Covid-19 : l'inexplicable flambée des contaminations en Savoie, département le plus touché par l'épidémie

Les contaminations au coronavirus ont brutalement augmenté en Savoie, dépassant largement le seuil atteint lors de la première vague. Les malades affluent dans les hôpitaux, sans que cette situation ne puisse être expliquée.

Avec 1 167 cas positifs pour 100 000 habitants, la Savoie présente une incidence du coronavirus 2,5 fois plus élevée que la moyenne nationale. Ce qui l'a hissée au premier rang des départements les plus touchés par le Covid-19 en France. Un afflux brutal de malades dans les hôpitaux qui reste difficile à expliquer.

"On est en tête du hit-parade et on aimerait bien avoir une explication rationnelle et évidente", soupire le Dr Olivier Rogeaux, infectiologue au Centre hospitalier Métropole Savoie (CHMS). Car au printemps, la Savoie avait été peu impactée. Au plus fort de la première vague, 127 malades y étaient hospitalisés pour covid, contre 448 à ce jour, alors que la deuxième vague n'a pas atteint son pic. Et 127 morts sont déjà à déplorer à l'hôpital contre 68 au printemps, ainsi que 32 en Ehpad contre 31.

"On a une population semi-rurale ; nos plus de 65 ans sont plutôt en bonne forme et par rapport à l'Alsace qui avait été touchée de plein fouet, on a moins d'obèses, de diabétiques, d'hyper-tendus", se souvient le Dr Emmanuel Forestier, chef du service infectiologie au CHMS. Depuis "notre population n'a pas changé", souligne le praticien, perplexe.

 

"Les gens minimisent la gravité de l'infection"


Le tourisme et les vacanciers estivaux ont été mis hors de cause car la situation est restée calme jusqu'à la mi-septembre. Et les stations de ski n'ont pas encore ouvert. Alors les infectiologues avancent un faisceau d'indices : un "effet région" car le virus circule fort en Auvergne-Rhône-Alpes. Le département est aussi proche du canton de Genève où le taux d'incidence atteint plus de 2 000 cas pour 100 000 habitants. D'ailleurs, la Haute-Savoie, directement limitrophe de la Suisse, talonne la Savoie en haut du classement avec 1 146 cas pour 100 000 habitants.

"L'effet couvre-feu et le confinement ne se sont pas encore fait sentir" alors qu'à Grenoble, Lyon ou Saint-Etienne, où ces mesures ont été enclenchées plus tôt, on constate une stabilisation de l'épidémie. Les "failles" identifiées sont surtout le manque de respect des gestes barrière avec la famille ou les amis et lors des temps de pause au travail.
 
"La première vague a fait peu de dégâts ici. Donc, les gens minimisent la gravité de l'infection, alors que le nombre de morts est déjà plus important", rappelle le Dr Rogeaux. Par comparaison, "l'Italie du Nord garde un traumatisme fort et les gestes barrières sont mieux appliqués"

Même au sein de la cellule régionale de Santé publique France, réunie mardi après-midi, on est en panne d'explications. "La situation de la Savoie ne s'explique pas à ce stade par des spécificités significatives", confie le délégué Savoie de l'Agence régionale de santé (ARS), Loïc Mollet.

Face à une "très forte augmentation de patients", le Dr Philippe Dalmon, directeur médical de crise, ne fait pas de la recherche du 'pourquoi' sa priorité. Pour lui, ce qui importe c'est "le 'comment' on va affronter cette vague". "On est vraiment dans le dur, l'hôpital est en tension forte et au maximum de ses capacités", abonde le directeur général de l'établissement Florent Chambaz.

 

Nouveaux transferts


Les enseignements organisationnels du printemps combinés à la meilleure connaissance du coronavirus ont toutefois permis de mieux anticiper. De 18, les lits de réanimation ont été portés à 41, grâce aux déprogrammations d'opérations. Et surtout, les transferts de malades permettent de garder des lits disponibles.

Ainsi, six patients sont partis la semaine dernière à Saintes et Nancy, deux lundi à Bordeaux et quatre mardi à Nantes. "Il est probable qu'il y en ait d'autres cette semaine et la semaine prochaine", ajoute le représentant de l'ARS.
 
Des unités de soins continus sont activés dans tous les hôpitaux et cliniques du département, pour laisser la réanimation au CHMS. Et pour pallier le manque de soignants, dont certains sont malades, le CHMS s'en fait "prêter" par les cliniques.

Les volontaires de la première vague sont rappelés, ainsi que les jeunes retraités et les étudiants infirmiers et aides-soignants. Sans compter les cadres et médecins qui aident les aides-soignants ou changent de service. "Le seul cadeau que l'on attend de la population, c'est qu'elle respecte le confinement", supplie le Dr Dalmon.  

 
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