En suractivité et en manque de personnels : la situation problématique des kinés dans les stations de ski

En Savoie, les stations de ski souffrent d’un manque de kinésithérapeutes. À Méribel, ces derniers attendent toujours des réponses de leur demande d’assistants pour la saison à venir, auprès de la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM).

À chaque saison d’hiver, la station savoyarde de Méribel voit sa population multiplier par vingt. De 1 800 habitants à l’année environ, à près de 40 000 personnes. "En période de vacances, je vais refuser 5 à 10 personnes par jour", estime Christelle Dal Zotto, kinésithérapeute à l’année, depuis 17 ans dans cette station des 3 Vallées. "Après, ils vont appeler mes collègues dans d’autres cabinets en espérant qu’ils aient des rendez-vous rapidement. Mais en général, ce n’est pas évident."

Pour obtenir un renfort saisonnier, elle a fait une demande auprès de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM). Mais pour le moment, son dossier est toujours en attente de réponse. "Je ne sais pas si je suis seule ou si je vais avoir une kinésithérapeute pour travailler avec moi. Ça fait 17 ans que je suis kiné à Méribel […] et depuis, j’ai toujours eu une assistante avec moi. Mon problème, c’est d’avoir des journées à rallonge, le fait de manger en express alors que mes journées sont longues. Et que les conditions de travail ne sont pas toujours simples, à cause du froid, à cause des déplacements, à domicile où il faut tout le temps déneiger et où les routes sont dangereuses."

Un système de zonage non adapté aux stations de ski

Cette situation floue empêche la kinésithérapeute/ostéopathe de se préparer de manière optimale à la saison, où deux types de populations viennent s’ajouter aux habitants à l’année : les saisonniers et les touristes. "Je dois savoir comment répondre à la demande de mes patients. [...] Je dois m’organiser avec les autres cabinets afin d’assurer leur soin."

Le problème qui se pose pour elle, et nombre de ses confrères en Savoie, est celui du système de zonage des masseurs-kinésithérapeutes, à l’échelle nationale. Il consiste à établir un nombre de praticiens par habitant, pour répondre à la demande des territoires les plus fragiles. Seulement, le calcul ne correspond pas à la réalité des stations de ski rapporte David Van Outryve, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeute de Savoie.

Quelqu’un qui est par exemple installé à Limoges, et qui est titulaire de son cabinet, devrait quitter son cabinet, le fermer pour remplacer, venir en renfort sur les zones touristiques.

David Van Outryve, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeute de Savoie.

"Le problème, c’est qu’on a pris le nombre de kinésithérapeutes saisonniers, kinés (à l’année) confondus, avec le nombre d’habitants. On s’est retrouvé avec un nombre anormal de kinésithérapeutes en station et un nombre faible de résidents à l’année." Pour Méribel, au total entre 15 et 20 kinés ont été comptabilisé pour 1200 habitants.

Pour régler le problème, la CPAM a établi un contrat d'exercice temporaire afin de résoudre le problème. "Sauf que pour être prétendant au contrat il faut être titulaire de son cabinet. Quelqu’un qui est par exemple installé à Limoges, et qui est titulaire de son cabinet, devrait quitter son cabinet, le fermer pour remplacer, venir en renfort sur les zones touristiques. Ce qui est un non-sens. Donc tous remplaçants classiques kinésithérapeutes, sur le plan national, qui tournent pour remplacer des confrères, ne peuvent pas le faire parce que ce contrat d’exercice temporaire est réservé au titulaire."

La caisse d’assurance maladie explique qu’il est impossible d’installer un nouveau kinésithérapeute dans une zone surdotée comme la Savoie, faute de départ.

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