La réouverture de la route du col du Petit-Saint-Bernard est officielle depuis ce vendredi matin. Fidèle à la tradition, elle a donné lieu à une fête des retrouvailles entre Français et Italiens vivant de chaque côté de ce col mythique des Alpes. L'heure de mettre en œuvre les coopérations élaborées pendant l'hiver.

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"La réouverture du col, c'est l'heure de la rencontre entre deux peuples frères qui se retrouvent". Le maire de la Thuile, la commune italienne que l'on rencontre en descendant du col, n'y va jamais par quatre chemins pour parler de son plaisir à voir rouvrir chaque année le Petit-Saint-Bernard. Le seul qui vaille la peine pour lui comme pour ses 793 habitants.

"Cela faisait deux ans qu'à cause du Covid, on n'avait pas pu se retrouver avec mon homologue Savoyard de Séez. Alors, c'était d'autant plus beau cette année", explique encore Mathieu Martinet Ferraris.

Pas de col en hiver, mais les pistes de ski d'un domaine commun

Surtout qu'en deux ans, les élections aidant, le maire de Séez a changé. Mais tout le monde était au courant, côté italien. Nous ne sommes plus au temps où le col fermé en hiver empêchait presque tout contact entre les deux communautés. 

"Les relations entre les deux communes ont été intenses pendant tout l'hiver", explique pour sa part Elodie Mercier, la responsable communication de la mairie de Séez. "Je peux même vous dire que j'ai moi-même pris mes skis un certain nombre de fois pour aller voir mes collègues de la Thuile et discuter de notre dernier programme européen Alcotra."

C'est que les communes situées sur une frontière entre deux Etats de l'UE ont l'avantage de bénéficier d'aides spécifiques visant à faciliter leurs échanges. Les stations de ski de la Rosière (Savoie) et la Thuile (vallée d'Aoste) ne s'en sont pas privées en créant, par exemple, au début des années 1990, l'un des premiers Groupement européen d'intérêt économique (GEIE) dans le monde du ski.

Cette fois-ci, il s'agit d'un programme de mobilité à plusieurs étages. Quelque 800 000 euros financés à hauteur de 85 % par l'Europe pour créer de nouvelles liaisons transfrontalières dans l'espace San Bernardo - du nom de la station de ski transfrontalière créée par la Thuile et la Rosière.

Une voie romaine entre Milan et Lyon remise sur pieds

Maintenant que la route du col est rouverte, c'est grâce au travail de l'hiver entre les deux communes que les grands chantiers prévus vont pouvoir commencer. Objectif, créer des itinéraires pédestres ou de ski de randonnée. De même pour les VTT et les vélos électriques. Sans oublier la vocation historique de cette voie de passage du col à travers les âges. 

"Il ne faut pas oublier que le nom de Séez, vient du latin Sextum. Dans l'antiquité romaine, la sixième borne milliaire de la voie entre Milan et Lyon avait été posée juste au-dessus du village", ajoute Elodie Mercier. 

Il s'agira donc de faire revivre cette voie antique. "Pas seulement en la signalant et en la balisant, mais en mettant en place des outils pédagogiques et ludiques qui permettent aux randonneurs de découvrir son histoire commune avec le col", complète-t-elle. Des statues de personnages du passé ou même actuels de la vie autour du petit Saint-Bernard devraient ainsi être installées tout le long de l'antique voie.

En route vers le pass'pitchü

Ce vendredi en tout cas, au bord de la route du col, s'il y en avait un qui savourait son plaisir, c'était bien Pino Vauterin. "A part ces deux dernières années sans fête, je ne me souviens pas avoir jamais manqué une montée au col le jour du passage du chasse-neige", avoue l'ancien maire de la Thuile et élu communal pendant 20 ans. "Il faut voir qu'avant la première liaison à ski entre les deux stations, la réouverture de la route, pour nous, c'était vraiment le retour à la vie"

Une réouverture très officielle, très médiatique aussi, qui sera suivie d'un autre rendez-vous de printemps immanquable pour Pino et les habitants des deux communes : le pass'pitchü. Une grande fête réunissant plusieurs centaines d'habitants et d'artisans venus de la Tarentaise et de la vallée d'Aoste. Le tout sur fond de musique et de danses folkloriques. Une autre façon de "passer le petit Saint-Bernard" - c'est la traduction de ce nom sorti du patois franco-provençal, commun aux vallées savoyardes et valdôtaines.

Cette année, elle aura lieu côté la Thuile, le 5 juin prochain. Le maire italien remettra symboliquement au maire français la clef de "la porte du petit Saint-Bernard". Il lui restituera l'an prochain, lorsque le "pass'pitchü" reviendra en France, comme un pacte des "portiers des Alpes" du XXIe siècle.

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