Le procès de Nordahl Lelandais a repris ce lundi 10 mai devant la cour d'assises de Chambéry. Lors de la première semaine d'audience, l'ex maître-chien a maintenu avoir tué le caporal Noyer par accident en avril 2017. Ce lundi, des experts psychiatres et psychologues ont été entendus.
Nordahl Lelandais devrait être fixé sur son sort ce mercredi 12 mai. Son procès pour le meurtre d'Arthur Noyer est entré dans sa deuxième et dernière semaine. Ce lundi, des experts psychologues et psychiatres sont venus à la barre dresser le portrait de l'ancien maître-chien.
Lors des cinq premières journées d'audience, les témoins de la partie civile et de la défense se sont succédé pour évoquer la nuit du drame ainsi que la personnalité de Nordahl Lelandais. Poussé dans ses retranchements, le trentenaire a maintenu jusqu'à présent avoir tué le jeune militaire par accident, à l'issue d'une bagarre.
Ce qu'il faut retenir
- "Narcissique, borderline, psychopathe, mythomane". A l'issue de cette sixième journée devant la cour d'assises de la Savoie, quatre experts ont défilé à la barre pour dresser le portrait d'un homme qui présente "des troubles de la personnalité". Intervenu en dernier, le Dr Patrick Blachère a insisté sur le manque d'empathie de Nordahl Lelandais, et sur son incapacité à se remettre en question. "Il présente une personnalité clivée qui lui permet de se mettre à l'abri de la souffrance des autres". Le psychiatre savoyard le décrit également comme "mythomane". Hélène Dubost, psychologue clinicienne, a eu face à elle quelqu'un de "distant et froid". Même s'ils n'emploient pas les mêmes termes, les deux collèges de psychiatres qui ont rencontré Nordahl Lelandais s'accordent à dire que sa "dangerosité", qu'elle soit "psychiatrique ou criminologique" est importante. Pour le Dr Blachère, sa responsabilité au moment des faits "n'était ni altérée, ni abolie".
- L'homme aux deux visages. Ce lundi matin, le Dr François Danet a lui mis en avant "un risque d'envahissement par un état dépressif et des idées suicidaires", et insisté sur "l'autoprotection narcissique" mise en place par l'accusé, pour éviter de sombrer dans "un effondrement psychique majeur"."S’il s’ouvre, il risque de s’effondrer. S’il se ferme, il peut maintenir un état de bien-être", a constaté le psychiatre qui décèle également une personnalité "perverse" chez l'accusé. Il a remarqué des comportements adaptés qui peuvent le faire apparaître comme sympathique, mais aussi un "clivage" avec "une dimension manipulatrice" qui peut prendre le dessus. La manipulation dont Nordahl Lelandais ferait preuve "n’est pas strictement utilitaire", d'après l'expert, "c’est pour ne pas perdre la face". "Il est dans la dissimulation", avait averti Hélène Dubost un peu plus tôt. "Il y a la face extérieure, le Nordahl Lelandais que l’on voit, et celui qu’il est en intérieur, qui n’est pas tout à fait en adéquation. Il peut manipuler, c’est son fonctionnement. Il joue ou se déjoue, il attend que les enquêteurs apportent les preuves". Pour autant, l'accusé ne présente pas de troubles schizophrène ou bipolaire, d'après le Dr Blachère.
- La psychiatrie, une science ? Dans son rôle, tout au long de la journée, Me Alain Jakubowicz se sera attaché à reprendre les rapports des différents experts points par points. Au Dr Blachère, il reprochera ses "déclarations péremptoires" alors que l'expert n'a vu Nordahl Lelandais "que deux fois une heure et demie". Il fera à Hélène Dubost le procès de la partialité, estimant que la psychologue "donne l'impression de ne pas aimer Nordahl Lelandais". Il insistera sur ces moments où Nordahl Lelandais a pleuré à l'évocation de Maëlys ou d'Arthur Noyer pour évoquer l'"authenticité" "d'un homme nu dont le masque est tombé". L'avocat de la défense a par ailleurs vivement critiqué la lecture par le président des conclusions d'un rapport d'expertise établi dans le cadre de la procédure de l'affaire Maëlys, rapport que Me Jakubowicz attaque en cassation, mais que l'avocate générale a tenu à joindre au dossier.
