JO d'hiver 2030 : Val d'Isère "entre colère et incompréhension" après son retrait de la candidature des Alpes

Mecque du ski alpin, la station de Val d'Isère risque d'être écartée du projet des Alpes françaises pour les JO-2030. Le CIO avance des arguments logistiques tandis que la station compte se battre pour défendre son héritage.

Val d'Isère digère mal son éviction des sites proposés dans le projet des Alpes françaises pour les Jeux olympiques d'hiver 2030. La station savoyarde, renommée pour ses pistes mythiques, s'est réveillée abasourdie. "C'est comme une tartiflette sans lardons, comme Paris sans la Tour Eiffel", enrage le maire, Patrick Martin. "La face de Bellevarde, avec son histoire - les Jeux olympiques de 1992, les Championnats du monde de 2009 - c'est mythique."

En visite à La Plagne samedi 9 décembre, Laurent Wauquiez affirme que Val d'Isère figure toujours dans le dossier porté par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Sud. Mais le Comité international olympique (CIO), qui a retenu uniquement la candidature française pour la phase de "dialogue ciblé", a demandé un regroupement des sites, faisant ainsi redouter une impasse sur Val d'Isère et Isola 2000.

"Si le CIO nous donne le feu vert, je souhaite qu'on garde Val d'Isère. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais si le CIO nous dit qu'on n'aura pas les Jeux olympiques si on garde Val d'Isère et Isola, on sera forcément amené à faire des choix. (...) On réfléchirait ensemble comment amener des compensations", déclare le président (LR) d'Auvergne-Rhône-Alpes. "Rien n'est bouclé, rien n'est jamais définitif", abonde le président de la région Sud, Renaud Muselier.

"C'est pratiquement notre religion"

La face de Bellevarde, les JO-1992, la piste Oreiller-Killy, qui porte le nom de deux enfants du pays devenus légendes de leur sport... Val d'Isère, mecque du ski alpin, compte encore défendre son héritage et son savoir-faire. La mobilisation s'étend à l'ensemble du village, y compris chez les commerçants, surtout quand il s'agit de la famille du champion olympique Jean-Claude Killy - lui-même "attristé et scandalisé" par le retrait de la station.

"Tous les acteurs, les citoyens de Val d'Isère mais aussi notre clientèle, sont partagés entre colère et incompréhension, constate le neveu du champion olympique, Dimitry Killy, également slalomeur en équipe de France. Nous avons eu ces Jeux olympiques par le passé, nous avons la capacité de les accueillir, nous vivons de ces Jeux olympiques puisque c'est pratiquement notre religion. Pendant les Coupes du monde ou les JO, on est tous là pour suivre les événements."

Né dans les Vosges mais licencié à Val d'Isère, le champion olympique de slalom 2022 Clément Noël, très attaché à la station, se sent lui aussi attristé. "J'espère que c'est temporaire et discutable parce que, pour moi, (...) c'est vraiment la station historique qui a un passé et une crédibilité pour organiser ce genre d'événement. Ca serait dommage de passer à côté parce que la mobilisation du village serait, à mon avis, énorme", craint le skieur.

Une question logistique

Pour le CIO, qui envisage de regrouper toutes les épreuves de ski alpin dans les stations voisines de Courchevel et Méribel, les enjeux sont d'abord logistiques. "Chaque fois qu'on arrive à regrouper les activités en pôles, on peut mutualiser les moyens avec trois objectifs : la simplicité opérationnelle, la baisse des coûts, l'expérience des athlètes", avait justifié lundi à l'AFP Christophe Dubi, directeur exécutif des JO au CIO.

"Ce n'est certainement pas à nous de faire le choix des sites et si les futurs organisateurs nous disent 'C'est ce dispositif-là et pas un autre', on ne va pas s'y opposer", avait-il toutefois ajouté. La station veut donc encore y croire, bien que le bras de fer semble mal engagé. "Laurent Wauquiez m'a dit qu'il y avait 90 % de chance [que Val d'Isère soit écartée, NDLR]. Je vais continuer à me battre", assure le maire.

Alors que se tient le 68e Critérium de la première neige ces samedi et dimanche, traditionnelle étape française de Coupe du monde de ski alpin, la station compte bien se rappeler au bon souvenir de l'olympisme. Des petits brassards rouges estampillés "JOVal2030" ont été distribués aux spectateurs en guise de protestation.

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