Pour financer le Lyon-Turin, Michel Destot et Michel Bouvard préconisent de faire payer les poids lourds

Ironie du sort, c'est alors que le tunnel du Fréjus était fermé à la suite d'un incident, que deux députés des Alpes ont remis leur rapport sur le financement d'un nouvel axe transalpin: la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Ils préconisent un surpéage de 10 à 15% pour les poids lourds. 

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Le tunnel du Fréjus a été fermé pendant quatre heures, ce lundi 13 juillet. Un conducteur de poids lourd a perdu le contrôle de son véhicule sur l'axe transalpin, emportant tout sur son passage. L'histoire ne dit pas si c'est en apprenant la possible augmentation des péages pour les camions, qu'il a été victime d'une avarie. 

En tout cas, dans le même temps, le sénateur savoyard Les Républicains Michel Bouvard et le député PS de l'Isère Michel Destot, remettait leur rapport au Premier ministre Manuel Valls. Ils devaient réfléchir au financement de la part française du Lyon-Turin: 2,06 milliards d'euros. 

Leur solution: taxer les poids lourds. Le surpéage, conformes à la directive européenne "eurovignette", permettrait de dégager 40 millions d'euros supplémentaires de recettes nettes par an. 

Dans leur rapport, les parlementaires soulignent que l'UE autorise une majoration allant jusqu'à 25% pour les péages d'autoroutes situées en zone montagneuse, à condition que les recettes soient "investies dans des tronçons transfrontaliers de projets prioritaires d'intérêt européen comprenant des infrastructures situées dans des régions montagneuses", ce qui est bien le cas de la LGV Lyon-Turin.

Toutefois, les parlementaires ont dit écarter l'idée d'une augmentation d'un quart et préféré privilégier l'hypothèse de deux taux: +10% sur les autoroutes des Alpes du Nord et +15% sur les autoroutes des Alpes du Sud, notamment la liaison côtière entre Aix-en-Provence et la frontière italienne, "pour tenir compte de niveaux de péages moins élevés dans ce secteur".

Mais le Sénateur Michel Bouvard n'aime que l'on parle de taxe et préfère dire qu'il s'agit "du financement d'un investissement au travers d'une recette" (!)

Interview

 

Pour éviter un choc tarifaire, MM. Bouvard et Destot suggèrent d'introduire ces majorations de manière progressive, "par exemple sur cinq ans à raison de +2% ou +3% par an, soit une hausse de moins de deux euros par an sur les trajets les plus longs". Ils estiment que ce surpéage pourrait être maintenu "jusqu'à 50 ans après l'ouverture du tunnel de base", soit théoriquement à la fin des années 2070.

Une autoroute ferroviaire

Le 24 février, 14 ans après l'accord initial, le président français François Hollande a annoncé le lancement des travaux de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin à partir de 2016. Cette "autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic de voyageurs, devrait entrer en service en 2028-2029.

Le rapport Bouvard-Destot rappelle que les 8,17 milliards d'euros (en valeur 2012) "nécessaires pour la construction du tunnel de base seront apportés au taux maximum de 40% par l'Europe". Le reste se partage entre l'Italie (57,9%) et la France (42,1%), soit 2,06 milliards d'euros côté français, "échelonnés sur les 12 ans de construction de l'ouvrage". 
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports applaudit
Dans un communiqué, la FNAUT se dit favorable au financement du projet de tunnel interfrontalier par l'eurovignette. Elle souhaite son extension au financement de l'ensemble du projet Lyon-Turin et au contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL).

Pour les représentants des usagers des transports, "le projet Lyon-Turin est un investissement structurant d'aménagement du territoire européen, susceptible de provoquer un rééquilibrage entre Europe du nord et Europe latine. C'est un outil indispensable de report du trafic routier de fret à longue distance sur le rail. Il permettra de réduire la pollution de l’air dans les vallées alpines (où il y a urgence sanitaire et où le tourisme est menacé) ainsi que sur la Côte d'Azur et sur leurs itinéraires d’accès, devenus des couloirs à camions, et de limiter la consommation de pétrole et les émissions de gaz à effet de serre."

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