Vendredi après-midi à l'hôtel de ville de Chambéry, l'ambassadrice d'Italie en France est venue elle-même remettre l'insigne de "Cavaliere della Stella d'Italia" à l'historien auteur de dizaines d'ouvrages sur les liens tout particuliers qui unissent depuis toujours la Savoie à l'Italie.

Teresa Castaldo, l'ambassadrice d'Italie en France, elle-même s'était déplacée pour l'occasion. Un honneur qui n'est pas passé inaperçu. Ni aux yeux de Thierry Repentin, le maire, ni à ceux des personnes présentes, vendredi après-midi, dans le salon d'honneur de la mairie de Chambéry

Il s'agissait pour la représentante du Président italien, Sergio Mattarella, d'accrocher au revers de la veste de l'historien savoyard, françois Forray, l'équivalent transalpin de la "Légion d'Honneur" française. En l'occurence, l'insigne de Chevalier de l'Ordre de l'Etoile d'Italie, (Cavaliere dell'Ordine della Stella d'Italia). L'une des plus hautes reconnaissances civile chez nos voisins.

Savoyard sans une goutte de sang italien

Une belle reconnaissance pour une vie de professeur d'histoire d'abord, mais aussi d'inlassable chercheur de "morceaux d'histoires partagées" entre la France et l'Italie: mais surtout entre la Savoie et le Piémont. 

Car, même lorsque l'on a pas une "once" de sang italien qui coule dans ses veines, on a toutes les raisons pour être passionné d' un pays, voisin d'à côté, lié à la Savoie pendant six siècles. Une Italie, amie, dont les ressortissants ont, qui plus est,  débarqué en nombre dans la Chambéry de l'entre deux-guerres.  

"J'ai commencé à aimer l'Italie en me rendant à l'école, gamin dans les années 50. Je devais traverser le faubourg Montmélian: le quartier dit "italien" de la ville à l'époque...les voix, les intonations que j'entendais sortir des maisons à mon passage, m'ont donné l'envie d'apprendre cette langue".

Une révélation déjà bien enracinée en lui, lorsqu'un ou deux Noël plus tard, il demande comme cadeau à ses parents un guide touristique et historique de l'Italie...Il en fera bon usage plus tard!

1957 témoin du jumelage Chambéry-Turin

  Dans ses années de jeunesse, l'Italie, c'est aussi, pour le futur historien, l'apprentissage de la différence. Par ce copain d'école, fraichement arrivé de Vénétie, laissé de côté par le reste de la classe et dont François fait l'un des piliers de son équipe de football. 

La différence, source de richesse également lorsqu'elle se transforme en échanges. C'est ce qu'il découvre à l'occasion de l'un de ses premiers voyages dans le Piémont. En sortie scolaire à Turin, François emboîte le pas, sans forcément en être bien conscient, des promoteurs du jumelage entre les deux capitales historiques de l'ex royaume de Piémont-Sardaigne: Chambéry et Turin.

"Ce jumelage dont on a fêté les 60 ans en 2017 a débouché sur d'inombrables collaborations au niveau culturel notamment", se félicite l'historien. "Jusqu'à la pandémie, c'était chez nous là-bas, dans le Piémont. On pouvait s'y rendre très facilement".

"L'Europe: une chance pour les régions frontalières"

Et ni l'historien, ni le chercheur, ni même le journaliste à l'hebdomadaire chambérien "La vie nouvelle", ne s'en est privé. Dans le Piémont, bien sûr. A Turin, François Forray a ses quartiers au CIRVI (le Centre inter universitaire de recherche sur le voyage en Italie) où il affine ses recherches sur les fonctions du voyage dans l'évolution des sociétés humaines; ou encore l' "archivio di Stato" (les archives de l'Etat de Piémont Sardaigne) où est encore présent une grande partie des six siècles de documents conservés du passé "piémontais"  de la Savoie. 

Le Piémont, donc, mais aussi la Sardaigne, la Calabre, la Sicile...François Forray ne boude pas non plus son plaisir à descendre plus au sud. Pour son plaisir. Car côté travail, l'ancien professeur d'histoire devenu journaliste, a cherché à concrétiser dans l'information sa vision d'une Europe, "véritable chance pour les régions frontalières". 

"Même si cela n'a pas été rappelé lors de la cérémonie, je ne suis pas peu fier d'avoir réussi à créer, grâce à des fonds européens, un vrai échange d'information entre la Savoie et ses voisins du Piémont et de la Vallée d'Aoste. C'est par des petits pas comme ceux-là que l'on peut vraiment faire avancer l'Europe".

Dans les années 2000, l'hebdomadaire la "Vie Nouvelle" collabore ainsi avec deux homologues piémontais (la Valsusa), et de la vallée d'Aoste (il Corriere valdostano). Dans les colonnes de chacun des journaux, des nouvelles, des regards croisés sur des thèmes communs aux régions alpines.

"L'échange entre deux régions frontalières, il doit passer par tout ce qui fait la vie des gens", explique le "Cavaliere" Forray, en guise de conclusion. "C'est comme l'apprentissage d'une langue étrangère: il doit être interdisciplinaire"!

Faute de quoi, l'ouverture à l'autre n'atteint pas son but: qui reste, toujours au final, de s'enrichir des différences de son voisin. 

 

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