Procès Lelandais : le public toujours plus nombreux, "on a envie de connaître la suite, comme dans une série"

Etudiants, connaissances de la victime ou simples curieux, certains patientent dès 5h30 du matin pour espérer décrocher une place dans la salle d'audience. Depuis le début du procès Lelandais, l'intérêt du public va croissant. Tous veulent se faire leur propre idée sur le drame jugé à Chambéry.

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Chaque matin plus nombreux, ils viennent chercher "la vérité, la vraie vérité". Depuis lundi, le public se presse en nombre devant le palais de justice de Chambéry pour assister au premier procès de Nordahl Lelandais devant les assises.

Ce jeudi 6 mai, ceux qui ont pu entrer dans la salle des assises pour 9H00 étaient là dès 5H30. Anthony, 31 ans, est arrivé à 6H00 pour "voir la tête du prévenu."  Il était déjà là lundi matin, c'était la première fois qu'il mettait les pieds dans un tribunal. "Plus l'affaire avance, plus ça piétine, mais ça donne envie d'y aller!", explique-t-il derrière les barrières, attendant d'obtenir un sésame pour la salle d'audience - il y parviendra. Mercredi, il était "tombé en larmes" lors de l'audition des témoins.

Anthony habite à 15km de Domessin, l'ancien domicile de Nordahl Lalandais, il a "posé des jours" pour venir au procès. "A chaque fois qu'on passe à Pont-de-Beauvoisin (où la petite Maëlys a vécu ses dernières heures en 2017), on y pense", et puis, à 31 ans aujourd'hui, "j'avais le même âge qu'(Arthur Noyer), on s'identifie par rapport à son histoire."

Derrière lui dans la file, ils étaient une centaine à patienter jeudi matin. Ils n'étaient encore que 20, peut-être 30 lundi, mais la fille s'allonge au fil des jours pour assister à ce procès pour le meurtre d'Arthur Noyer, qui doit se poursuivre jusqu'au 12 mai. Peut-être au-delà si les audiences se prolongent.

Le palais de justice de Chambéry, qui n'avait jamais vu une telle affluence, a mis en place une rotation du public par demi-journées. Chaque matin et début d'après-midi, le tribunal laisse entrer une quinzaine de personnes dans la salle d'audience, une vingtaine dans la salle de retransmission : les jauges sont limitées en raison de l'épidémie de Covid-19. "La justice, elle est publique, elle doit être rendue publiquement, il y a pas de raison que certains puissent se réserver une place et être là tout le temps, et que d'autres soient moins légitimes à venir assister à l'exercice de la justice", explique à l'AFP Nathalie Hermitte, magistrate référente presse de la cour d'appel, qui organise les assises.

Autour de ce procès hors norme, le palais de justice s'est adapté. "Il y a des chambres civile de la cour d'appel, il y a le tribunal judiciaire, il y a le conseil de prud'hommes, qui travaillent tous ici, et toute l'activité, évidemment, ne s'est pas arrêtée", ajoute Mme Hermitte.

Au bout de la file, Caroline, 34 ans, avait connu le frère d'Arthur Noyer quand elle habitait près de Bourges. Ce matin, elle a fait une heure de voiture pour "voir comment ça se passe, tout bêtement", elle qui n'est jamais rentrée dans un tribunal non plus. Arrive-t-elle avec une conviction ? "Je pense que la vérité, seul Arthur et Nordahl la connaissent."

 

"On sait qu'il y a encore des zones d'ombres"

L'accusé "a donné sa version, voilà, on sait qu'il y a encore des zones d'ombres et je trouve que c'est important de savoir vraiment quelle est la vérité, la vraie vérité," ajoute de son côté Nicolas Garcia, assistant d'éducation de 28 ans.

Sont aussi présents des élèves avocats et des étudiants en droit venus observer les personnages du procès : le président, François-Xavier Manteaux, l'avocate générale, Thérèse Brunisso, tous les deux en robe rouge, et les avocats, tout particulièrement Alain Jakubowicz, conseil de l'accusé, ténor du barreau mais muet devant la presse, à l'inverse de son confrère des parties civiles, Me Bernard Boulloud.

Si une poignée de caméras se sont éclipsées depuis les premiers jours, la presse demeure très présente, occupant une moitié de la grande salle du Sénat de Savoie, où est retransmise l'audience.

Dans la file, au pied de ce vieux bâtiment aux murs austères, Emma, 20 ans, avait croisé des militaires en avril 2017 dans un lac de la région, "ils cherchaient leur collègue" Arthur Noyer. Depuis, elle suit l'affaire, "sur internet, on note Lelandais, on a tout en direct."

Sa copine Coline, 20 ans, qui vit aussi près de Chambéry, sèche ses cours de terminale en visio depuis le début de la semaine pour venir "par curiosité, surtout que ça vient de chez nous", explique-t-elle, avant d'ajouter : "une fois qu'on se met dedans, on a envie de connaître la suite, comme dans une série."

 

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