L'avalanche qui a emporté cinq légionnaires à Valfréjus, porte à 12 le nombre de tués dans les Alpes depuis début janvier. Une série noire qui s'explique en partie par la météo mais aussi par l'imprudence des militaires qui avançaient dans un secteur dangeureux, selon le directeur de l'ANENA.
Interview. Les spécialistes ne cessent de le répéter, l'instabilité du manteau neigeux est la conséquence d'un automne très doux."La neige est tombée fin novembre sur un sol chaud puis a subi des métamorphoses. Les grains de neige de la sous-couche sont sans cohésion: c'est du gros sel, quelque chose qui n'adhère ni au sol ni à la neige qui lui tombe dessus", explique Dominique Létang, directeur de l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches.
"Cette sous-couche, si l'on met un poids dessus, ça ne demande qu'à partir", complète le spécialiste dont l'association avait lancé un appel à la vigilance trois jours avant le drame de Valfréjus, survenu alors que le risque d'avalanche était de trois ("marqué") sur une échelle de cinq dans le massif des Cerces.
Dominique Létang encore une fois s'interroge: "Le ski hors-piste n'est pas interdit mais on ne cesse de répéter qu'en hors-piste, a fortiori dans ces conditions météo risquées, il ne faut surtout pas s'aventurer tous ensemble, mais un par un. Le secteur dans lequel les militaires évoluaient est raide, une pente de près de 35 degrés, et était dangereux. Il faut faire preuve de bon sens. (...) On est interpellé par le nombre d'emportés. Les gens doivent respecter une grande distance de sécurité quand il y a une instabilité du manteau neigeux. L'avalanche, on ne l'évitera pas mais il n'y aura qu'un seul emporté et non 13", commente le directeur de l'Anena.
Extrait du 12/13 - France 3 Alpes
Dominique Létang. Directeur de l'ANENA
L'avalanche qui a emporté 13 skieurs sur un groupe d'une cinquantaine de militaires du 2e régiment étranger de génie de Saint-Christol (Vaucluse) mesurait, selon un officier de la CRS Alpes, "400 mètres de large sur 250 mètres de dénivelé. La cassure, au point de déclenchement de la coulée, est d'1,80 mètre".
Une enquête a été ouverte et un expert en nivologie désigné.
Les Alpes sont-elles plus dangereuses cet hiver?
L'avalanche de Valfréjus porte à 12 le nombre de tués depuis le 1er janvier, moins d'une semaine après celle des Deux- Alpes en Isère où deux lycéens lyonnais et un touriste ukrainien sont morts.A pareille époque l'an dernier, sept personnes avaient trouvé la mort sur les sommets alpins depuis le début de saison. Mais dès le 24 janvier 2015, la liste s'allongeait avec le décès de six skieurs aguerris du Club alpin français dans une avalanche à Ceillac, dans le massif du Queyras (Hautes-Alpes).
L'hiver 2014/2015 avait été particulièrement meurtrier puisque 45 personnes étaient décédées contre 20 lors de la précédente saison. Selon un recensement de l'Anena entre 1971 et 2011, le nombre d'accidents d'avalanches mortels s'élève en moyenne à 21, pour 30 décès par an: sur la période, "la fréquentation des espaces enneigés non sécurisés a explosé. Mais le nombre d'accidents mortels et de décès n'a pas suivi la même tendance", souligne Dominique Létang.