- "Ce que je vous ai dit, c'est ce qu'il s'est passé". C'est devenu son mantra. A chaque fois que le président ou que son avocat lui tendent une perche pour "ajouter quelque chose", livrer "une ultime déclaration car ensuite ce sera trop tard", Nordahl Lelandais se contente invariablement de cette phrase pour conclure la journée. Il aura trouvé très peu de choses à dire concernant les rapports des experts. Il a seulement contesté "le manque d'empathie" qui lui est reproché, indiquant qu'il "lit beaucoup de livres sur le bouddhisme" qui prône "l'empathie et la compassion". Nordahl Lelandais a enfin présenté une nouvelle fois ses excuses aux membres de la famille d'Arthur Noyer, "conscient qu'ils n'arrivent pas à les écouter". "Des excuses qui sont comme une grosse paire de gifles" a répliqué Me Bernard Boulloud, l'avocat de la famille Noyer.
La journée d'audience minute par minute
19h25 - L'audience est suspendue. Elle reprendra mardi matin à 9h avec la plaidoirie de Me Boulloud et se poursuivra par les réquisitions de l'avocate générale. L'après-midi, la défense aura la parole. Le délibéré aura lieu dans la foulée, ce mardi soir, si la plaidoirie de Me Jakubowicz s'achève avant 18h. Dans le cas contraire, la cour délibérera mercredi.
19h15 - A la demande de Me Jakubowicz, les conditions de détention de Nordahl Lelandais sont évoquées. Celui-ci dit s'être "inscrit à des cours par correspondance". "Je vais passer le diplôme du brevet en juin", a-t-il déclaré.
L'accusé entretient une relation avec une femme depuis son incarcération, avec qui il échange, et qu'il voit : "ça me permet d'avancer, ça me sort de mon isolement et de mon quotidien", dit-il.
19h10 - Invité à s'exprimer sur ce qui a été dit et vu durant cette journée d'audience, Nordahl Lelandais a réitéré cette phrase devenue son mantra : "ce que je vous ai dit, c'est ce qu'il s'est passé".
L'accusé a dit ne pas être d'accord avec le manque d'empathie décrit par les experts. Il a dit "travailler sur lui-même" et lire beaucoup le "Dharma", "le livre du bouddhisme qui prône la compassion et l'empathie".
Il a renouvellé ses excuses à la famille d'Arthur Noyer tout en "étant bien conscient qu'ils n'arrivent pas à les écouter mes excuses". Ce à quoi, Me Boulloud a répliqué : "vos excuses, c'est une grosse paire de gifles".
19h05 - La cour visionne désormais les vidéos de la reconstitution : notamment les coups assénés à un mannequin représentant Arthur Noyer par Nordahl Lelandais. Des coups violents portés comme sur un punching ball. Vient ensuite la vidéo qui montre comment Nordahl Lelandais a mis le corps dans le coffre de sa voiture. L'accusé s'y reprend à plusieurs reprises et le transport du corps prend plusieurs minutes. Enfin une vidéo de la dépose au col de Marocaz est diffusée.
18h46 - L'audience reprend par le visionnage de photos de la reconstitution de la nuit de la mort d'Arthur Noyer : un ensemble de clichés pris de nuit à Chambéry, puis à Saint-Baldoph, et enfin sur les lieux de la dépose du corps d'Arthur Noyer. Ces photos illustrent par étapes les déclarations de Nordahl Lelandais sur le déroulé des faits.
18h25 - Suspension d'audience. Elle reprendra à 18h40.
18h15 - Dans ce rapport, le Dr Bensussan n'a pas décelé de problèmes d'intelligence. Il établit en revanche des "troubles de la personnalité antisociale et soumise à des addictions". Le président poursuit la lecture des conclusions de cet autre collège d'experts qui note que Nordahl Lelandais "n'a pas de maladie mentale caractérisée". Son état dangereux au sens psychiatrique est également relevé "dans le sens où il présente une personnalité antisociale se caractérisant par une propension au passage à l'acte important et ses addictions à l'alcool et à la drogue renforcent sa dangerosité criminologique". Globalement, à l'aune de ce qui a été lu par le président de la cour d'assises, il semble que les experts non présents à la barre aient établi des conclusions similaires à celles des deux autres collèges de psychiatres et de psychologues.
18h10 - Le président s'apprête à lire les conclusions du rapport d'expertise de Mr Bensussan, un rapport établi dans le cadre de la procédure de l'affaire Maëlys, remis en cause par la défense qui le conteste devant la cour de cassation, mais que l'avocate générale a tenu à joindre au dossier.
