A l'heure de la suppression des quotas laitiers, les éleveurs ont crié leur colère en Rhône-Alpes, ce mardi 31 mars. Dès le 1er avril, plus aucune régularisation ne viendra organiser le marché laitier européen. Dans les exploitations, on cherche des solutions. Exemple en Savoie chez Marc Gazzola.
C'était une journée de mobilisation nationale. Sur tout le territoire, les éleveurs ont symboliquement allumé des feux de détresse pour dire leur angoisse et leur sentiment "d'avoir été abandonnés. A Vienne, en Isère, ils étaient une cinquantaine devant l'entrée des laiteries Sodiaal. Les éleveurs redoutent l'arrêt d'un dispositif qui garantissait une stabilité des prix et craignent la concurrence des structures industrielles.
Cette journée marque en effet un tournant historique pour des milliers de producteurs de lait. Les quotas, qui avaient été instaurés en 1984 par la Politique Agricole Commune (PAC), vont être supprimés. Les éleveurs redoutent à présent de se "retrouver du jour au lendemain face au fonctionnement impitoyable du marché mondial" et menacent de durcir le mouvement, même s'ils savent qu'il est tout à fait improbable de revenir sur cette décision communautaire prise en 2008, comme l'a souligné ce mardi le ministre de l'Agriculture. "En tant que député européen, j'avais voté contre la fin des quotas en 2008", a déclaré Stéphane Le Foll.
Trois tentatives de faire rouvrir le débat à Bruxelles, depuis son arrivée au ministère, en 2012, 2013 et de nouveau fin 2014, sont restées vaines. "Clairement, il n'y a pas de majorité en Europe pour revenir sur la fin des quotas", a-t-il confirmé.
Les petites exploitations pénalisées
En Savoie, Marc Gazzola avait depuis longtemps anticipé la crise. Dans son exploitation du Beaufortain, il s'est déjà diversifié et fabrique des produits laitiers, yaourts ou fromages en vente directe, "seule possibilité de valoriser le litre de lait", explique-t-il, "et tout simplement de vivre à peu près de son métier". Alors qu'ils étaient des dizaines dans son secteur il y a encore 30 ans, il est désormais le seul à avoir pu pérenniser sa ferme.Reportage de Jérôme Ducrot & Frédéric Pasquette