Meurtre d'Arthur Noyer : la personnalité de Nordahl Lelandais se dévoile à la lumière d'expertises psychiatriques

Quatre experts ont déposé devant la cour d'assises de la Savoie lundi pour présenter leur rapport d'expertise psychiatrique de Nordahl Lelandais, accusé du meurtre d'Arthur Noyer. Ils concluent à des "troubles graves de la personnalité" et la "dimension manipulatrice" de l'accusé.

Experts psychologues et psychiatres ont tenté de lever un coin du voile sur la personnalité de Nordahl Lelandais. Quatre d'entre eux se sont présenté à la barre lundi 10 mai devant la cour d'assises de la Savoie. Mais leurs conclusions divergent en partie sur un point : les éventuels troubles de la personnalité dont souffrirait le trentenaire accusé du meurtre d'Arthur Noyer.

Le psychiatre Patrick Blachère est venu présenter le rapport d'un collège d'experts. Il conclut que Lelandais présente un "trouble grave de la personnalité antisociale, borderline et narcissique". En clair, "rien ne permet d'affirmer qu'il ressent de l'empathie" sauf pour les membres de sa famille proche, a indiqué l'expert pour qui la dangerosité de l'accusé "apparaît importante".

Mais un précédent collège d'experts, représenté par le psychiatre François Danet, avait des conclusions différentes sur ce point. Il n'a décelé aucune pathologie mentale chez l'accusé mais insisté sur "le risque d'envahissement par état dépressif et des idées suicidaires". "S’il s’ouvre, il risque de s’effondrer. S’il se ferme, il peut maintenir un état de bien-être. Mais s’il se ferme, il n’y aura pas de cheminement", a pointé le Dr Danet à la barre, recommandant un suivi psychologique en détention.

 

"Dimesion manipulatrice"

Ce rapport évoque par ailleurs la personnalité "perverse" de l'ancien maître-chien. "D’un côté, ce monsieur a des comportements adaptés qui fonctionnent en respectant un certain nombre d’interdits, faisant qu’il peut apparaître sympathique", a d'abord noté l'expert. Mais il y a un "clivage" avec une "dimension manipulatrice" qui peut prendre le dessus.

Tous s'accordent d'ailleurs sur une conclusion : la tendance au mensonge de l'accusé. "Il est dans la dissimulation, a déclaré Hélène Dubost, experte psychologue co-auteure d'un autre rapport, devant la cour. Il y a la face extérieure, le Nordahl Lelandais que l’on voit, et celui qu’il est en intérieur, qui n’est pas tout à fait en adéquation. Il peut manipuler, c’est son fonctionnement. Il joue ou se déjoue, il attend que les enquêteurs apportent les preuves (...) Il y a peut-être une forme de jouissance."

Mais pour le Dr Danet, si Lelandais a procédé à des aveux progressifs dans les affaires Maëlys et Noyer, c'est avant tout pour se protéger, occultant une partie des faits. "Nous n’avons pas pensé que M. Lelandais dissimulait à des fins utilitaires, pour faire une peine de prison moins longue. Le risque, c’est l’effondrement dépressif et le risque suicidaire", estime-t-il.

 

"Il était un petit peu en errance"

Les experts se sont surtout intéressés à son parcours de vie. Une scolarité qui s'est achevée sans diplôme, un bref engagement dans l'armée, des petits boulots et des arrêts maladie. "Si on regarde son parcours, a résumé Hélène Dubost, il n’a jamais rien construit véritablement, ni au plan scolaire, ni au plan affectif, ni au plan professionnel. Il était un petit peu en errance."

En errance, surtout sur le plan affectif, selon ce même collège d'experts qui a mis en avant son "instabilité". "C'est quelqu’un qui a besoin de vérifier qu’il est en vie, dans une sorte d’excitation permanente. Il consomme des femmes, des hommes, comme s’il avait besoin de se sentir vivant pour éviter de s’effondrer sur le plan narcissique. Il a besoin de ça pour se sentir vivant", a complété Mme Dubost.

Un point qui expliquerait son amour pour les chiens, ces animaux avec lesquels "il y a l’idée de ne jamais être déçu, être aimé pour toujours et à jamais", a relevé une psychiatre du même collège, Magalie Ravit. Et pour combler ses "carences affectives", le trentenaire de Domessin reste "dans le contrôle, dans la maîtrise, dans une quête narcissique constante" lui permettant de dissimuler ses fragilités, ajoutait Hélène Dubost.

Pour le Dr Patrick Blachère, sa relation aux autres se résume à un but "utilitaire""L’autre semble être soit un objet sexuel, soit quelqu’un qui lui sert d’étai pour exister." Des conclusions que l'avocat de l'accusé, Me Jakubowicz, n'a pas manqué de remettre en question, pointant de nombreux "point subjectifs et relativisables". "Je suis ahuri d'entendre autant d'assurance et de déclarations péremptoires alors que vous ne l'avez vu que deux fois une heure et demie", a lancé le conseil de Lelandais qui est parvenu à faire annuler une autre expertise psychiatrique au début du procès.

 

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