Un plan de restructuration va toucher trois sites du producteur de silicium FerroPem en Isère et Savoie. Les syndicats craignent des suppressions d'emplois, ils ont entamé un mouvement de grève jeudi matin.
FerroPem ne parvient plus à sortir la tête de l'eau. Le producteur de silicium a été frappé de plein fouet, en fin d'année dernière, par l'effondrement du cours de la matière qu'il produit, puis par la crise du Covid-19. La filiale du groupe américano-espagnol Ferroglobe prévoit aujourd'hui un plan de restructuration, faisant craindre "des pertes d'emploi" aux syndicats.
Réduction des effectifs ? Fermetures de sites ? Le détail de ce plan n'a pas encore été communiqué par FerroPem, mais les partenaires sociaux affirment que trois établissements sur les six français seraient impactés : Montrichier et Chateau-Feuillet en Savoie, ainsi que le site des Claveaux en Isère. "Tout est envisageable aujourd'hui", selon le délégué syndicat CGT chez FerroPem.
La direction de Ferrogloble, par le biais de sa communication, n'emploie pas le terme de restructuration mais affirme qu'une "réflexion stratégique [est] à l'étude" et que celle-ci a été "partagé[e] avec les représentants du personnel". "Cette étude et ce plan ne sont pas encore finalisés et Ferroglobe souhaite collaborer et veille à préserver le dialogue social", précise la firme.
Une chute des cours du silicium a fragilisé la position financière de Ferropem
Le groupe Ferroglobe emploie 1 000 salariés en France, dont plus de 500 sur les trois sites qui seraient concernés par la restructuration. L'Etat a apporté son soutien à l'entreprise au plus fort de la crise en finançant des mesures de chômage partiel sur différents sites. Le producteur de silicium a accusé une baisse de la demande de 25% et une chute des cours de 30% entre début 2018 et fin 2019, ce qui a fragilisé sa position financière et le paiement de ses fournisseurs.
Malgré la crise sanitaire qui l'a encore fragilisé, FerroPem n'a pas souhaité recourir à l'activité partielle. Un choix que dénonce le délégué CGT, estimant que le groupe "va très certainement s'orienter vers des licenciements". Car pour recourir à ce dispositif, une entreprise doit s'engager à maintenir ses salariés dans l'emploi, au moins pour la durée de l'activité partielle.
"Un mode de gestion inapproprié"
Outre ces deux crises, la CGT pointe le "mode de gestion inapproprié" de la filiale française avec des "investissements conséquents qui ne sont pas avérés stratégiquement". FerroPem, filiale de FerroAtlántica, était leader mondial sur le marché du silicium. Si des suppressions d'emplois devaient intervenir, le délégué CGT s'inquiète du "contexte global", craignant de se retrouver "sur un marché du travail sans offre".
Un mouvement de grève a été entamé dans la matinée du jeudi 8 octobre. Il concerne les trois usines menacées par la restructuration ainsi que d'autres sites où toutes les installations ont été mises à l'arrêt. Le Parti communiste de Savoie a fait savoir, dans un communiqué, qu'il apportait tout son soutien aux salariés. A son initiative, un rassemblement est prévu devant la préfecture du département, à Chambéry, samedi à 15 heures, pour "soutenir l’emploi [face au] Monopoly capitaliste".