Depuis le mois de janvier, à la maison d’arrêt de Chambéry, les détenus peuvent participer à un atelier de couture. Un travail rémunéré avec des horaires précis. L’occasion pour eux de préparer leur sortie et leur réinsertion.
À la maison d’arrêt de Chambéry, en Savoie, les détenus peuvent depuis le mois de janvier participer à un atelier de couture. Ce matin-là, ils sont une dizaine environ, tous volontaires. "C’est important de le souligner, on n'oblige personne à venir à l’atelier. Il y a des conditions particulières et à partir du moment où une personne détenue fait état de sa candidature et est motivée pour intégrer l’atelier, nous l’intégrons et nous le formons", explique Linda Djezar, la coordinatrice insertion.
Tous sont fiers de montrer ce qu’ils savent désormais faire : "J’avais une certaine habilité avec mes mains mais la couture, je ne savais pas faire", nous dit Rémy, l’un des participants. Son geste est précis et appliqué. Car depuis huit mois, il participe à l’atelier de confection de couches lavables au sein même de la prison.
Apprendre à être un salarié
Ici, les détenus sont des opérateurs. Ils ont appris l’utilisation des machines, les différentes techniques de couture et d’autres choses bien plus importantes : "C’est l’un de mes premiers travails. Je ne connaissais pas le monde du travail et là, j’ai appris à me lever le matin, à respecter des consignes, à respecter les supérieurs et ça me plaît. On a eu une pause de dix jours et franchement, ça m’a manqué", nous dit Mehdi, détenu à la maison d'arrêt de Chambéry.
Les opérateurs commencent à 7 heures du matin et sont derrière leur machine à coudre jusqu’à 13 heures du lundi au jeudi et pour cela, ils perçoivent un salaire."Trouver un rythme, c’est super bien et aussi d’avoir un salaire en détention, de pouvoir aider un peu ma famille, d’envoyer un peu de sous ça, c’est super", confie Bilel, un détenu qui participe à l’atelier.
Ce qu’ils apprennent ici, c’est aussi le savoir-être, très important en entreprise : "Pour certains d’entre eux, ils n’ont jamais travaillé avant, alors on apprend à se comporter en tant que salarié, on arrive à l’heure, on apprend le vocabulaire. Dans le monde professionnel, le savoir-être, c’est très important. C’est 60 % de ce que demande un employeur à un salarié", ajoute Linda Djezar.
Préparer la sortie
Au-delà d’un travail, c’est l’opportunité pour certains d’entre de reprendre confiance en eux, de se sentir valorisé. Chaque opérateur est accompagné individuellement pour préparer sa réinsertion. Car à la maison d’arrêt de Chambéry, les détenus purgent de courtes peines. "Si on veut éviter la récidive, le meilleur moyen, c’est de préparer la sortie, notamment par le biais du travail pénal", nous dit Franck Lamoline, chef d'établissement de la maison d'arrêt de Chambéry.
Certains ont déjà obtenu des entretiens d’embauche en vue de leur sortie. Pour d’autres, cet atelier leur a suscité l’envie d’avoir des projets. "Quand je vais sortir, je compte chercher un travail dans la cuisine. J’aime beaucoup ce métier, j’aime beaucoup cuisiner", conclut l’un des détenus. À la sortie, il s’agira de mettre en pratique les enseignements de cet atelier.