Depuis juin, une inquiétante épidémie de fièvre charbonneuse s'est déclarée dans certains élevages bovins des Hautes-Alpes. Cette maladie s'est déjà manifestée dans d'autres départements par le passé, tels que le Savoie et l'Isère.
Plus de 50 animaux morts dans 28 exploitations, bovins, ovins ou équidés: le département des Hautes-Alpes est confronté depuis le mois de juin à la plus importante épidémie animale de fièvre charbonneuse survenue en France depuis près de 20 ans. Ce n'est pas la première fois que la maladie touche cette région : au cours de la dernière décennie, plusieurs départements, dont l'Isère et la Savoie, avaient été affectés.
Transmise par des spores pouvant rester inactives pendant des dizaines d'années dans le sol, la fièvre charbonneuse, appelée anthrax en anglais, est transmissible à l'homme et potentiellement mortelle dans ses formes les plus rares.
Les premiers cas chez l'animal ont été observés cet été à Montgardin, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Gap, où six vaches ont été retrouvées mortes le 28 juin. En deux mois, la maladie s'est étendue à 13 communes, sur lesquelles les autorités sanitaires recensent 23 foyers distincts.
Dès qu'un foyer est confirmé, la préfecture prescrit la vaccination de tous les animaux concernés et des "mesures de blocage de l'exploitation" d'au moins 21 jours sont prises.
Les vétérinaires font cependant face à une pénurie temporaire de vaccins, le laboratoire espagnol qui les produit étant fermé au mois d'août, et traitent en priorité les troupeaux infectés et les exploitations limitrophes. "L'État a entamé des discussions avec ses partenaires européens pour évoquer la disponibilité et le rachat des vaccins" dont ils disposent, précise Agnès Chavanon, secrétaire générale de la préfecture des Hautes-Alpes.
Plus de 100 foyers de contamination depuis 1999
Provoquée par la bactérie "bacillus anthracis", la maladie cause une mort foudroyante chez les bovins, souvent en moins de 24 heures. L'animal présente notamment un gonflement abdominal et des hémorragies au niveau des orifices naturels. La maladie est rare mais non exceptionnelle. Depuis 1999, plus d'une centaine de foyers ont été enregistrés en France, de 0 à 10 par an en moyenne, davantage durant les étés chauds qui suivent des périodes de pluies abondantes.
En 2008, 23 foyers avaient été enregistrés, dont 21 dans le Doubs, et 21 l'année suivante, dont 17 en Savoie. Le dernier cas connu dans les Hautes-Alpes remontait à 1992.
Transmission "extrêmement rare" à l'Homme
Également appelée charbon, en raison des escarres noirâtres qu'elle provoque, cette zoonose (maladie animale transmissible à l'homme) est connue de longue date. Les cas de transmission à l'être humain sont toutefois "extrêmement rares et aucun malade n'a été observé à ce jour" dans les Hautes-Alpes, rassure le docteur Christine Ortmans, responsable du service de veille et sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé (ARS).
La contamination est principalement due au contact ou à l'ingestion d'animaux infectés.