Des salariés de FerroPem à la Léchère ont laissé exploser leur colère face, selon eux, au refus de négocier de leur direction sur le plan de sauvegarde de l'emploi. Plus de 200 emplois sont menacés. Les gendarmes sont intervenus sur les lieux.
Deux bâtiments mobiles et des engins de levage incendiés, plusieurs bureaux dégradés… La tension est montée d'un cran jeudi 17 mars à l'usine FerroPem de la Léchère, en Savoie. Le site fait l'objet d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) annoncé l'an dernier par le groupe Ferroglobe. Quelque 200 emplois sont menacés au sein de l'usine de Château-Feuillet.
Une réunion de négociation du PSE devait se tenir ce jeudi entre les syndicats et la direction. Mais cette dernière aurait refusé d'y participer, selon les syndicats, faisant intervenir les gendarmes sur les lieux pour évacuer les élus présents.
Ce refus évoqué par les syndicats a provoqué une flambée de colère sur le site avec du matériel incendié, les bureaux de la direction et des ressources humaines envahis et chahutés. Appelés sur place, les pompiers, constatant l'absence de danger, ne sont finalement pas intervenus.
"Sur 2021, l'entreprise a été bénéficiaire, rappelle Roger Roelandts, délégué du personnel sur le site de FerroPem à la Léchère. Avec 600 000 euros, on redémarre l'activité (à Château-Feuillet, ndlr). On produit à plus de 4 000 euros la tonne. C'est vraiment incompréhensible. Ils se plaignent qu'ils n'ont pas d'argent mais on a l'outil, les ouvriers pour. Et qu'est-ce qu'ils font ? Ils envoient la gendarmerie. C'est l'image que j'en retiens."
Les syndicats alertent sur la très grande nervosité sur le site. Un rapport émis par l'expert du comité social et économique (CSE) de FerroPem conteste le motif économique invoqué par le groupe pour fermer le site de Château-Feuillet.
Au quatrième trimestre 2021, le chiffre d'affaires mondial de la firme hispano-américaine Ferroglobe a bondi de 33 %. Son PDG Marco Levi a prévu une "accélération" de la croissance en 2022. Selon le cabinet mandaté par le CSE, le "redressement spectaculaire" de FerroPem rend "le motif économique de ce projet de restructuration contestable".
Deux réunions sont prévues la semaine prochaine entre les élus du personnel et la direction pour évoquer le PSE avant la fin des négociations le 1er avril. L'usine savoyarde est la dernière, en Europe, à produire du silico-calcium (CaSi), un ferro-alliage dont les importations chinoises sont soumises à une barrière antidumping européenne depuis octobre.