La ministre française des Transports Elisabeth Borne a annoncé lundi le lancement des études pour la réalisation des accès français au futur tunnel franco-italien du Lyon-Turin, pomme de discorde au sein du gouvernement italien.
"Cette décision ministérielle est une étape importante dans la préparation de la France à la réalisation du nouvel itinéraire international entre Lyon et Turin", a relevé le ministère des Transports dans un communiqué.
SNCF réseau a concrètement été chargé de programmer la construction des accès entre l'aéroport de Lyon et l'entrée du tunnel à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), et d'en programmer un phasage. Deux lignes nouvelles ont notamment été déclarées d'utilité publique en 2013 : une ligne mixte voyageurs/fret de 78 km de Lyon à Chambéry et un itinéraire fret de 62 km, essentiellement souterrain, entre Avressieux (Savoie) et Saint-Jean-de-Maurienne.
SNCF Réseau doit aussi préparer un "schéma directeur" d'amélioration de la ligne classique Dijon-Modane, sur laquelle devrait être envoyée une bonne partie du trafic de marchandises en attendant la lointaine réalisation des lignes nouvelles depuis Lyon.
Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI), qui a inspiré la programmation du gouvernement, avait préconisé de repousser aux calendes grecques une réalisation des lignes nouvelles - estimées à 7,7 milliards d'euros (valeur 2011) -, au profit de la modernisation de Dijon-Modane pour 700 millions d'euros.
Elisabeth Borne sort donc du formol les lignes nouvelles. Mais, rappelant "la priorité donnée à l'amélioration des transports du quotidien", elle souligne que "ces accès comme tous les grands projets doivent s'inscrire dans une démarche de réalisation progressive en commençant par les optimisations nécessaires du réseau existant avant la réalisation de lignes nouvelles".
Un comité de pilotage va être mis en place, sous l'autorité du préfet de région d'Auvergne-Rhône-Alpes et en association avec les collectivités locales concernées, pour suivre ces études et "rechercher toutes les pistes d'optimisation des coûts et des phasages afin de garantir la soutenabilité financière du programme", selon le communiqué.
Un premier point d'étape sur ce programme d'études et son calendrier de réalisation est attendu à l'été 2019.
Le Lyon-Turin - un ouvrage de 57,5 km estimé à 8,6 milliards d'euros - alimente depuis des mois les polémiques au sein du gouvernement italien formé par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, qui y est favorable, et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, qui le considère comme un gaspillage d'argent public.
L'Italie souhaite aussi revoir la répartition du financement du tunnel, Rome étant censé payer plus que Paris au motif que la France doit financer des accès plus coûteux de son côté.