17h55 - Le Dr François Danet est rappelé à la barre pour s'expliquer sur la différence de définitions sur la "dangerosité criminologique et psychiatrique" retenues par les deux collèges d'experts. Le médecin, entendu ce matin, estime que "si nous avions rédigé un rapport en commun, nous nous serions entendu sur la définition à utiliser". Mais "c'est uniquement une différence de forme mais pas une différence de fond. Nous avons les mêmes critères et nous arrivons aux mêmes conclusions", à savoir "la dangerosité" de Nordahl Lelandais.
17h45 - Interrogé par l'avocat de la défense, l'expert met en avant les protocoles et les constatations cliniques sur lesquelles il s'appuye. Pour ce qui est "de la clinique, de la gestuelle et des mimiques, cela a été décrit depuis 1900, si ce n'est pas scientifique, au moins c'est reconnu. Si ce n'était pas le cas, on ne serait pas capable de réaliser des diagnstics et donc de soigner", répond le Dr Blachère.
17h40 - Me Jakubowicz poursuit la remise en question du rapport établi par le Dr Blachère estimant qu'il recèle de nombreux "point subjectifs et relativisables". "C'est pour cela qu'à la question de savoir si la psychiatrie est une science, vous ne répondez pas", estime l'avocat de Nordahl Lelandais.
"Je suis ahuri d'entendre autant d'assurance et de déclarations péremptoires alors que vous ne l'avez vu que deux fois une heure et demi", lance le conseil de Nordahl Lelandais à l'expert.
17h30 - Me Jakubowicz remet en cause le raisonnement de l'expert qui avait établi que Nordahl Lelandais avait quitté l'armé parce qu'il avait été déclaré "inapte et réformé P4". L'avocat de la défense pointe que l'expert a écrit dans son rapport que c'est Nordahl Lelandais qui avait au contraire demandé la résiliation de son contrat. Pour Me Jakubowicz, l'armée l'aurait ensuite déclaré "inapte" pour éviter de faire apparaître une demande de résiliation venant du soldat.
Le Dr Blachère tempère cette affirmation, en notant que ses collègues médecins de l'armée avaient noté une "inadaptation" dès les premiers mois de son engagement.
17h25 - C'est au tour de l'avocat de la défense, Me Jakubowicz d'interroger l'expert.
17h22 - A la demande de l'avocate générale, le Dr Blachère confirme la dangerosité de l'accusé, qu'elle soit "criminologique ou psychiatrique".
17h20 - Me Boulloud revient avec l'expert sur la notion de "panique" qui aurait pu se manifester juste après la mort d'Arthur Noyer. Pour l'expert, Nordahl Lelandais n'a pas montré "de stress pouvant expliquer un comportement dissociatif". L'accusé a déclaré, parlant de la victime : "j'ai vu dans son regard un monstre". Une affirmation à laquelle le psychiatre ne croit pas : "je pense que ce n'est pas possible car il ne présente pas de troubles schizophréniques".
17h14 - Questionné sur la dangerosité de l'accusé, l'expert psychiatre estime qu'il y a un "risque de récidive et de réitération", lié à "une dangerosité criminologique".
17h - Le président interroge le Dr Blachère sur le défaut d'empathie relevé par l'expert. "Il est capable de nier très très très longtemps et il ne reconnaît les faits que lorsqu'il est acculé et qu'il est face à des éléments indiscutables". "Le manque d'empathie, je l'ai relevé concernant ses anciennes compagnes. Il est très froid quand on lui parle des souffrances qu'il aurait pu faire subir à ses anciennes relations. L'autre est un objet".
Quand à l'hypothèse du Dr Danet entendu ce matin, d'un "risque d'effondrement psychique qui l'empêche de dire la vérité", le psychiatre répond : "je n'en sais rien".
16h45 - L'expert psychiatre poursuit sa description de la personnalité de l'accusé en remarquant qu'il "n'a aucun accès au remord", et qu'il n'a pas exprimé de "honte" concernant les délits pour lesquels il a déjà été condamné (incendie d'un bar au lac de Paladru, usurpation d'un brassard de police lors d'un différend avec une automobiliste).
Pour le Dr Blachère, Nordahl Lelandais présente "une dangerosité importante en termes statistiques (risque de récidive) et en termes cliniques". Pour résumer, le pyschiatre estime qu'il est "doté d'une intelligence normale, sans pathologie mentale mais avec des troubles de la personnalité liés au narcissime, à un caractère border line et psychopathique".
