Fer de lance de la fabrication de silicium, le groupe FerroPem, notamment implanté à Montricher-Albanne et La Léchère en Savoie, est impacté par une crise mondiale. Une partie des salariés vont être mis au chômage partiel, une réunion de crise s'est tenue à Bercy mardi.
Dans la vallée de la Maurienne, l'usine de Montricher-Albanne (Savoie), propriété depuis 2005 du groupe américano-espagnol FerroGlobe, tourne au ralenti depuis mardi 8 octobre. Cette forteresse industrielle centenaire qui a vu se succéder des générations d'ouvriers pâtit de la crise du silicium, matière première dont elle produit près de 30.000 tonnes par an. L'effondrement du cours du silicium, qui entre dans la fabrication du silicone ou des panneaux solaires, a précipité la mise au chômage partiel de 60 des 150 salariés jusqu'en avril 2020.
"Il y a eu des choix un petit peu hasardeux de la part du groupe, des achats d'actifs qui n'étaient pas forcément nécessaires, et ça nous a mis en difficulté, estime Xavier Marmi, délégué CGT chez FerroPem. On se retrouve dans cette situation où on a une usine qui fonctionne très bien, avec de très bons résultats techniques mais face aux difficultés de trésorerie du groupe, on se retrouve obligés d'arrêter deux fours pendant 6 mois".
Réunion de crise
Pour répondre aux inquiétudes grandissantes des salariés, une délégation composée de responsables syndicaux et d'élus a été reçue au ministère de l'Economie et des finances mercredi 9 octobre. Parmi eux, deux députés savoyards sont venus interpeller l'Etat pour qu'il demande des comptes à la multinationale.
"Il faut que nous réussissions à avoir à nouveau de la trésorerie pour les sites français de la part du groupe pour passer cette difficulté, payer les sous-traitants, les fournisseurs et passer ce moment cyclique difficile", affirme Emilie Bonnivard, députée (LR) de Savoie.
Trois sites touchés en France
La concurrence déloyale du silicium chinois, dix fois plus taxé aux États-Unis qu'en Europe et le coût fluctuant de l'électricité pour cette industrie très énergivore menacent l'activité de l'entreprise. Le groupe a mis à l'arrêt certains de ses fours, et 150 salariés vont être mis au chômage partiel sur le site voisin de Chateaufeuillet à La Léchère, en Tarentaise, qui emploie 240 salariés. Dans le Gard, l'usine de Laudun-l'Ardoise est également impactée.
"Dans un contexte où l'économie est un peu essoufflée, on parle de -20% à -30% de consommation, quand on fait le cumul des deux, on arrive à une surproduction qui a toujours comme effet maléfique de faire chuter les prix au-delà du raisonnable", Roland Lastes, directeur du site FerroPem de Montricher-Albanne. Salariés et direction se sont réunis ce mercredi pour tenter de limiter l'impact social du ralentissement de la production des deux sites savoyards.