La fontaine des éléphants aussi appelée "les 4 sans cul" est le monument phare de Chambéry. Quelle est l’histoire de ces éléphants ? Comment sont-ils arrivés là ? Contrairement aux idées reçues, cela n’a rien à voir avec la traversée des Alpes d’Hannibal.
La fontaine des éléphants trône au cœur de Chambéry depuis 1838. Elle est devenue au fil des ans l'emblème de la ville. Une partie de sa notoriété vient de son surnom : "les 4 sans cul" qu'elle doit justement au fait que les 4 éléphants qui ornent la statue sont dénués de postérieur.
Un monument phare
Depuis sa construction, la fontaine est le point de ralliement des Chambériens. "Cette statue a traversé les moments heureux et malheureux de Chambéry résume Jacques Viout de la Société des amis du Vieux Chambéry, avant de se lancer dans un inventaire : "Lorsque le 24 avril 1860 nous devenons Français, on se rassemble où ? Autour de la fontaine des éléphants... Trois mois plus tard, c'est l'arrivée de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, le cortège impérial arrive où ? A la fontaine des éléphants... Le 1er août 1914, alors que toutes les cloches de la ville sonnent le tocsin, c'est l'entrée en guerre, la population se retrouve où ? Autour des éléphants..."
Aujourd'hui encore, les éléphants vivent au rythme des événements que traverse la ville. Et s'habillent de couleurs en fonction de l'actualité du moment. En jaune et bleu en soutien à l'Ukraine, ou illuminés de rose pour soutenir "octobre rose" (la campagne de prévention contre le cancer du sein), etc. "Quand on a eu le Tour de France en 2017, une couturière est venue les habiller de jaune et de maillots à pois. Ça a fait beaucoup parler, se souvient Julie Chavaribeyre de l'Office de Tourisme de Chambéry, la même année, avec ce même enthousiasme on les a habillés en rouge aux couleurs de Noël".
Pourquoi des éléphants à Chambéry ?
Aujourd'hui, "ils font partie des murs" comme on dit mais comment ces éléphants sont-ils arrivés à Chambéry ? Beaucoup pensent qu'ils sont une évocation de la traversée des Alpes d'Hannibal Barca . Un chef de guerre légendaire qui, en 218 avant J-C, a marché vers l'Italie avec une armée de 40 000 hommes et 40 éléphants !
"Ce ne sont pas du tout les éléphants d'Hannibal, corrige Julie Chavaribeyre, ces éléphants ont un lien particulier avec le général de Boigne, cette personne qui trône tout en haut de la statue perchée à 18 mètres de hauteur."
Après une brillante carrière militaire en Inde, le général de Boigne fait don d'un tiers de sa fortune à la ville. Une somme colossale qui permet d'énormes travaux. "Il va faire percer au centre de Chambéry cette grande rue qui porte son nom et qui conduit au château détaille Jacques Viout, il va faire construire le théâtre, beaucoup d'établissements qui vont recevoir des blessés, des personnes âgées, il va doter les sapeurs-pompiers... Sa fortune va servir à toutes les institutions chambériennes".
Résultat, quand Benoît de Boigne décède en 1830, les Chambériens veulent lui rendre hommage. Un concours est lancé pour ériger un monument en son honneur. Et sur les 17 projets proposés à la ville, celui du Grenoblois Pierre-Victor Sappey a été choisi pour son originalité... et son coût modéré.
Des éléphants toujours debout
A l'aide de leurs trompes monumentales, les éléphants crachent inlassablement de l'eau dans le bassin octogonal de la fontaine. Ils semblent indestructibles. Mais, même s'ils ont été épargnés par le bombardement de Chambéry le 26 mai 1944 alors que tous les bâtiments autour étaient détruits, ils n'ont pas résisté à l'usure du temps.
La fontaine des éléphants a fait l'objet de plusieurs restaurations de plus ou moins grande importance depuis son édification. Et en 2014, une restauration complète a été nécessaire. Pour la première fois, les éléphants ont quitté Chambéry pour être refondus. Leur départ a créé l’événement. Et pour masquer le manque, des tentures ont été installées montrant pour la première fois le cul de ces fameux éléphants qui n'en ont pas !