Le Savoyard Alexis Pinturault débute sa saison dimanche à Sölden. Favori au titre suprême, il anticipe une saison prometteuse bien que perturbée par la crise sanitaire.
"Ce qui me reste de la saison dernière, c'est que je suis l'athlète qui sort avec le plus de victoires." Alexis Pinturault garde un goût amer de l'hiver dernier. Frustré par sa 2e place, le Savoyard s'apprête à débuter sa saison dimanche 18 octobre à Sölden. Il fait figure de favori au titre suprême, mais reste prudent face aux bouleversements liés à la crise du Covid-19.La pandémie l'avait déjà empêché de défendre ses chances jusqu'au bout avec l'annulation des six dernières courses de l'hiver en mars dernier, le faisant échouer à 54 points du surprenant Norvégien Aleksander Aamodt Kilde. "Ca reste pour moi un excellent hiver au cours duquel j'ai appris beaucoup de chose, d'être sans cesse à la course au gros globe, soit leader soit dauphin", estime-t-il.
Malgré une saison probante, Alexis Pinturault pouvait surtout regretter un mauvais enchaînement en slalom. Une discipline où il a retrouvé un excellent niveau, avec trois sorties de piste au coeur de l'hiver en 2e manche alors qu'il jouait à chaque fois le podium. "Il faut que je garde dans un coin de ma tête que, quand je le peux, avec des conditions et un ski qui me correspondent, je dois enfoncer le clou. Quand je maîtriserai moins, tant pis, il faudra passer outre, mais il faut savoir taper fort au moment opportun", juge le skieur de Courchevel.
Successeur de Luc Alphand ?
Ce sera donc de nouveau tout pour l'attaque, dans son style qui lui a permis de bâtir l'un des plus beaux palmarès du ski français. Pinturault détient le record de victoires en Coupe du monde au nombre de 29, faisant de lui le successeur désigné de Luc Alphand, dernier tricolore à avoir remporté le gros globe de cristal en 1997.
Et avec la retraite à l'été 2019 de l'ogre Marcel Hirscher, octuple vainqueur du général, les planètes semblent alignées pour le Français de 29 ans, déjà 2e en 2019 derrière l'Autrichien. "Avec Hirscher, la situation n'était pas la même, corrige-t-il. On était sur les mêmes disciplines, quand je marquais il marquait, on n'avait pas ces changements de leader réguliers (comme l'hiver dernier). Il prenait l'avantage au début de saison et il le gardait. Même deuxième, je ne me positionnais pas comme le prétendant qui voulait prendre sa place."
La menace sanitaire
Un autre ennemi, invisible, peut lui jouer des tours cette saison. Le Covid-19 a poussé la Fédération internationale de ski (FIS) à modifier son calendrier avec un impact majeur pour le Français : la suppression du combiné. Il cumule 15 podiums dont 10 victoires en 21 départs sur "sa" course. "Certes, mais sans le combiné j'aurai moins d'entraînement en descente, ça va me ménager du temps pour me reposer ou mieux me préparer", nuance-t-il.
Alexis Pinturault pourra également aborder sereinement les Mondiaux de Cortina d'Ampezzo en Italie, du 8 au 21 février. Car le savoyard s'est libéré de toute pression en devenant champion du monde pour la première fois à Are (Suède) en 2019 sur le combiné. Alors qu'il a été atteint par le coronavirus au printemps, sa crainte principale reste d'être mis hors course par le protocole sanitaire.
"Le plus anxiogène pour moi, ça va être si je suis cas contact, en quarantaine. Si je ne peux pas proposer de test PCR négatif avant le week-end, je vais être mis sur la touche et mes chances de gagner un classement quelconque vont s'envoler en même temps", redoute-t-il. "J'ai encore énormément d'anticorps mais malgré cela, je dois me plier aux tests PCR et à une chance relativement élevée d'avoir un test défectueux (un faux positif), qui augmente avec les anciens positifs."
Déjà vainqueur l'an dernier du géant d'ouverture de Sölden, à lui de mettre la pression dès dimanche sur ses principaux adversaires : les Norvégiens Aleksander Aamodt Kilde et Henrik Kristoffersen.