Le tribunal administratif de Grenoble a rejeté ce vendredi soir la requête des opposants à la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Ils demandaient la suspension de l'arrêté du préfet de Savoie interdisant la manifestation prévue ce week-end dans la vallée de la Maurienne.
La décision du tribunal administratif de Grenoble était très attendue. Elle est tombée ce vendredi 16 juin en début de soirée. La manifestation des opposants au chantier de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, prévue à partir de 10 heures ce samedi matin et tout le week-end dans la vallée de la Maurienne, reste interdite.
La justice a en effet rejeté la demande de suspension de l'interdiction de manifester prise par la préfecture de la Savoie jeudi 15 juin. Le préfet François Ravier avait en effet indiqué craindre des "débordements" lors de cette manifestation lors de laquelle au moins 3000 manifestants sont attendus selon la préfecture : "On nous a signalé la présence d'éléments radicaux, entre 300 et 500", a indiqué François Ravier citant des évaluations du ministère de l'Intérieur. "Considérant la volonté affichée par certains de mettre fin aux travaux, nous craignons des intrusions et des dégradations sur les chantiers", avait-il souligné lors d'une conférence de presse organisée jeudi en fin d'après-midi.
EELV, Attac Savoie et l'association locale "Vivre en Maurienne" - rejoints ensuite par la France Insoumise et la Ligue des droits de l'Homme - avaient aussitôt déposer des recours devant le tribunal administratif pour suspendre cette interdiction au motif qu'elle portait "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir ainsi qu’à la liberté (...) de manifester, d’expression collective des idées et des opinions."
L'avocat Arié Alimi, représentant certains des organisateurs de la manifestation, a estimé sur franceinfo que l'interdiction de la manifestation était "irresponsable, dangereuse, indaptée, disproportionnée."
Risques de "confrontation" et "d'intrusion sur la chantier"
Cette requête a donc été rejetée par le tribunal administratif de Grenoble qui estime que "la configuration du parcours qui comporte des difficultés pour la circulation de véhicules
de secours et de sécurité, ne garantit pas (...) la sécurité suffisante d’un cortège dont le nombre peut être évalué à 3000 personnes." Par ailleurs, la juge des référés Dominique Jourdan note que le "parcours n’ôte pas le risque d’intrusion des sites particulièrement sensibles, susceptibles de faire l’objet d’atteintes".
Enfin, selon elle, "l’interdiction s’inscrit dans un contexte particulier où des mouvements radicaux ne sont pas à exclure", et "l’éventuelle présence de 400 manifestants radicaux dont le comportement est de nature à compromettre le caractère pacifique de la manifestation et à créer un risque de confrontation avec les sympathisants du projet".
En conclusion et au regard de l'ensemble de ces éléments, la juge des référés considère que "l’arrêté en cause porte à la liberté de manifester une atteinte qui n’est pas manifestement illégale."
Appel à manifester maintenu, malgré l'interdiction
Sur le camp de base des opposants, installés depuis ce vendredi matin sur un terrain d'environ 4000 m2 à La Chapelle en Savoie, cette décision du tribunal administratif était très attendue. Mais au final, elle n'a semble-t-il rien changé.
Quelle que soit la décision de la justice, "on ne va bien évidemment pas respecter cette interdiction puisque manifester est un droit. On a besoin de faire entendre ce qui se passe ici", nous confiait ce vendredi après-midi la porte-parole des Soulèvements de la Terre, avant même l'audience devant le tribunal administratif.
Cette manifestation interdite risque donc finalement de prendre la forme d'un rassemblement sauvage. Mais en suivant quel parcours ? La question reste en suspens ce vendredi soir : "Tout a été chamboulé avec cette interdiction. La manifestation ne va pas pouvoir se dérouler selon ce qui était prévu, des ajustements sont en cours de réflexion", expliquent sans plus de détails les organisateurs.