. Ils l’avaient accusé sur Facebook d’agressions sexuelles incestueuses durant leur enfance.
Deux frères quinquagénaires jugés le 16 novembre dernier pour diffamation après avoir accusé leur père d'agressions sexuelles incestueuses durant leur enfance, ont été relaxés ce mardi par le tribunal correctionnel de Lyon.
La « bonne foi » retenue
Le tribunal a estimé que les propos diffusés sur le réseau social le 22 janvier 2021 contenaient bien des "allégations diffamatoires" en imputant le délit d'agression sexuelle sur mineur à leur père. Mais selon les juges la "bonne foi" doit bénéficier aux deux auteurs. Le père a fait appel du jugement, selon son avocat. La relaxe avait été implicitement suggérée par le parquet à l'audience qui s'était déroulée le 16 novembre 2011. "La bonne foi doit s'appliquer avec plus de tolérance pour les particuliers, par rapport aux professionnels de la presse", avait alors estimé le procureur Alain Grellet, réclamant l'indulgence à l'égard d'enfants "en souffrance".
Le père dénoncé sur les réseaux sociaux
Le père avait réclamé la condamnation de ses deux fils à la suite d'une publication sur le compte Facebook de son fils cadet. Ce dernier, âgé de 50 ans, affirmait avoir été victime de faits incestueux de la part de son père, dans les années 80. Son message précédé du hashtag #MeTooIncest, faisait référence au livre de Camille Kouchner, "La familia grande", traitant de violences sexuelles au sein de sa famille.
Son frère aîné, âgé de 52 ans, avait ensuite posté un commentaire, accompagné du même hashtag, écrivant : "c'est mon frère", suivi d'un coeur. Et "c'est mon père", suivi de l'émoticône de la tête de diable. "Depuis quarante ans il porte ce fardeau (...) il avait besoin de lever un tabou", avait plaidé en défense l'avocat du fils cadet.
Des faits prescrits
Après l'enclenchement de la procédure en diffamation, celui-ci avait déposé plainte pour agression sexuelle mais le dossier avait été classé sans suite en raison de la prescription. "Je réfute totalement ces faits car ils n'étaient pas possibles", avait déclaré à la barre le plaignant, âgé de 77 ans, lors de l'audience. Cet ancien notable de la région de Chambéry avait détaillé la configuration des chambres du domicile familial, pour expliquer l'impossibilité matérielle des faits. L'affaire s'inscrivait dans un lourd et ancien conflit familial. Les fils ont décrit l'emprise d'un père autoritaire, alors que celui-ci consentait à reconnaître une éducation stricte, mais sans les déviances invoquées par ses enfants. "Est-ce que la justice médiatique, la justice d'Internet, doit décider de son sort ?", avait interrogé à l'audience Thomas Fourrey. L'avocat, qui avait reproché aux enfants de "régler (leurs) comptes à la face du monde" en utilisant les réseaux sociaux.