Selon lui, l'accusé est peu empathique et a une personnalité "clivée" qui "lui permet de se mettre à l'abri de la souffrance des autres".
L'expert poursuit en déclarant que "sa responsabilité lors des faits n'était ni altérée, ni abolie". Il recommande enfin un suivi psychiatrique pour "surveiller ses conduites addictives, les relations qu'il pourrait entretenir et les risques d'un phénomène de paraphilie" (fantasmes sexuels).
Le psychiatre émet cependant des doutes concernant sa capacité à évoluer, car "il n'adhère pas vraiment aux soins".
16h35 - L'expert estime que Nordahl Lelandais ne présente "pas de troubles psychiques capables d'altérer sa responsabilité". Le médecin relève "une dimension abandonique qui peut être liée à des carences affectives ou à des violences", si bien qu'il vit très mal les ruptures avec ses partenaires et qu'il présente à ce moment-là "une personnalité border line".
Il note par ailleurs une relation "utilitaire" aux autres, "dénuée d'affect", sauf en ce qui concerne sa soeur et sa mère. "On ne perçoit pas d'émotion ou d'attachement" quand il parle de ses relations passées.
Nordahl Lelandais voit les hommes et les femmes soit "comme des objets sexuels" ou "comme des étais qui lui permettent d'exister". Il présente une "sexualité originale" mais "pas de perversion au sens strict" car les médecins n'ont "pas pu établir si il prenait du plaisir à faire souffrir les autres".
"Lorsqu'il pleure devant moi", l'expert sent une "empathie limitée à sa famille et à sa peur d'être abandonné". Lorsqu'il pleure en faisant référence à Maëlys, l'expert ne sent pas la même empathie.
16h25 - Pour l'expert qui a rencontré Nordahl Lelandais à deux reprises, en janvier et en avril 2018, l'accusé a une propension à mentir "dans la manière de nier les faits" et aussi à "la mythomanie, dans la manière de raconter sa vie" (motif de son départ de l'armée, et opérations sur théâtres extérieurs qu'il raconte mais auxquelles il n'a pas participé).
16h20 - D'après le Dr Blachère, Nordahl Lelandais ne présente "pas de troubles bipolaires ou de personnalité dissociative". Il n'a "pas de tendance schizophrène". Sa personnalité présentes des "troubles mixtes" : "narcissime, caractère border line et tendance psychopathique".
16h10 - Il est doué "d'une intelligence normale" et "ne présente pas de troubles amnésiques", indique le psychiatre savoyard. Il estime qu'en terme de "pathologie", la "réalité de la dépression n'est pas évidente du tout", notamment pendant sa période dans l'armée. D'après le dossier médical de Nordahl Lelandais que le médecin a pu consulter, il estime que l'accusé avait surtout eu "des problèmes d'adaptation et d'importants problèmes de discipline". Et s'il a quitté l'armée, "ce n'est pas en raison de sa blessure due à une fléchette mais parce qu'il a été réformé P4". "Il n'y avait qu'avec les chiens qu'il avait un comportement adéquat", déclare l'expert.
16h - L'audience reprend avec l'audition de Patrick Blachère, expert psychiatre, représentant un second collège d'experts ayant rencontré Nordahl Lelandais.
15h - L'avocat de la famille Noyer, Me Bernard Boulloud a dit ne pas croire du tout au caractère "fragile" de Nordahl Lelandais. "Soit disant, il souffre et cette souffrance ne lui permet pas de dire la vérité parce qu’il risque de se suicider".
Pour l'avocat, Nordahl Lelandais "joue un jeu. Les experts l’ont bien dit, pendant leurs entretiens, il a essayé de les manipuler, d’être le maître du jeu. Il joue et il jouit, il veut rester le dominant. Il ne dira pas la vérité. Il veut sauver sa peau".
14h50 - A la pause, Didier Noyer, le père d'Arthur Noyer a estimé que les déclarations des experts au cours de la matinée "corroboraient" ce qu'il pensait de Nordahl Lelandais. "Cela a tendance à conforter ce que je crois", a-t-il simplement déclaré.
14h40 - L'audience est suspendue, elle reprendra à 16h.
14h32 - L'avocat de l'accusé pointe que le rapport d'experts qui vient d'être présenté devant la cour rend des conclusions en partie opposées à celle d'un autre rapport qui doit être présenté cet après-midi. Le psychiatre va rester lors de la prochaine audition pour être réinterrogé sur ce point.
