Quelques jours après la séquestration du président, du directeur et d'un agent du Parc de la Vanoise par des éleveurs de Savoie, une pluie de critiques s'abat. D'autant que l'épisode s'est terminé avec l'attribution de 6 tirs de loups par le préfet.
Lors de l'entrevue entre les éleveurs et le préfet, le représentant de l'Etat a fait comprendre que des poursuites seraient engagées contre les preneurs d'otages. Finalement, le préfet comptait surtout sur des dépôts de plaintes de la part des personnes séquestrées. Le directeur du Parc a fait le nécessaire en son nom et en celui du Parc.
En attendant des suites, des associations montent au créneau. Il y a d'abord eu les protecteurs du loup de l'association FERUS qui ont fait remarquer que les éleveurs ont obtenu "l'éradication du loup en Savoie avec des méthodes anti-démocratiques".
De son côté, Mountain Wilderness dit condamner "fermement ces agissements, et est forcé de noter que sur le loup comme sur d'autres sujets, certains syndicats agricoles sont dans le coup de force permanent". Et l'association de protection de la montagne se questionnant "sur l'absence de courage politique, de sens de l'Etat de "décideurs" qui cèdent devant une voie de fait inacceptable".
Mountain Wilderness considère que "le retour naturel des loups issus des populations italiennes dans tout l'arc alpin participe à la restauration de la biodiversité montagnarde. Sans nier pour autant les difficultés que cela crée tout particulièrement pour le pastoralisme (...) Toutefois, si avant ce coup de force il n'a pas été question de tir de destruction du loup en zone coeur du Parc, c'est peut-être aussi que ce territoire, largement au-dessus de 2.000m d'altitude, n'est pas l'habitat du loup. Il passe dans ces zones mais n'y reste pas. Son habitat sont les vallées et les forêts autour du coeur."
La Commission Internationale pour la Protection des Alpes s'indigne aussi des agissements des éleveurs. "Face à une prise d'otage inacceptable des représentants du Parc de la Vanoise, l'Etat répond par des mesures court-termistes et par la faiblesse. Le loup n'est dans les Alpes qu'un révélateur des difficultés que connaît la filière agricole dans l'ensemble de la France notamment celle de l’élevage. Il n'en n'est pas l’initiateur. Les mesures de court-terme, en réaction à l’actualité, ne sauront répondre à ces enjeux. C'est bien le modèle agricole qui est malade et doit être repensé pour faciliter la cohabitation des hommes et de la nature."Le loup n'est dans les Alpes qu'un révélateur"
Une "infraction grave"
Enfin, la section Vanoise du Syndicat National de l'Environnement (SNE-FSU) condamne aussi "ces pratiques inacceptables". Dans un communiqué, les syndicalistes écrivent: "la banalisation de tels agissements à l'encontre d'agents de la fonction publique en service, reviendrait à encourager une escalade de la violence susceptible de faire peser, à court terme, de réelles menaces sur l'intégrité physique des agents du Parc national de la Vanoise. Pour éviter cette dérive, il est essentiel que la puissance publique ne ferme pas les yeux sur des actes qui n'ont pas leur place dans un état de droit."Le SNE demande donc au Ministère Public de poursuivre en justice les auteurs de cette séquestration "qui constitue une infraction grave au code pénal et qui est passible de lourdes peines d'emprisonnement et d'amende."