Mardi 12 novembre, des personnalités françaises et italiennes sont venues saluer le lancement d'une nouvelle phase spectaculaire des travaux du Lyon-Turin: le percement au tunnelier d'une galerie entre Italie et France. L'opération avait été organisée sous le sceau de la confidentialité.
Le tunnelier, une énorme fraiseuse de plus de six mètres de diamètre, est entré en action à Chiomonte pour percer une galerie de reconnaissance du futur TGV Lyon-Turin.
"Nous sommes entrés dans la phase opérationnelle du percement, le projet est plus que jamais irréversible", a commenté le maire de Turin Piero Fassino, en rappelant que les parlements italien et français étaient en train d'entériner le projet, avant un sommet franco-italien le 20 novembre à Rome.
Les 200 premiers mètres de cette galerie de la Maddalena ont été creusés avec des méthodes traditionnelles (excavateurs et marteaux pneumatiques). Avec le tunnelier, énorme engin de 240 mètres de long et 6,30 m de diamètre, le percement de la roche va se poursuivre à raison de 7 à 10 mètres par jour sur les 7300 mètres restants. Cette galerie permettra l'accès au chantier du tunnel proprement dit. Une fois ce dernier réalisé, elle servira pour la ventilation, l'entretien et comme issue de sécurité. Le percement du tunnel d'une longueur de 57km, doit démarrer en 2014, côté français.
Reportage Fabrice Liégard, Nathalie Rapuc et Philippe Caillat
Selon ses promoteurs, cette "autoroute ferroviaire", projet stratégique pour le réseau européen, doit permettre de débarrasser les routes d'un million de camions par an et éviter l'émission de trois millions de tonnes de CO2 par an. La future ligne à grande vitesse mettra aussi Paris à quatre heures de Milan, contre sept actuellement.
Un projet contesté
Lancé en 2001, le projet a pris du retard et sa mise en service est désormais prévue en 2025-2026. Son coût total est estimé à 26 milliards d'euros, dont 8,5 milliards pour la partie transfrontalière.
L'Europe doit financer 40% de cette partie, soit 3,4 milliards, le reste étant pris en charge par l'Italie (2,9 milliards) et la France (2,2). Jugé trop coûteux et inutile par ses détracteurs, ce projet a été la cible de nombreuses attaques, avec des manifestations parfois violentes côté italien.
Selon Mario Virano, responsable du projet côté italien, le mouvement d'opposition "a perdu ses liens avec la population locale", d'autant que la ligne est censée créer un millier d'emplois directs et le double d'emplois induits dans la région.
De son côté, le mouvement "no-tav" (Non au train à grande vitesse) a annoncé une manifestation de protestation samedi à Suse et une autre pendant le sommet franco-italien à Rome, afin d'"assiéger cette petite partie du pays qui endette des millions d'Italiens".