14h22 - Me Alain Jakubowicz interroge l'expert psychiatre sur la consommation de cocaïne de Nordahl Lelandais. Cela "ne suffit pas à altérer le discernement", tranche François Danet. "Pour que l’ingestion de certaines substances conduise à un délire, encore faut-il être psychotique. M. Lelandais n’est pas un sujet délirant", explique-t-il.
14h08 - En 2017, année de la mort d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais ne présentait pas de signes cliniques d'une dépression, selon le Dr François Danet. Ce dernier met pourtant en avant "un vécu dépressif avant les faits", a rappelé l'avocate générale.
13h55 - L'accusé a expliqué aux experts avoir vu Arthur Noyer revenir en Maëlys. L'avocat des parties civiles, Me Boulloud, demande s'il ne s'agit pas d'une "manipulation".
"La manipulation existe chez M. Lelandais mais pas uniquement dans ce paragraphe, dans la façon dont il essaye de contrôler tous nos entretiens. Oui, il y a une part de manipulation, répond François Danet. Ce n’est pas strictement utilitaire, c’est pour ne pas perdre la face. Comme si la face tombait réellement, c’est au-delà de la honte, du sentiment de culpabilité. N’oublions pas cette part psychique."
13h42 - "On marche sur des œufs", reconnaît le Dr François Danet au sujet de Noradhl Lelandais. "Le souci, c’est que les stratégies pour communément aller mieux sont dangereuses pour lui. Le cheminement par le biais d’un dévoilement affectif, chez lui, est dangereux."
13h30 - Fin 2016, période où Nordahl Lelandais dit entrer dans une "année noire", le psychiatre note "un tournant dans la recherche de sensations fortes qui s’accroît, qui devient majeur". Sa consommation d'alcool et de stupéfiants va augmenter à partir de ce moment.
13h25 - Le Dr Danet présente des hypothèses émises par le collège s'experts sur les motivations de Nordahl Lelandais. Il pourrait s'agir d'un "acte colérique" ou d'un "acte sadique", mais ce ne sont "que des arguments hypothétiques" car l'accusé n'a pas parlé "de ses affects".
13h15 - En clair, Nordahl Lelandais "risque d’aller trop mal s’il livre trop d’éléments" car "il n’a pas les ressources émotionnelles pour parler de ces éléments".
13h12 - François Danet insiste sur "l'autoprotection narcissique" mise en place par l'accusé. "Nous n’avons pas pensé que M. Lelandais dissimulait (les faits dans l'affaire Noyer, NDLR) à des fins utilitaires, pour faire une peine de prison moins longue. Le risque, c’est l’effondrement dépressif et le risque suicidaire. S’il y avait des facteurs extérieurs qui conduisaient à des preuves, il peut factuellement dire que les faits se sont déroulés. Quand des faits lui sont amenés d’un point de vue rationnel, il n’y a pas de soulagement émotionnel en avouant. Nous avons exprimé notre très vive inquiétude concernant M. Lelandais car il est dans un dilemme très complexe."
13h - L'expert n'a pas décelé de pathologie mentale chez Nordahl Lelandais mais une "dangerosité criminologique". "On voit bien qu’il dit très peu de choses concernant ses motivations, qu’elles soient conscientes ou inconscientes. Il ne décrit ni motivations sexuelles, ni non sexuelles. Il dit très peu de choses du fait de ce risque d’effondrement", complète François Danet. "Il faudra que ces deux parties de sa personnalité qui cohabitent sans vraiment se rencontrer finissent pas se rejoindre" même si cela causera dans un premier temps "un effondrement psychique majeur".
12h52 - François Danet met en avant le "risque d'envahissement par un état dépressif et des idées suicidaires" chez Nordahl Lelandais. "S’il avance dans le sens d’une parole authentique, dans son cas singulier, le risque est qu’il s’effondre", explique l'expert qui développe : "S’il s’ouvre, il risque de s’effondrer. S’il se ferme, il peut maintenir un état de bien-être. Mais s’il se ferme, il n’y aura pas de cheminement."
Le psychiatre évoque également la personnalité "perverse" de l'accusé. "D’un côté, ce monsieur a des comportements adaptés qui fonctionnent en respectant un certain nombre d’interdits, faisant qu’il peut apparaître sympathique." Mais il y a un "clivage" avec une "dimension manipulatrice" qui peut prendre le dessus.
12h39 - L'expert commence à relater les faits sur l'affaire Maëlys, mais Alain Jakubowicz conteste. Ce deuxième rapport ne figure pas dans le dossier d'instruction sur le meurtre d'Arthur Noyer. Le président demande à François Danet d'écourter ce passage.
