A Saint-Ours, en Savoie, l’arrivée d’une agricultrice et de ses 900 poules pondeuses a perturbé le quotidien de Jacqueline, propriétaire d’une résidence secondaire dans la commune. Cette dernière, excédée par le bruit provoqué par les gallinacés, a mis en demeure sa voisine qui a reçu, ce samedi 9 décembre, le soutien de près de 200 personnes lors d’une manifestation.
En 2021, Sandrine décide de changer de vie et de devenir agricultrice. Avec l’aide de sa famille, elle installe son exploitation et ses 900 poules pondeuses dans le village de Saint-Ours, en Savoie, sans se douter qu’elle ferait face à l’une de ses voisines, Jacqueline, propriétaire d’une résidence secondaire depuis près de 30 ans.
"Le bruit est infernal"
"Cette exploitation se situe à 50 mètres de chez moi" explique Jacqueline aux côtés de son époux. "Au printemps et pendant l’été, les poules caquetaient de 7h à 14h, s’arrêtaient un peu et recommençaient de 16h au coucher du soleil" poursuit la voisine excédée.
Nous avons parfois l’impression que c’est une volière ou un chenil tellement le bruit est infernal.
Jacqueline, propriétaire d'une résidence secondaire à Saint-Ours
Depuis, Jacqueline, dont la passion est de profiter de son jardin, affirme être tombée malade en raison de ces nuisances. "Je suis sous médicaments" ajoute-t-elle, "extrêmement touchée par cette histoire". La propriétaire, qui dit avoir fait constater le bruit par une huissière de l’Etat explique : "J’ai parlé à Sandrine, qui m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire, alors j’ai parlé à son père qui m’a dit la même chose. Ne me sentant pas écoutée, j’ai décidé de prendre une avocate".
De son côté, l’agricultrice explique avoir d’abord reçu un appel de sa voisine. "On en a discuté calmement afin de savoir si j’avais des solutions à apporter. J’ai essayé de calfeutrer les fenêtres pour que ce soit un peu plus sombre car la lumière excite un peu les poules" poursuit l’éleveuse, "j’ai tenté cela et elle m’avait dit qu’elle reviendrait vers moi si cela ne suffisait pas. Mais elle ne l’a pas fait car j’ai reçu un courrier de son avocate qui stipulait que j’avais un mois pour arrêter le bruit de mes poules".
Cela a été très dur pour moi, j’ai carrément voulu tout arrêter.
Sandrine, éleveuse de poules pondeuses à Saint-Ours
Mais l'éleveuse constate un grand soutien de la part des habitants du village et de ses clients. "Finalement je me suis dit que je n’allais pas arrêter parce que j’aime trop mon activité et parce que les gens comptent sur moi" sourit-elle. Sa voisine, elle, affirme que le village est "contre" elle. "La plupart du temps, les gens ne me saluent plus, les artisans qui devaient venir travailler chez moi ne viennent plus" regrette celle qui affirme que cette histoire est au stade de la conciliation et qu’aucune plainte n’a été déposée.
Une manifestation a réuni 200 personnes
Ce samedi 9 décembre, près de 200 personnes étaient réunies devant l’exploitation de Sandrine. "C’est important de soutenir le commerce local, c’est ce que l’on cherche quand on vient vivre à la campagne" explique l’une des habitantes de Saint-Ours. Parmi les manifestants, Bernard Mogenet, le président de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) de la Savoie qui soutient Sandrine par le biais de son service juridique. Il affirme que ce genre de situation est de moins en moins rare : "Les agriculteurs qui s’installent sont embêtés par des voisins qui ne tolèrent pas les petits désagréments, les bruits de la campagne, les bruits liés à notre activité".
Si on veut une alimentation saine, de qualité et de proximité, alors il faut accepter les producteurs.
Bernard Mogenet, le président de la FDSEA de la Savoie
Face à tous ces soutiens, Sandrine souffle, les larmes aux yeux, avec "une envie de se battre encore plus forte".
Actuellement, en France, près de 500 procédures opposent les agriculteurs et les néo-ruraux. Une proposition de loi devrait permettre de protéger les agriculteurs contre les plaintes pour nuisances sonores et olfactives.