12h23 - L'expert retrace le parcours de vie de Nordahl Lelandais. Durant sa scolarité, il a connu des "troubles de la concentration sans agitation".
12h17 - François Danet, expert psychiatre, est appelé à la barre pour présenter un rapport émis par un collège d'experts.
12h13 - L'audience reprend.
11h47 - L'audience est suspendue et reprendra à 12h10.
11h44 - Alain Jakubowicz : "Diriez-vous que Nordahl Lelandais présente une personnalité associale ? Et si oui sur quels critères ?"
Hélène Dubost : "Non, c'est quelqu’un qui a beaucoup de potes, qui doit être assez apprécié. Il a des relations amicales mais sur le plan des relations affectives, dès qu’il y a une modalité de dépendance, il présente une grande vulnérabilité."
11h33 - Nordahl Lelandais a déclaré aux expertes qu'Artur Noyer "ne méritait pas de mourir" en s'excusant auprès des familles de victimes. Me Jakubowicz demande à la psychologue si ces propos étaient sincères. "Est-ce que c’est authentique ? En tout cas, il l’a dit. Est-ce qu’il le ressent profondément ? Je ne sais pas", répond Hélène Dubost.
11h23 - Après ses aveux dans l'affaire Maëlys, Nordahl Lelandais s'est effondré devant les expertes. "Est-ce que vous avez vu là quelqu’un qui feint, qui manipule, ou vous avez vu un homme nu dont le masque est tombé et qui là est authentique ?", demande Me Jakubowicz.
Magalie Ravit : "Il était mal, il avait été une partie de la nuit sur les lieux. J’ai vu un homme qui était ailleurs, qui était absorbé, pétri d’angoisses. J’imagine qu’il devait refaire le chemin de ce qu’il s’était passé pendant la nuit et réaliser le chemin qu’il allait emprunter. Pour le coup, lorsque je l’ai rencontré, je me souviens qu’il pleurait, il était très mal. Il pensait beaucoup à la famille de Maëlys et à la famille Noyer."
11h16 - L'avocat de Nordahl Lelandais, Me Jakubowicz, prend la parole. "En vous entendant, pardon de le dire, on a l’impression que vous n’êtes pas totalement en phase, que vous ne parlez pas forcément du même homme", juge-t-il. Il s'adresse à Hélène Dubost : "On a l’impression que votre appréciation n’est pas la même, on a l’impression, Mme Dubost, que vous n’aimez pas Nordahl Lelandais."
Hélène Dubost : "Un expert n’est pas là pour aimer ou ne pas aimer. On est là pour écouter un sujet et restituer la compréhension que l’on peut en avoir. L’expertise, c’est quelque chose de compliqué, je l’ai fait comme je le fais habituellement. Je n’ai pas éprouvé de l’affect ou l’inverse pour M. Lelandais. Je ne partage pas du tout votre avis."
11h06 - Me Boulloud demande aux expertes pourquoi Nordahl Lelandais a multiplié les versions dans les différentes affaires dans lesquelles il est impliqué. "Le mensonge, c’est son fonctionnement, estime Hélène Dubost. Il est dans la dissimulation. Il y a la face extérieure, le Nordahl Lelandais que l’on voit, et celui qu’il est en intérieur, qui n’est pas tout à fait en adéquation. Il peut manipuler, c’est son fonctionnement. Il joue ou se déjoue, il attend que les enquêteurs apportent les preuves. Il a beaucoup de mal à parler en son nom propre. C’est quelqu’un qui attend. Il y a peut-être une forme de jouissance."
11h - L'avocat de la famille Noyer, Me Boulloud, interroge les expertes. Il se demande si la prise de cocaïne et d'alcool a pu provoquer l'idée chez Lelandais qu'Arthur Noyer l'avait agressé "même si ce n'est pas ce qu'il s'est passé". "Je n’ai pas l’impression que la cocaïne mobilise ce vécu de persécution. Par contre, c’est quelque chose qui speede", répond Magalie Ravit.
10h51 - Nordahl Lelandais dit avoir été bloqué par la surmédiatisation autour des affaires dans lesquelles il est impliqué. "C’était le support de la critique et il s’en nourrissait, juge la psychologue. Ca lui a offert une scène narcissique très bénéfique pour lui. A l’époque où je l’ai rencontré, on ne parlait que de lui. Il était au centre des discussions, des informations et c’était très narcissisant. Ca donnait d’un autre côté de quoi critiquer."
10h45 - "Il tente toujours de maîtriser ses émotions, que l’autre ne lui échappe pas", poursuit Hélène Dubost. Mais depuis la mort de Maëlys De Araujo et Arthur Noyer, Nordahl Lelandais dit avoir des hallucinations. "Je pense que quand il est en face de Maëlys et qu’il voit Arthur Noyer, on peut l’entendre. J’ai l’impression qu’il y a une espèce de personnalité très vulnérable en face de lui. Il dit qu’il se sent agressé, mais ce n’est pas qu’il est agressé. C’est le retour de cette expérience traumatique qui fait qu’il se sent envahi de l’intérieur. Quand il dit qu’il a des formes d’hallucinations, j’interprète ça comme une réminiscence d’expériences traumatiques", explique la psychiatre Magalie Ravit.
10h36 - Les expertes ont remarqué une césure après ses aveux dans l'affaire Maëlys. "Son monde s’est écroulé, estime la psychiatre. Il est pris par des réminiscences. Toute cette histoire-là qui revient alors qu’il essayait d’être animé par des choses du quotidien. Il dira qu’il est très touché par les parents d’Arthur Noyer, de Maëlys. Il était très très abattu. Il s’est montré sous cet aspect de vulnérabilité qu’il essaye de combattre." Hélène Dubosc juge qu'il a tenté "de se préserver au maximum jusqu’à ce que les preuves lui soient amenées par les juges, et peut-être jouir de tout ça."
10h30 - Nordahl Lelandais a été décrit par ses amis comme quelqu'un de drôle, fêtard, sociable. La psychologue a noté ce trait lors de ses entretiens avec l'accusé. "En surface, on pouvait penser qu’il était relativement comme tout le monde. Sauf que sous cette apparence, ce vernis, il y a une personnalité beaucoup moins organisée", estime Hélène Dubosc. Mais "si on regarde son parcours, il n’a jamais rien construit véritablement, ni au plan scolaire, ni au plan affectif, ni au plan professionnel. Il était un petit peu en errance." Elle évoque "quelqu’un qui a besoin de vérifier qu’il est en vie, dans une sorte d’excitation permanente. Il consomme des femmes, des hommes, comme s’il avait besoin de se sentir vivant pour éviter de s’effondrer sur le plan narcissique. Il a besoin de ça pour se sentir vivant."
10h21 - La cour revient sur le parcours de Nordahl Lelandais dans l'armée, au sein d'une brigade cynophile. "L’armée, c’est un mode d’appartenance très fort", explique la psychiatre. "Il y a quelque chose d’indéfectible qui est mobilisé." Et son départ de l'institution a été "une très grande déception" pour Magalie Ravit, "une grosse blessure narcissique", pour Hélène Dubost. "Ca lui offrait un cadre. Il avait ses chiens, ce cadre rassurant de tout point de vue."
10h15 - Le président questionne Hélène Dubost sur le père de Lelandais, relativement effacé de son éducation. Cela peut-il avoir une incidence sur la structuration de sa personnalité ? "Ce qui fait beaucoup de bruit, c’est le silence autour du père, ce qu’il pouvait dire, c’est-à-dire pas grand-chose, remarque-t-elle. Ca ne discutait pas dans cette famille, ça ne dialoguait pas. Les mensonges, les ambivalences. Il y a cette mère assez prégnante et ce père effacé. Dans l’enfance, il rapporte des randonnées en montagne avec son père, il parle de faits, il ne parle pas d’échanges, de dialogues, de disputes. C’est relativement absent de son discours. Il s’est identifié à un père relativement absent. Il a fait un peu ce qu’il a voulu comme il a voulu. Il n’y avait que la mère qui était plus présente, envahissante."
10h05 - Les expertes répondent aux questions de la cour. Hélène Dubost revient sur la personnalité de Nordahl Lelandais, "quelqu’un qui est dans le contrôle, dans la maîtrise, dans une quête narcissique constante". "Il scrute les effets que ses paroles peuvent avoir sur les experts. C’est habituel mais plus spécifique chez M. Lelandais. Cette tentative de maîtrise et de contrôle cache une fragilité. Il a besoin de déployer encore plus de ressources psychiques pour éviter l’effondrement psychique, le vécu d’abandon. Il compense, il évite absolument de se retrouver face à un gouffre", relève-t-elle.
9h54 - Magalie Ravit remarque chez Lelandais des "éléments de déni", une "anxiété très forte dans les modalités relationnelles". "On comprend mieux pourquoi, du côté des chiens, il y a l’idée de ne jamais être déçu, être aimé pour toujours et à jamais", estime la psychiatre. Elle décrit une "personne qui est sur une surenchère d’excitation pour maintenir un niveau de tension fort d’une vie qui va à 100 à l’heure, pour être dans une dynamique de toute-puissance."
9h48 - A la psychiatre, Nordahl Lelandais a reconnu des attouchements sur deux petites cousines alors que celles-ci dormaient. L'experte note une attirance sexuelle "pour tout ce qui est nouveau et pour la découverte", évoquant notamment ses relations homosexuelles alors que l'accusé dit ne pas avoir d'attirance pour les hommes.
9h45 - Elle décrit une "personne qui lutte en permanence contre des états de vulnérabilité très forts", quelqu'un de "très sensible à la perte et à la séparation qui va se consoler avec biens d’attachement, notamment avec les chiens". Magalie Ravit parle de "modalités affectives clivées" chez Lelandais qui "ressent des éléments de grande vulnérabilité" et essaye de les enrayer, notamment avec "des produits d'addiction". Il "donne l'illusion d’efficacité qui permet d’éradiquer les modalités affectives où se sent vulnérable".
9h38 - "Il se décrit comme quelqu’un de généreux, de gentil (...) et se décrit comme impulsif", poursuit la psychologue en passant la parole à sa consœur, Magalie Ravit, psychiatre. Cette dernière a rencontré l'accusé après la reconstitution dans l'affaire Maëlys lors de laquelle le corps de la fillette a été retrouvé. Il était alors "écroulé", "effondré sur le plan narcissique". "Jusqu’à ce moment-là, il avait l'impression d’assister à sa vie plus que de vivre sa vie avec la médiatisation des affaires. (Après la reconstitution) il mesurait ce qu’il s’était passé et il avait des retours d’images de la reconstitution", relève-t-elle.
9h30 - Hélène Dubost parle des "nombreuses relations" amoureuses de Nordahl Lelandais "avec de multiples femmes qu’il dit avoir toujours bien traitées". "La question de la séparation est particulièrement déstabilisante et douloureuse pour lui."
9h27 - La psychologue note une "identification aux chiens importante" chez Nordahl Lelandais. Il avait deux chiens, Caline et Tyron, "l'amour de sa vie". "Le chien est un animal qui fait partie de moi", lui a confié l'accusé, décrivant un "véritable amour pour les chiens".
9h25 - L'accusé a d'abord reconnu son implication dans la mort de Maëlys De Araujo avant celle d'Arthur Noyer. "Il se présente comme victime d’Arthur Noyer et il se serait défendu", relève Hélène Dubost, qui cite une remarque de Lelandais au sujet de la bagarre qui aurait éclaté avec le jeune militaire : "Il s’est bien défendu". La psychologue remarque que le trentenaire "veut toujours donner une bonne image de lui-même".
9h20 - Hélène Dubost, psychologue clinicienne à Lyon, prend d'abord la parole. Elle a réalisé cette expertise psychologique avec trois autres psychologues et psychiatres. Mme Dubost décrit Nordahl Lelandais comme quelqu'un de "distant et froid, attentif aux questions et aux notes que je prenais, rectifiant s’il considérait que je n’avais pas noté ce qu’il fallait". Quelqu'un "qui ne s’exprime pas de manière spontanée".
9h12 - L'audience commence en ce sixième jour du procès de Nordahl Lelandais. Des experts psychologues et psychiatres qui ont réalisé une expertise de l'accusé sont notamment attendus à la barre.
8h20 - L'intérêt du public pour le procès ne se dément pas. Plusieurs dizaines de personnes attendent sous le pluie de pouvoir entrer dans le palais de justice. Pour mémoire, en raison des conditions sanitaires, la salle d'audience ne peut accueillir qu'une vingtaine de personnes du public ainsi que six journalistes. Une deuxième salle, la salle du Sénat de Savoie, dans laquelle l'audience est retransmise, est également à disposition avec cette fois 50 places.
Procès Lelandais : le public est à nouveau au rendez-vous et patiente sous la pluie devant le palais de justice. Suivez la deuxième semaine d’audience à partir de neuf heures dans notre DIRECT. https://t.co/vq7TwhqP4a pic.twitter.com/g8ZsGi1Env
— France 3 Alpes (@f3Alpes) May 10, 2021